Chapitre 6

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Nouveau lundi, nouvelles séquences à tourner !

Je vais découvrir une plus grande partie du casting ainsi que des équipes techniques. Cette fois-ci, nous allons passer plusieurs semaines dans un grand entrepôt où des décors reproduisent des lieux qui auraient été difficiles à mettre en scène tels la devanture d'un restaurant qui se fait canarder par des mitraillettes, l'intérieur d'une maison en flammes, ou encore, quelques fonds verts pour mieux maîtriser le cadre.

Mais avant de me retrouver dans ce monde merveilleux où tout semble possible, dur retour à la réalité : je patiente à la gare, dans le froid, à trois mètres d'un pervers qui ne me lâche pas du regard.

Mon manteau, mon écharpe et mon pantalon ne suffisent pas à calmer ses ardeurs. Dans ces moments-là, j'aimerais pouvoir me téléporter au boulot. Ce serait pratique ! Ne pas avoir à croiser des relous et apparaître directement sur place.

Dès que le train s'arrête à quai, je cours vers un autre wagon pour semer l'individu. Noyée dans la foule, il ne peut pas me retrouver.

Je descends à Gare du Nord pour prendre ma correspondance. Dans les couloirs du métro, je tombe nez à nez avec un panneau publicitaire XXL sur lequel défile une affiche pour un parfum de grande marque. Le modèle en chemise-cravate n'est autre que Nathan T. Wellington : grand, musclé, barbe de trois jours, cheveux châtains et yeux noisette.

C'est vrai qu'il n'est pas mal, mais les hommes ne ressemblent pas à ça dans la vraie vie. Mieux vaut ne pas s'imposer des critères irréalistes, c'est déjà assez difficile de trouver la bonne personne.

J'arrive enfin devant la clôture et entre dans une vaste cour. Je me dirige vers le plus grand entrepôt, celui réservé aux décors imposants.

Toutes les équipes techniques sont regroupées autour d'un simulacre de pièce. Des cloisons en bois ont été recouvertes de faux béton sali pour recréer un effet huis clos et une ambiance glauque à souhait. Celle-ci représentera l'intérieur d'un bunker où les protagonistes se retrouvent piégés et doivent se défendre contre leurs ennemis qui les assaillent.

- Bonjour ! je souhaite à tout le monde.

- Aller, on se dépêche ! vocifère un homme que je n'ai jamais vu en se retournant.

Sachant que je suis en avance d'un quart d'heure, je ne vois pas pourquoi je devrais me presser. J'offre généreusement de mon temps, et de toute façon, le prochain train m'aurait fait arriver en retard.

Je vais récupérer mon outil de travail et retourne à l'entrée en attendant Enora.

- Coucou ! me fait signe l'actrice française avec un grand sourire.

- Salut !

- Tu vas bien ? Tiens, j'ai pris ça en venant, me dit-elle en me tendant un pain au chocolat qu'elle sort d'un sachet.

Je reste estomaquée. D'habitude, c'est plutôt nous qui apportons à manger à tout le monde. Puisqu'elle insiste gentiment, je le saisis.

- Merci beaucoup !

- Ça va être une longue journée, il faut de l'énergie pour tenir, dit-elle avant de mordre dans un pain aux raisins.

Je me tourne et l'accompagne jusqu'à sa loge. Agnès, la maquilleuse, et Paul, le coiffeur, sont fidèles au poste. Enora leur offre des viennoiseries à leur tour.

- T'es un amour ! s'extasie Agnès.

- I love it! répond Paul en humant l'odeur de la pâtisserie encore chaude.

Enora se défait de sa veste et la pose sur le portemanteau, puis elle prend place devant le miroir.

- Margot, t'es dans l'entrée ? entends-je dans mon casque.

- Non, j'arrive, réponds-je en appuyant sur le bouton.

Je retourne au point d'accueil, j'imagine que la star masculine ne va pas tarder. Un homme d'une quarantaine d'années apparaît, c'est un acteur secondaire que j'ai déjà vu dans plusieurs films et séries du nom de Grayson Cooper.

S'agirait-il de lui ? Il a peut-être réussi à décrocher son premier rôle principal. Ce qui est étrange, c'est qu'il me semble que le personnage de Klaus est plutôt dans la fin de vingtaine et non la quarantaine bien tassée.


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