Flirt avec une Star

Chapitre 5 - Part 3

Le jeune coiffeur anglais au style hipster des bois et la maquilleuse d'une quarantaine d'années à l'allure décontractée entrent en trombe pour préparer leurs ustensiles.

- Bonjour, Agnès ! On s'est déjà vues sur un défilé ! s'exclame Enora en se tournant vers la maquilleuse avec enthousiasme.

- Oui, bonjour ! rétorque la makeup artist prise au dépourvu, fortement étonnée que la comédienne se souvienne d'elle.

Je ne connais Enora qu'en tant qu'actrice, à travers ses films, je sais peu de choses sur sa vie privée. Pour être capable de se rappeler d'une maquilleuse qu'elle n'a croisée qu'une seule fois cinq ou six ans auparavant, elle semble très attentive aux autres.

Agnès lui applique le fond de teint spécial pour accrocher la lumière devant les caméras et le coiffeur réalise une coupe sophistiquée digne d'un cocktail haut de gamme. Le personnage de Rachel est censé revenir de la réception munie d'une clé USB qu'elle a réussi à dérober.

Pendant ce temps, je vais m'assurer que tout est prêt dans la suite d'à côté. L'équipe n'attend plus que la célèbre actrice entre en piste.

Sa mise en beauté touchant à sa fin, je vais chercher la costumière et son assistante pour qu'elles puissent l'aider à enfiler sa tenue ainsi que les accessoires assortis. Il s'agit d'une somptueuse robe de soirée couleur émeraude en trois parties : un bustier en dentelle, une longue jupe et une manche droite cousue à une ceinture pour un effet asymétrique. Des boucles d'oreilles pendantes en argent et un regard smoky métallisé complètent son look d'héroïne sombre et déterminée.

- Tu es parfaite ! s'exclame la costumière.

Et elle a raison. Lorsqu'on la voit, c'est d'une évidence. Enora s'est déjà glissée dans la peau de son personnage, sa démarche et ses attitudes ont subitement changé. Elle se montre d'un professionnalisme à toute épreuve.

Que les choses sérieuses commencent. Nous nous rendons dans la vaste chambre aménagée en studio de cinéma.

Je me cache dans un coin, derrière la caméra, en compagnie de la maquilleuse et de la scripte. Nous pouvons observer la scène au cas où il y aurait des retouches à apporter à l'apparence d'Enora ou des éléments à déplacer dans la pièce.

L'actrice enchaîne les plans sans faire de faute, aucun oubli de texte. Elle doit rentrer dans la suite et répondre à un coup de fil de son patron, une conversation tendue fait monter le suspense.

La deuxième scène se déroule précédemment, elles ne sont pas filmées dans l'ordre chronologique. La gouvernante présente sa chambre à Rachel, celle-ci paraît suspicieuse. Changement de maquillage, de coiffure et de tenue pour Enora, quant à moi, je reçois la comédienne qui joue le rôle de la chargée du personnel de l'hôtel. Celle-ci doit aussi passer par la case HMC.

Je me remets dans le bain, travailler sur une œuvre de fiction m'avait manqué. L'ambiance est différente, davantage artistique. On doit vérifier que chaque objet se trouve à sa place, que les tenues et les coiffures sont raccord, que malgré les changements de temporalité d'une séquence à l'autre tout doit rester cohérent, et bien sûr, assister au jeu passionné des comédiens est toujours fascinant.

L'après-midi, on passe à la scène la plus musclée : le rebondissement où l'agente qui se fait passer pour l'employée de ménage tente de tuer Rachel. Une scène d'action pour laquelle Enora a préféré exécuter ses cascades elle-même. Elle ne risque pas grand-chose, sa doublure prendra sa place pour des plans plus dangereux comme une poursuite en voiture et une évasion sur les toits de Paris.