12.Brisée

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Jeudi 9 septembre

Je détourne directement le regard , j'attends deux secondes et voit cette pimbêche jouir en me regardant dans les yeux avec un sourire victorieux.

Lui se redresse puis tourne son regard vers moi , je m'en vais aussitôt que son regard trouve le mien en ayant à peine entendu monsieur Castro crier mon nom.
J'arrive dans ma voiture , m'attache et met le contact ...

Pourtant cela doit faire plus d'une bonne dizaine de minutes que je suis là, l'air perdue mais surtout je suis complètement statique , lassée , vidée avec l'impression d'avoir un noeud à la gorge tellement puissant que même mon âme est serrée .

Le temps passe et je me rend compte que dix minutes supplémentaires ont été rajoutés sur l'écran , je retourne petit à petit la réalité jusqu'à ce que mon cerveau réalise ce que je viens de voir provoquant ainsi un gros sanglot que j'essaye d'étouffer par fierté . Malgré moi un torrent de larmes glisse de plus en plus sur mes joues pour arriver à la fin dans mon décolleté.

Je pleure encore et encore en pensant à mes choix de vie si nul , si destructeur à mon égard et je finis même par me faire encore plus mal en me posant des questions telles que : Pourquoi c'est toujours moi ? Pourquoi je suis tellement en manque d'affection que dès qu'un homme m'approche je m'attache aussitôt ? Pourquoi j'ai pendant un instant pensé à accepter son accord ? Pourquoi est-ce qu'aucun homme ne m'aime réellement pour moi ? etc...

Je me pose mille et une questions tout en laissant ma douleur s'exprimer à en hurler , littéralement je hurle ma souffrance de toute mes forces , pas seulement pour monsieur Castro mais pour tout ce que j'ai vécu qui font que mon cœur s'émiette de plus en plus , de jour en jour et cet acte là a été pour moi la fois de trop dans ma vie . Au niveau sonore, heureusement que ma voiture est bien insonorisée.

A force de crier je sens au bout d'un moment une migraine arriver et ma voix commence à rouer alors pour se faire je ferme les yeux et dégluti ce qui a pour don de m'apaiser un minimum. Je souffle un bon coup mais assez faiblement et continue de sangloter jusqu'à ce que je m'endorme ici même, dans ma voiture située à l'intérieur d'un parking souterrain appartenant à mon employeur.

~~~

Je me réveille tout doucement et calmement pour  pouvoir bien reprendre mes esprits , une fois chose faite je ferme de nouveau les yeux car malgré cette petite sieste réparatrice la migraine est toujours présente malheureusement ce qui a le don de me contrarier un peu plus.

En touchant mon visage, je sens des larmes qui coulent toujours et remarque que je suis de nouveau statique signe que je ne me suis calmé seulement parce que j'étais fatiguée et non parce que je m'étais réellement calmée.

Mes larmes coulent à flot et mes sanglots reprennent pendant encore une trentaine de minutes. Je suis tellement misérable, pas étonnant que personne ne veuille de moi , je n'ai rien à envier à l'autre pimbêche, elle est fine , belle et il pourrait la présenter à ses parents sans avoir l'impression de sortir avec une baleine moi je suis verte belle à mes yeux mais je suis tout sauf fine et aucun homme comme lui ne pourrait s'intéresser à moi sans avoir d'arrière pensées.

Ma fatigue étant à son maximum, je décide de rentrer chez moi alors j'ouvre enfin les yeux , je me regarde dans le miroir pour découvrir un visage cadavérique et je souffle à nouveau de frustration .

J'essuie directement mes larmes avec mes mains qui sont dès à présent remplis de fond de teint et  je les nettoie ensuite à l'aide de mouchoirs.

Je remet le miroir en place et tourne la tête vers la vitre à ma gauche pour découvrir avec effroi monsieur Castro en train de me fixer .

Je sursaute immédiatement et laisse un cri légèrement aiguë m'échapper, depuis quand me regarde-t-il? Il s'avance vers moi et  dans un élan de panique j'entame un mouvement lui faisant comprendre que je partais, la voiture commence à avancer mais il décide le contraire en se mettant devant mon chemin.

Je freine brutalement faisant caler la voiture et descend ma vitre en criant : « Mais vous êtes malade??C'est quoi votre problème ? Laissez moi !»

Je referme ma vitre et remet le contact, cependant il n'a toujours pas bougé et me fait signe d'ouvrir la vitre.

Au début je refuse et nous nous regardons sans nous quitter des yeux pendant une trentaine de minutes, je regarde l'heure et vois qu'il est en faite 01h du matin.

Ce qui explique mon état de fatigue, j'abdique et ouvre la vitre en lui disant :« C'est vous qui paierai tout le carburant que je viens de perdre !»

Il sourit et hoche la tête. Qu'est-ce qu'il est beau me dis-je .

Ce qui a pour effet d'augmenter son sourire jusqu'à ses oreilles me rendant perplexe face à la raison de ce sourire jusqu'à ce que je lui demande : « J'ai parlé à voix haute n'est-ce pas ?»

Livìo : « Et pas qu'un peu»

Je détourne le regard et lui en profite pour s'avancer jusqu'à ma portière droite qu'il ouvre avant d'entrer dans la voiture.

« Eh je ne vous ai pas permis !»

Il ne me répond pas et s'installe correctement dans ma mini , une fois chose faite, il se tourne enfin dans ma direction et me regarde longuement avant de lui aussi essuyer un larme qui recommencait à couler sans que je m'en rende compte. Il soupire ensuite un bon coup avant de dire:

Livìo:« Écoutez! J'aimerais que l'on puisse parler tranquillement et au calme , c'est pourquoi je vous demande si il serait possible que l'on aille chez vous histoire de ne pas être dérangé.»

Je le regarde et lâche plus sèchement que je ne l'aurais souhaité:

«Non »

Livìo:« Hmm... d'accord alors je vous invite au restaurant...»

Je lui coupe la parole en lui expliquant:

«Ça ne me dérange pas que nous allions chez moi mais ça se fera demain parce que je suis épuisée et s'il vous plaît taisez-vous !»

Il me regarde d'un air ébahi et outré pendant une seconde mais reprend rapidement son air sérieux tout en acquiesçant , il me regarde et je le regarde aussi , il me regarde d'un air à se demander pourquoi je le regarde ainsi jusqu'à ce qu'il comprenne que c'était parce que je voulais rentrer mais qu'il était toujours là dans ma voiture.

Il sort de ma voiture et se dirige vers la sienne pendant que moi je démarre de nouveau ma voiture pour enfin pouvoir rentrer à la maison.

Amour ou obsession Où les histoires vivent. Découvrez maintenant