Les retrouvailles

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Pdv de Amber:

Je me retrouve dans une situation similaire à celle d'une cocotte minute prête à exploser. Cela fait plus d'une semaine que je m'efforce de réprimer mes émotions, en refusant de ressentir de la tristesse, de la colère ou encore de la douleur...
Les boyaux de mon âme sont traversés par le grand canyon, la sécheresse s'installe dans mon cœur.
Toutefois, cette coupée du monde n'est que futilité et, à la moindre brise d'air qui s'empara de mon organisme, mon corps se décomposera dans un torrent d'émotion.
Il est essentiel que je reste forte et que je trouve une issue de secours pour échapper à cette tourmente qui me submerge.
Je suis consciente que personne ne viendra me secourir d'ici, j'ai appris à mes dépens qu'il est inutile de compter sûr autrui.
Et encore moins en ce qui concerne la gent masculine.
Il est préférable de déchaîner l'enfer sur terre plutôt que de confier sa destinée entre les mains d'un homme.
Je ne peux donc pas penser à l'option selon laquelle l'ogre des tavernes qui est responsable de mon enlèvement apparaît sur son magnifique cheval blanc.
Il est même plus avantageux de songer à l'idée qu'une paire de couilles pousse entre les jambes de ce puceau.
En parlant de l'enfer sur terre, Isobelle, loin d'être belle, débarquait sans manquer de me lancer une pique.

- Il faudrait que tu songes à manger, ton corps est aussi fragile qu'une allumette
- J'ai la silhouette de mannequin que tu n'auras jamais, mais après tout, je comprends la pointe de mesquinerie dans ta voix, tu n'attires que les mecs en chien, aucun homme ne désire une dinde à se farcir.
Elle me frappa violemment, me donnant une gifle enragée.
- Tu es comme ses chiens, tu mords seulement parce que tu as peur, mais je t'en prie défoule-toi
ma belle, après tout, je suis resté aux côtés d'un homme qui me frappait alors ce n'est pas avec tes tristes coups que je vais pousser mon dernier souffle, ripostais-je, mon sourire en coin.
- Je serais enchanté de te voir ensanglantée, mais j'ai d'autres projets encore plus intéressants pour toi.

Elle me libéra de l'emprise des cordes qui me liaient à la chaise imposante qui occupait le centre de cette cave.
En retrouvant la capacité de pouvoir bouger mes poignets, je ressentais une sensation de picotements.
Néanmoins, je me focalisais sur mon regard pétillant de malice lorsque que mes yeux se posaient sur un bout de bois trônant à terre.
Aussitôt les idées claires, je balayais l'espace qui me séparait de ce pieu de bois avant de l'empoigner et de lui enfoncer dans le ventre.
- Conseil entre filles, il vaut mieux éviter de se battre contre quelqu'un de plus diabolique que soi, lui garantissais-je.
En absorbant sa douleur, je me réjouissais du renversement de situation avant de quitter la pièce à toute vitesse.
En silence, je remerciais ma carrière de pom-pom girl qui me donnait l'opportunité de m'échapper des nageoires d'Ursula malgré les 15 cm de talon qui me surplombaient.
Ou pas...
La sorcière qui agonisait au sol se saisissait de ma cheville avant de me faire valser face contre terre.
Il est possible que j'ai crié victoire trop tôt en voyant l'expression que l'homme à ses côtés dégageait.
- Tu vas regretter d'être née pouffiasse, Jo, place-la-moi dans le coffre, on va s'organiser une petite virée, criait telle.
Lorsque ce bloc de glace me frôlait sur son épaule, sans aucune résistance, je réalisais aussitôt que je n'échapperais pas à cette balade.
Il obéissait fidèlement aux ordres, se dirigeant vers la sortie comme un bon esclave, avant de me jeter dans le coffre d'un Range Roger qui nous attendait.

Quelle opportunité j'ai eue face à ma quatrième excursion en coffres pour le prix d'une, une véritable promotion en soi.
Dans un fracas assourdissant, une portière claqua quelques secondes plus tard, suivi du démarrage du moteur.
En tendant l'oreille, j'ai pu entendre le haut-parleur de la voiture se mettre en marche, espérant glaner quelques indices sur notre destination, je me mis à écouter attentivement.
Où êtes-vous, putain de merde, je suis devant chez toi, ton garde à genou, et il n'y a aucune trace de toi ou de la fille, si tu touches à un de ses cheveux...
Cette voix me plongeait dans une paralysie totale, le monstre était de retour...
Au fil des jours qui passent, ma haine envers lui ne cesse de croître.
Au fil des jours qui s'écoulent, la merdasse dans laquelle il m'a plongé me rapproche de plus en plus des portes de l'enfer.
J'aspire à lui arracher le cœur avec mes propres mains et ressentir la peur jusqu'au plus profond de son être.
Après tout le cadavre d'un ennemie a toujours une odeur agréable.
Pourtant, sur la terre, personne n'est irremplaçable, sauf l'ennemi, car il nous permet de nous surpasser.
Et je suis bel et bien déterminé à me surpasser pour transformer son existence en un véritable purgatoire.

AngeloOù les histoires vivent. Découvrez maintenant