Les mots du pardon (Antoine Dupont)

Chapitre 40 - Les Failles de l'Amitié

Lorsqu'elle émergea doucement de son sommeil, la pièce baignée par la lueur douce du matin, Juliette s'étira avec grâce. Jetant un coup d'œil à côté d'elle, elle réalisa qu'Ange avait déjà quitté le lit.

Se remémorant brièvement la veille, où Ange avait été étrangement distant, la jeune femme ne pouvait pas s'empêcher de ressentir une pointe d'incompréhension. Cependant, elle espérait que la nuit aurait apaisé les éventuelles tensions, prête à aborder la journée avec un esprit plus léger.

Malgré l'étrange comportement du franco-italien la veille, Juliette se rappela qu'il lui avait confié que sa soirée avec Lucie s'était bien déroulée. C'était cela qui importait le plus à ses yeux, laissant de côté les mystères de sa propre interaction avec lui.

Un sourire triste se dessina sur le visage de la blonde. Le rendez-vous d'Ange avec Lucie avait réveillé en elle une réalité à laquelle elle n'avait jamais vraiment pensé. Elle n'avait jamais eu de rendez-vous avec Antoine. Les contraintes de devoir se cacher avec lui les privaient de simples moments à deux, comme aller au restaurant, au cinéma, ou simplement partager une sortie en dehors d'une propriété privée.

Alors que ces pensées tourbillonnaient dans sa tête, un léger toc à la porte attira l'attention de Juliette. C'était Antoine qui passa sa tête à travers l'entrebâillement, interrompant ses réflexions.

- T'en fais une de ces têtes, dit-il en riant légèrement, s'approchant d'elle.

La jeune femme esquissa un petit sourire tandis que le demi de mêlée s'assit sur le bord du lit, en face d'elle.

- C'est rien...c'est juste que je pensais à quelque chose, avoua-t-elle en triturant ses doigts. Hier on aidait Ange à se préparer pour son rendez-vous et je me suis rendue compte que nous, on en a jamais eu un seul. On est ensemble et c'est vraiment merveilleux, mais on a jamais fait l'expérience...

Antoine se mordit l'intérieur des joues, ne pouvant malheureusement pas changer les choses. La frustration de devoir continuer à se cacher avec elle était tangible dans son regard. Le poids de la dissimulation pesait sur leur relation. Le brun aurait aimé crier son amour au monde entier, comme lorsqu'il avait embrassé Juliette pendant la finale de la coupe du monde, devant des milliers de spectateurs et des millions de téléspectateurs. Cela lui avait rappelé à quel point il se sentait vivant quand il était avec elle. Et cette liberté, même éphémère, lui avait fait ressentir une vie intense qu'il souhaitait retrouver.

- Je sais que ça peut être frustrant, mais on trouvera un moyen de vivre ces moments ensemble sans se cacher. On mérite encore mieux que tout ça, et je suis prêt à tout pour qu'on arrive à ce stade, même si ça prend du temps, dit-il en lui remettant une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille.

La jeune femme fut émue par les paroles sincères d'Antoine, et elle l'embrassa tendrement pour ensuite le serrer dans ses bras, si reconnaissante de partager sa vie avec lui.

Un sourire complice échangé, les deux amoureux décidèrent de quitter la pièce, prêts à rejoindre les autres pour partager un petit déjeuner avec leurs amis.

En entrant dans la salle à manger, Juliette et Antoine découvrirent la majorité des joueurs déjà attablée, tandis que d'autres s'affairaient à préparer leur petit déjeuner. Saluant chaleureusement l'assemblée, Ange esquissa un sourire peu convaincu en direction de la blonde avant de replonger son nez dans son bol de céréales. Une attitude qui confirma à la psychologue qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas, lui qui était toujours enjoué quand il la voyait.

Perplexe, elle ne comprenait pas ce qu'elle avait fait de mal. La veille, elle s'était simplement inquiétée de son retard, mais son attitude distante la laissait perplexe. Elle se demandait si quelque chose s'était passé pendant la soirée, même si ce dernier lui avait dit que tout c'était bien passé.