Chapitre 12

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Notes de début de chapitre

Snif, snif, je suis émue ! Bonne lecture ! Mille mercis pour vos coms et votre attente d'un jour à l'autre !

Une petit modif : J'ai annoncé plus haut que Tarkani a déjà trois amies avec lesquelles fonder son orbe : Raalen, Zarim et Lou. Et bien en fait, elle n'en avait que deux : Raalen et Zarim.

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Tarkani regagna le petit appartement que Zchinræ mettait à sa disposition avec la sensation de marcher dans une brume épaisse de lassitude, ses pieds n'avançant l'un à la suite de l'autre que par la force de l'habitude. Ses paupières pesaient une dragonne chacune et ses bras subitement cotonneux trouvèrent le panneau coulissant de l'entrée particulièrement lourd. Sur la table du petit salon qu'elle devait traverser pour atteindre sa chambre, prévu pour les réceptions et rendez-vous qu'elle n'avait pas donnés, les deux bracelets qu'elle avait forgés pour Rala et Iloïo luisaient doucement, posés sur un épais paquet emballé de papier chyrus. Depuis l'atterrissage en catastrophe de la caravelle, la journée avait été un tel tourbillon qu'elle n'avait plus eu le temps d'accorder ne serait-ce qu'une pensée à l'existence de ses ami·es. Elle sourit, sans paraitre davantage surprise que cela de la présence des cadeaux qu'elle avait pourtant confiés aux passeuses quatre — mn, comme disait L'ngil, cinq — rotations plus tôt, ramassa les bracelets ainsi que le paquet, et alla s'effondrer sur le lit dans sa chambre sans même l'ouvrir.

Toutefois, avant de plonger dans le sommeil, elle régla sa rappeleuse pour la réveiller deux heures plus tard, seulement. Deux heures, c'était inhumain ! Mais elle avait des choses à faire qui ne pouvaient attendre. Oncle Quatre, qui allait sur ses soixante-dix ans, répétait à l'envi dans les réunions d'orbe que le privilège de la jeunesse était de pouvoir récupérer à la vitesse de l'éclair, elle allait vérifier l'adage.

Quand la rappeleuse sonna, Oncle Quatre avait nettement tort. Ce n'était pas des poches qu'elle avait sous les yeux, c'étaient des valises, sa mâchoire protestait à force de bailler : elle aurait voulu dormir encore pendant douze heures, au moins, en totale contradiction avec les désirs de sa vessie, d'ailleurs, qui demandait, elle, qu'elle se dirige prestement vers la cuvette. Elle se leva avec la sensation de porter des poids de 10 kilos sur chacun des muscles de son corps, qu'elle pouvait localiser individuellement de manière beaucoup trop précise, dans les bras, en particulier. Transporter trois mages dans un filet en vol sur trois kilomètres ! Quelle idée, aussi ! L'ngil, qui était un gringalet à côté d'elle, serait misérable au réveil, dans quelques heures. Elle sourit avec tendresse. Après avoir fait un brin de toilette et enfilé un pantalon propre, elle commença par poser les bracelets, qui trainaient sur un oreiller, bien sagement au bord du lit, et installa temporairement la perle qu'Halimé lui avait confiée la veille en leur centre. Puis, curieuse, elle déballa le paquet en papier chyrus. Les plis s'écartèrent pour dévoiler deux robes parfaitement ajustées à sa taille, une intérieure, une extérieure, d'un bleu splendide. Elles étaient brodées très simplement, mais avec gout. Une note indiquait « Pour ne rien manquer de l'union de Mandalin et June, avec tout notre amour, princesse », signée des deux noms de Khizan et L'ngil. Plus émue qu'elle ne voulait l'admettre à l'idée que ces deux-là avaient dû se mettre en quatre depuis des semaines pour parvenir à habiller sa taille formidable dans le respect du rite des couleurs, elle se mordit les lèvres en serrant le tissu contre son cœur et regarda la nuit qui dormait encore sur la jungle. Une seule lune en quartier l'éclairait : elle était sombre, loin de l'aurore, encore emplie des cris des vulcraces. De loin en loin, Tarkani discernait aussi celui d'une ghoule : les monstres rôdaient autour du site de la falaise auquel les groupes, la veille, les avaient ramenées dans leur fuite. Le son était trop familier pour la faire seulement trembler d'un cheveu, mais elle n'était guère heureuse de l'entendre résonner en ces lieux pour autant.

La forgeronne qui voulait entendre l'Univers sourire.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant