Chapitre 10

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Regina eut à peine le temps de retirer sa robe de juge qu'elle était déjà convoquée dans le bureau du juge en chef. Pour quelqu'un qui passait son temps à vagabonder ici et là, délaissant ainsi son travail au tribunal, il avait décidé d'être présent pile au bon moment. Au vu de la mine que tirait Ashley, elle savait pertinemment qu'elle n'allait pas passer un agréable moment mais ce n'était certainement pas un vieux singe comme lui qui allait lui dicter la manière dont elle devait travailler.

Après avoir pris le temps de boire quelques gorgées de son café qu'elle avait plus que mérité après une telle audience, elle se dirigea donc vers le bureau où elle était attendue. A l'instant même où elle posa un pied sur le sol de la pièce, l'homme commença à s'emporter.

« Bon dieu mais de quoi est-ce que vous me parlez là ? Il va vraiment falloir que vous vous calmiez avec cette affaire ! On n'effectue pas le travail de la police ici ! A quoi est-ce que vous jouez au juste ? » Cria Albert Spencer qui avait eu vent de tout ce qui s'était passé quelques minutes plus tôt.

« J'ai eu des informations et il se trouve qu'elles coïncident, on se doit de vérifier. » Répondit simplement la brune en se rappelant qu'elle était face à son supérieur.

« Vous croyez vraiment que ce sont des crétins dans la police ? Vous croyez qu'ils n'ont pas enquêté avant d'envoyer ce gamin ici ? » S'exclama l'homme, hors de lui.

« Non, ils n'ont pas enquêté parce qu'il s'est rendu ! Ils l'ont cru coupable à cause de l'arme du crime, de la schizophrénie et aussi parce qu'il a avoué avoir commis le meurtre ! Seulement ils avaient tors parce qu'il a une complice. Il n'aurait pas pu faire ça tout seul justement parce qu'il est atteint de schizophrénie. » Expliqua-t-elle avec calme.

« Vous avez des preuves de ce que vous avancez ? » Gronda-t-il.

« Des enregistrements téléphoniques et des SMS avant et après le meurtre, des caméras la montrant dans un ascenseur avec la victime, elle portait le même uniforme que Nicholas Zimmer et j'ai aussi un rapport du médecin. Il vous en faut plus ? » Lista la brune.

Albert Spencer soupira et prit quelques secondes pour réfléchir. Ce que racontait la nouvelle arrivante était tout à fait cohérent et, s'il s'agissait d'une autre affaire, il prendrait même le temps de se renseigner correctement pour l'aider à mener à bien son affaire mais, là, il était question du meurtre de l'enfant de Concord. La voie à suivre était toute tracée, Nicholas était coupable, il suffisait de le condamner, de cette manière, ils sustentaient le pays tout entier qui attendait de pied ferme une sanction à la hauteur du crime.

Le parti libéral avait été clair, il devait mener cette affaire sans faire de vague seulement voilà, il avait déjà donné ce dossier à un autre juge, il ne pouvait le récupérer à présent et la juge en question s'apprêtait à faire n'importe quoi. Il était clairement sur la selecte, il jouait son avenir et cette satanée brune à la mine morose ne lui facilitait pas la tâche.

Effectivement, si Nicholas avait bel et bien eu une complice, celle-ci méritait également d'être punie. Bien qu'il se soit dénoncé à la police, il ne méritait pas de porter seul le poids d'un tel meurtre alors que son implication s'avérait être minime mais les risques étaient bien trop importants pour qu'il ait l'audace de s'écarter du chemin.

« Qu'est-ce que vous voulez, concrètement ? Vous voulez qu'on renvoi l'affaire à la police ? » Grommela-t-il à la recherche d'une solution.

« Cette affaire est scrutée par tout le monde et vous le savez tout aussi bien que moi. La police a déjà déclaré qu'elle tenait le coupable, vous croyez qu'ils vont admettre avoir commis une telle faute ? C'est moi, je vais aller la chercher. »

Juge Mills.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant