Chapitre 18

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Les deux accusés, debout, attendaient aussi patiemment que possible le début des hostilités.

L'adolescente était plutôt calme, elle donnait l'impression de mener la partie d'échec d'une main de maitre tandis que son partenaire de crime, lui, transpirait la nervosité. Il tremblait comme une feuille et ne cessait d'éponger ses mains moites sur son jean, tout le monde percevait à quel point il était intimidé par les trois juges qui le surplombaient depuis leur estrade – comme des vautours survolant leur prochaine proie.

« Avocate d'Ava Tillman, est-ce que l'un de ses tuteurs est présent aujourd'hui ? » Lança Albert Spencer.

« Malheureusement non, les parents d'Ava ne sont pas en mesure d'assister à ce procès en raison de leurs emplois en Europe, je les représenterais. » Annonça Zelena qui se leva pour prendre la parole.

« Je suis juge depuis 22 ans et pourtant, je n'ai jamais vu une telle brochette d'avocat dans un tribunal pour jeune délinquant. » Avoua l'homme.

« Je prends cela comme un compliment. » Sourit la rousse.

En effet, du haut de leur perchoir, les trois juges voyaient aisément trois factions – s'ils pouvaient les nommer ainsi – se former juste sous leurs yeux. Ava sur le côté gauche, accompagnée de près par Madame Green puis de leur dizaine d'avocat qui occupaient les différentes rangées de chaise. Sur la droite se trouvait Nicholas et son avocat commis d'office et la mère de celui-ci – seule présence de soutien – était parvenue à se libérer à temps cette fois-ci.

Finalement, tout au fond de la salle, se trouvait un couple qui se tenait la main. Ils se faisaient discret, presque comme s'ils ne voulaient pas être remarqués, comme s'ils voulaient disparaitre de cette pièce. Regina n'eut aucun mal à reconnaitre la mère du jeune Devin : le teint pâle, presque maladif, des cernes immenses sur le visage, visage qui laissait apercevoir la forme de son ossature tant elle avait perdue de poids depuis leur dernière rencontre.

« Défense d'Ava Tillman, admet-elle le meurtre et l'abandon du corps ? » Continua le juge en chef d'un air neutre.

« Elle l'admet en partie mais elle n'est pas d'accord sur tout. Comme l'a déclaré Nicholas, elle a commis le meurtre et abandonné le corps mais elle assure que ce n'était pas prémédité, c'est un homicide involontaire dû à une aliénation mentale. » Déclara Zelena.

« Défense de Nicholas Zimmer, est-ce qu'il admet avoir été son complice ? »

« Non, il ne l'admet pas. » Fit l'avocat commis d'office.

« Nicholas Zimmer a pourtant avoué son crime il me semble. » Nota le juge en ayant les aveux de l'adolescent juste sous les yeux.

« Oui mais il n'était pas son complice, il dément l'avoir aidé pour ce meurtre. »

« Sur quelle base ? »                      

« Nicholas Zimmer pensait que toute cette histoire n'était qu'une blague jusqu'à ce qu'Ava Tillman commette ce meurtre dans son appartement. » Dit-il.

Le silence plana quelques instants dans la salle d'audience. Les trois juges avaient évidemment pensé à cette possibilité mais tout de même, ils avaient du mal à en croire leurs oreilles.

Après toutes les horreurs que l'adolescent avait dit, dans cette même salle, lors de leurs précédentes rencontres, il avait l'audace de se présenter à eux avec une telle défense ? Comment diable pouvait-il qualifier ce piège d'une blague ?

« Ava, je lis ici que votre adresse est : appartement 3201 de l'immeuble 103 de la résidence Capital Palace. C'est exact, c'est bien votre adresse ? » Demanda Emma.

Juge Mills.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant