Regina n'avait évidemment pas attendu ses collègues pour retourner sur son lieu de travail, elle s'était empressée d'appeler un taxi pour se pencher sur son tout premier dossier au plus vite.
Belle et Scarlett furent les suivantes à rentrer. Elles ne tardèrent pas non plus étant donné qu'elles avaient un nombre incalculable de document à traiter alors, à contre cœurs, elles laissèrent la blonde s'occuper du cas de l'adolescente. Marchant dans les couloirs, elles repensèrent tout de même à ce qui s'était passé un peu plus tôt.
« Est-ce que tu as vu le visage que Madame Mills avait ? Heureusement qu'on travaille avec elle parce que si jamais je l'avais eu en face de moi en tant que jeune délinquante, je me serais fait dessus. » Avoua l'assistante.
« Pas étonnant qu'ils l'appellent le juge Max. » Lâcha la jeune femme à lunette.
« Quoi ? Comment ça max ? »
« Ouais, la juge Max. Là où elle était juge avant de venir ici, elle collait souvent la peine maximale aux jeunes délinquants d'où son surnom qui est juge Max. Les gamins, de nos jours, ils se disent : peu importe ce qui va t'arriver mais surtout, évite la juge Max. D'après la rumeur, elle fait toujours des heures supplémentaires et elle bosse aussi les week-ends, même l'union syndicale des magistrats a les yeux rivés sur elle à cause de ça. En d'autres termes, fini les siestes ! » Expliqua-t-elle en s'asseyant devant son ordinateur.
Scarlett resta quelques instants les yeux rivés dans le vide en se demandant ce qu'elle avait bien pu faire pour mériter de subir une journée pareille. Elle se laissa tomber à son tour sur sa chaise en soupirant, avec une juge pareille, elles étaient foutues.
En fin d'après-midi, alors que les rayons orangeâtres du soleil éclairaient doucement la ville, Emma revint enfin au tribunal. Elle avait raccompagné Lilith au poste de police, avait expliqué la situation et l'avait consolée tout en la motivant à faire encore plus d'effort pour s'en sortir cette fois-ci. Ensuite, elle avait tout simplement cherché à fuir son bureau à tout prix. Elle s'était donc rendue à l'hôpital pour visiter l'enfant dont elle avait la charge. Sans grande surprise, elle avait découvert que celui-ci s'était, à nouveau, battu. Il n'était pas à méchant garçon mais, ayant grandi dans la violence, il avait aujourd'hui du mal à entendre que ses poings n'étaient pas la seule réponse qu'il avait à donner aux idiots qui prenaient plaisir à l'insulter .
Elle avait passé un long moment en sa compagnie à discuter de tout et de rien mais elle ne pouvait pas fuir indéfiniment sa nouvelle collègue alors, totalement à reculons, elle était revenue sur son lieu de travail. Alors qu'elle comblait la distance qui la séparait de son bureau, elle pria silencieusement pour que la brune soit déjà partie mais celle-ci sortait justement de la pièce. Marquant un léger moment d'arrêt en la voyante, elle reprit sa marche comme si de rien était. Elle passa à côté de la blonde et l'ignora royalement alors que ses talons frappaient bruyamment le sol.
« Je reviens du commissariat. » Lança Emma en la suivante des yeux.
« Ne faites pas trop confiance à ces gamins, ils mentent la plupart du temps. » Répondit-elle sans s'arrêter.
« Vous y êtes allé un peu fort quand vous l'avez incriminé, vous n'auriez pas dû l'humilier comme ça, devant tout le monde. Les enfants sont des êtres humains, ils ont des droits. » Annonça celle-ci en lui emboitant le pas.
« Des droits, mon cul. » Ricana la brune avant de reprendre : « Vous pensez être quelqu'un de juste ? Ces enfants vous aiment et c'est pour ça qu'ils se confient à vous ? Dites-moi, vous pensez sincèrement que ces gamins se soucient de vous ? Qu'ils vous aiment vraiment ? J'adorerais le savoir. »
La blonde la regarda partir et soupira, pourquoi diable cette femme était-elle aussi butée ? Elle revient alors sur ses pas pour rejoindre son bureau où elle s'installa, elle préfèrerait de loin travailler que de se disputer avec la nouvelle arrivante. Les minutes passèrent et Regina revint de la pause qu'elle s'était gracieusement accordée. Elle ne jeta pas un seul regard en direction de l'autre juge, elle se réinstalla immédiatement à sa place, enfila ses protèges doigts et empoigna son dossier. Avec minutie, elle le parcourut une première fois avant d'entamer sa seconde lecture pendant laquelle elle prit le temps de souligner – au crayon de papier – tous les éléments qui lui semblèrent importants.
Scolarité : collège inachevé.
Absentéisme.
Parents divorcés.
Mère célibataire.
Premier crime : 13 ans, meurtre.
Hospitalisé pour schizophrénie.
Camisole chimique.
Elle ne comptait rien laisser au hasard, chaque détail avait son importance. Elle devait bien comprendre, découvrir la vérité même si pour y arriver, elle devait passer l'affaire au peigne fin et y sacrifier ses heures de sommeil. Elle ne laisserait pas une autre mère être orpheline de la justice, elle se le refusait.
« Je m'arrête là pour aujourd'hui, ça aura été une sacrée journée. » Soupira Emma en se levant.
« Il faut que je termine ça, vous pouvez y aller. » Fit-elle sans quitter le document des yeux.
« Je sais très bien que ce que vous m'avez dit n'est pas totalement faux mais, pour être honnête, je ne pense pas non plus que mes méthodes soient mauvaises. Je vous dis à demain. » S'exclama la blonde avant de quitter la pièce.
Une fois seule, la brune posa enfin son crayon et soupira doucement en venant masser ses tempes. Elle ne voyait pas l'intérêt que pouvait bien trouver sa collègue à tisser des liens dénués de sens avec des enfants criminels mais, si cette dernière souhaitait gaspiller son énergie de la sorte, elle n'allait certainement pas l'en empêcher.
Lilith avait volé le portefeuille et elle avait été la seule à assister à son délit. Pourquoi diable aurait-elle dut prendre des pincettes avec cette délinquante qui, quelques minutes plus tôt, trinquait joyeusement à sa sortie ? L'adolescente venait tout juste d'être libérée, elle aurait dû se sentir coupable alors pourquoi était-ce elle qui ressentait ce poids dans la poitrine ?
Elle n'avait rien fait de mal, bien au contraire, elle avait permis à une délinquante récidiviste d'être appréhendée. Elle avait simplement respecté la Loi qu'elle avait juré de faire respecter, rien de plus. Elle n'avait aucune raison de se sentir honteuse.
Agacée, Regina attrapa les documents qu'elle fourra dans sa valise avant de quitter, à son tour, le bureau. Elle avait besoin de prendre l'air alors elle rejoignit la petite supérette de la rue qui restait ouverte jour et nuit, elle y acheta un café froid qu'elle but, assise sur un banc, contemplant la noirceur de la nuit. Les mots de sa consœur ne cessaient de lui revenir en tête mais, plus elle y réfléchissait et plus elle était convaincue d'avoir fait ce qui était à faire. Aurait-elle dû attirer Lilith à l'extérieur, lui taper gentiment sur les doigts avant de la laisser profiter de sa liberté pour la retrouver, dans moins d'un mois, au tribunal en comparaison pour vol avec blessure ? Certainement pas. La place des criminels, de toutes les personnes osant enfreindre la Loi, était en prison et rien, ni personne ne pourrait la faire changer d'avis.
Un vent frais se leva finalement ce qui la poussa à appeler un taxi qu'elle dut attendre quelques minutes. Après avoir donné sa nouvelle adresse au chauffeur, elle ne lui adresse pas un mot de plus bien qu'il tenta de lui faire la conversation pour rendre le trajet plus agréable. Accoudée à la vitre, elle garda les yeux fermés pour contenir la migraine qui se faisait de plus en plus ressentir. Le trajet se passa sans encombre et, dès qu'elle arriva dans son petit studio, elle s'empressa d'ouvrir le frigo qui ne comportait rien d'autre que de l'eau. Elle attrapa l'une des bouteilles et la vida de moitié avant d'enfin poser ses affaires pour se mettre à l'aise.
Ni une, ni deux, elle s'installa à la seule table qui meublait la pièce et, à l'aide de sa petite lampe de chevet, elle se replongea dans le dossier.

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Juge Mills.
FanfictionLa juge Mills n'a que mépris pour les délinquants juvéniles avant de prendre conscience des difficultés sociales auxquelles ils sont confrontés, et de la responsabilité de la société dans leur dérive criminelle. Asaptation SwanQuenn du Kdrama Juveni...