Juge Mills.

Chapitre 4

Assise à l'arrière de la voiture, Regina soupira en se demandant pourquoi elle avait courbé l'échine aussi facilement. Pour écouter Ashley leur parler de son compagnon si parfait ? Pour savoir que la vie sentimentale de Belle était semblable à un désert ? Pour apprendre – à ses dépens – que Scarlett ne savait malheureusement pas chanter ? Elles avaient quitté le tribunal depuis très peu de temps et pourtant elle regrettait déjà de ne pas s'y être enfermée.

Emma était la seule à être calme, elle conduisait tranquillement tout en fredonnant dans son coin. Un léger sourire sur le coin des lèvres, les doigts battant le cuir de son volant au rythme de la musique, elle se contentait d'écouter sans pour autant prendre part à l'animation qui régnait dans l'habitacle. Comment diable faisait-elle pour se concentrer sur la route alors que se trouvait, à ses côtés, une hystérique qui ne cessait d'hurler à en cracher ses poumons ? L'assistante avait-elle à ce point le besoin d'extérioriser après une courte matinée de travail ? Peut-être devrait-elle tenter le sport plutôt que de torturer des oreilles innocentes...

Croisant les bras sur sa poitrine, la brune sentait que sa patience atteignait peu à peu sa limite. Ne pouvaient-elles donc pas se taire pour simplement profiter du silence ? Se recroquevillant autant que possible sur son siège, elle pria silencieusement pour que le trajet connaisse rapidement sa fin. Alors qu'elle regardait distraitement la route, ses yeux se posèrent furtivement sur la blonde qui balançait doucement la tête de droite à gauche au son de la basse qui résonnait dans l'habitacle. Celle-ci avait profité d'être à l'arrêt pendant un court embouteillage pour regrouper ses cheveux en une queue de cheval négligée qui lui donnait une allure d'adolescente plutôt que celle d'un juge.

Le fait que les mèches soient relevées permit à Regina d'avoir une vue parfaite sur la fine nuque de sa collègue dont les muscles semblaient bien tendus. Pendant un instant, elle eut la subite envie d'y poser ses mains pour masser cette peau qui semblait si douce et, alors qu'elle tendait inconsciemment le bras en direction de l'objet de ses convoitises, elle sursauta en entendant Scarlett hurler d'énièmes paroles de chanson. Revenant doucement à la réalité, ses joues virèrent au rouge lorsqu'elle prit conscience de son geste avorté. Timidement, elle releva le regard vers cette parcelle de corps qu'elle désirait étrangement toucher et ses yeux glissèrent jusqu'à la naissance des cheveux blonds puis de son oreille derrière laquelle se cachait une étrange cicatrise.

Les sourcils froncés, la brune se demanda ce qui avait bien pu causer une marque pareille. Elle était bien trop vulgaire et épaisse pour résulter d'une opération alors comment avait-elle fais pour se blesser à un tel endroit ?

Ses interrogations n'eurent pas le temps d'aller bien loin puisque la voiture se gara finalement devant la devanture d'un mignon petit restaurant. Toutes les femmes quittèrent le véhicule et Emma, sans les attendre, se rapprocha de trois adolescents à qui elle offrit une embrassade amicale. L'une des deux filles avait de vulgaires mèches rouges dans ses cheveux bruns tandis que l'autre, assise sur le capot d'une voiture qui ne semblait pas être la sienne, fumait à grosse bouffée sa cigarette électronique. Le garçon qui les accompagnait triturait nerveusement ses doigts, fixait le sol et rougissait à chaque fois que la jeune femme le regardait - il était, en apparence, le moins extravagant du groupe.

« Allons-nous installer à l'intérieur. » Proposa Ashley qui les accueillit avec un grand sourire.

Entrant dans le restaurant, aucun d'entre eux – en dehors de Regina – ne fut étonné en apprenant qu'Emma avait réservé une table à l'écart ni même lorsqu'ils comprirent qu'elle avait demandé pour avoir des cartes du menu sans la mention du prix. Comme à son habitude, elle avait pris toutes les précautions possibles pour mettre les adolescents en confiance.

Une fois assis, ils passèrent commande auprès de la serveuse avant de commencer à échanger quelques banalités. La discussion avec les jeunes eu du mal à débuter mais dès que le repas fut posé à table, les langues se délièrent sans soucis.