Repères chronologiques : cette scène s'insère comme une scène coupée de The Umbrella Academy, saison 1, épisode 6, quelque part autour de 50:00 sans doute (pendant que Cinq termine ses actions à la Commission, juste avant l'invocation de Dave et le retour en arrière temporel). TW : Sevrage de drogues - entrave - violence physique.
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29 mars 2019, 18:02
C'est un sentiment étrange, celui de faire un truc pour la dernière fois avant la fin du monde. Attack of the Killer Tomatoes n'avait clairement pas la même saveur, hier soir. C'est comme si le cerveau n'était pas câblé pour se représenter l'imminence de l'apocalypse, comme si on ne pouvait pas imprimer ça. Et pourtant c'est là, sur la conscience. Et on sait - au fond - où on veut être à ce moment-là.
Certains se consument de venger un proche, comme Diego, d'autres d'en revoir, comme Klaus ou Allison. Moi je laisse couler, maintenant, mais avec ce noeud au ventre et à la gorge, celui qui ne part pas. Je n'ai encore rien pris, je ne sais pas combien de temps ça tiendra. Chaque minute me montre que je ne commets rien de terrible, mais l'échéance théorique, inexorable, fait de plus en plus trembler mes doigts.
Et puis il y a ceux qui essayent encore de lutter. Cinq, bien sûr, où qu'il soit en ce moment, mais Luther est aussi de ceux-là. Sans trop de fondement, d'ailleurs : juste parce qu'il a l'impression débile que c'est son rôle, je crois. Il veut être 'Numéro Un' jusqu'au bout, s'accrocher à la seule justification de son existence qu'il voit. Son leadership est une illusion pathétique. Mais ce n'est pas à moi de commenter ça.
Ce matin, il a de nouveau convoqué une petite réunion familiale au salon, et je me suis incrustée discrètement avant de partir au boulot : invisible près du porte-manteau. Il a essayé de fédérer tout le monde dans le vide, comme il n'a aucune idée d'où il va. En invoquant la sacro-sainte force de frappe de l'Umbrella Academy, ce qui a fait rouler des yeux exaspérés à sa maigre assistance. Personne ne l'a vraiment écouté. Le seul point marquant qu'il a avancé, c'est la certitude que tout le monde allait y passer. Tout le monde. Et même si je ne me faisais guère d'illusion sur ça, j'en ai quand même renversé un parapluie malgré moi.
J'ai pris le chemin du taf quand Klaus a suivi Diego à l'étage. Il ne lâchait rien, j'étais déjà surprise qu'il ait tenu jusque-là. Il n'avait rien consommé de la nuit, et ça commençait à se voir : sa tête semblait peser une tonne, et j'ai cru plusieurs fois qu'il allait gerber sur les chaussures de Luther. Une chose était claire : si Diego refusait de l'attacher, dans l'heure il replongerait. Je comprends sa démarche maintenant, aussi violente qu'elle soit. Mais je maintiens que je n'aurais pas pu faire ça.
La journée s'est passé sans heurts à la quincaillerie, pour une fois. Bizarrement calmement jusqu'au soir, comme si j'étais détachée de tout, sans même toucher au Valium dont la boite traine à côté de la caisse enregistreuse. Après avoir fermé le rideau roulant sur la vitrine et consigné les comptes des recettes du jour dans le cahier, je fourre la boîte de médicaments dans ma poche et éteins les plafonniers en portant simplement mon attention sur eux.
Je sais que je vais repasser à Hargreeves Mansion. Comme Klaus a mentionné le grenier hier, j'ai pensé toute la journée à ce que j'y trouverais. Je me doute que Diego se sera contrefiché de voir comment il gérait la descente : moi non. Comme quoi, on a finalement des compétences complémentaires. Je sais que ça va être difficile, j'ai passé neuf heures à me préparer à l'idée. Mais toute incapable que je suis d'attacher Klaus, ne pas interférer maintenant que le plus gros est fait : ça, je le peux.
*Crac !*
Je me téléporte à l'arrêt de bus. L'air est froid. Dans ma poche, les cachetons de Valium me murmurent que demain je ne ferai peut-être plus ça.La Maison me semble entièrement vide, quand je referme la porte principale derrière moi. L'énorme lustre est toujours au sol. De toute façon, à quoi bon le réparer ? Le grand escalier, le couloir, l'escalier vert, tout me semble mille fois plus long à traverser, dans ce silence pesant. Je ne souhaite pas sauter à travers l'espace, j'ai besoin de faire le chemin. Et lorsque je pose le pied sur le dernier palier, l'angle de vue ne laisse directement plus de place à l'anticipation.
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Une courbure de l'espace-temps (Saison 1) - The Umbrella Academy
FanfictionEt si, tout au long de l'histoire de The Umbrella Academy, Klaus avait eu quelqu'un pour le soutenir ? J'ai choisi d'insérer un OC - Rin - dans l'intrigue de la série, apparaissant presque uniquement dans des scènes coupées. Cette fic n'est pas un s...