case 3 : meurte en ville

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-Claire, as-tu des nouvelles de Jawara? demanda Roxanne en réappliquant un gloss transparent sur ses lèvres déjà scintillantes.

-Il était chez sa grand-mère hier, je crois qu'il revient aujourd'hui.

-Tu penses que Harvey est avec lui? À force de les voir toujours collés l'un à l'autre, on pourrait s'imaginer qu'ils le sont encore," ajouta Roxanne d'un ton presque préoccupé.

-Non, Jawara ne m'a rien dit. Il doit être comme d'habitude, en train de courir après Éléonore ou sa sœur.

-Il est déjà passé à sa sœur? Moi, je suis bloquée à quand il sortait avec Amélia.

-J'ai complètement perdu le compte avec lui, lâcha la fille aux cheveux rouges tout en faisant parcourir toute la distance de la cornée à ses yeux, les roulant lentement 

Moi, je restais figée à leurs côtés, à écouter une conversation dont je ne comprenais pas les enjeux. Je n'y connaissais aucun personnage, je ne pouvais y placer aucun visage. Plutôt dommage, j'aurais bien voulu le savoir, sans ça, elle ne me serait d'aucun intérêt. Les gouttes du temps tombaient tels la pluie, et le début du cours se rapprochait de plus en plus. Le moment était enfin venu pour moi de partir. Je commençais à ranger mes affaires dans le cabas qui me servait de sac de cours avant de me déplacer discrètement jusqu'à ce que je ressente une sensation qui me repoussait vers l'arrière, m'empêchant de partir à ma guise. Je me retournai alors, pensant que mon sac s'était coincé dans la chaise.

Derrière moi, il n'y avait rien d'un sac dans une chaise, seulement tirée par Roxanne, essayant de me ramener vers elle. Je ne pouvais même pas résister, elle avait une force surhumaine dans un corps qui n'en avait rien l'air.

-Tu t'en vas déjà? me questionna-t-elle, me faisant les yeux doux.

-Ah oui, le cours va bientôt commencer. Je comptais prendre une place devant si cela ne vous dérange pas," affirmai-je, essayant de me libérer de son emprise.

-Tu ne veux pas rester avec nous un peu? Tu m'as l'air de quelqu'un d'hyper intéressante. J'ai vraiment envie d'en apprendre plus sur toi, et je suis sûre que les filles aussi.

-On pourrait super bien s'entendre, surenchérit Claire, se joignant malicieusement à Roxanne pour tenir le bout.

Je me rassis instantanément. Au final, elles avaient raison. Le temps devait arriver. Il faut que je me fasse des amis, ou au moins des connaissances. Je n'arrivais pas à m'imaginer terminer au moins deux ans supplémentaires sans personne. À la fin, il fallait, à contre-cœur, placer ma confiance au destin. Ces filles n'étaient pas là par le plus beau et pur des hasards, elles arrivaient forcément dans ma vie pour y apporter quelque chose. Les opportunités, je ne les rate jamais.

La discussion reprit vite son cours, désormais, j'en étais vite devenue la vedette. Claire se faisait une joie de déballer sur la table tout ce que le peu que je lui avais dit en l'espace de quelques pauvres dizaines de minutes. La manière dont elle parlait de tout cela avec tellement d'enthousiasme, en employant un ton d'un enjouement tel que je suis sûr que quelques personnes nous ont dévisagées à même l'entrée dans l'amphithéâtre et rendent l'ambiance encore plus faussement dramatique. Roxanne et Camille se donnaient à cœur joie de monter sur leur visage toute l'expression de leurs sentiments à ce qui me paraissait être des informations sans grande valeur ou importance. Je ne voyais pas la raison de tant de réactions. D'un autre côté, c'était un peu plaisant, voir comment elles réagissaient face à mon niveau d'anglais. J'avais enfin l'impression que mes efforts avaient payé. Je me sentais enfin bien.

-Tu t'es installée loin de l'université? demanda Claire.

-Je suis à quelques minutes de transports.

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