case 10 : le prestige des étoiles

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Layla                                                                    ( le prestige de l'étoile)

Les cabines téléphoniques Londoniennes resplandissaient sous les lumières du soleil européen. Le voyage fut si court, je sentais tous les atomes de mon corps vibrer à travers l'espace. M'étais-je réellement envolée jusqu'à la capitale britannique ? Non, c'était irréaliste pour moi. Je connaissais quelqu'un pour qui les limites n'étaient qu'un concept loin. Page était malencontreusement capable de l'inimaginable. Il ne s'était pas gêné de nous avoir presque emporté vomir avec sa photo. Cela prouvait tout. Le pire, j'ajouterais, est qu'il avait totalement disparu depuis. Il ne répondait pas, était déconnecté de partout et Jawara refusait de dire le moindre mot. Assise sur mon lit, je contemplais l'infini d'un mur blanc. Une plume se glissait au-dessus de moi, elle n'était bien évidemment pas venue solitairement. Leurs doux fils blancs tranchaient mes méninges, le projecteur dans mon cerveau n'arrivait plus à faire avancer le film, il était sur le point où, peut-être même, il avait déjà disjoncté.

– Tu viens, Roxanne, préparer le petit-déjeuner ? Claire avait dû apparaître depuis déjà trop longtemps pour qu'elle ajoute : « Tout va bien, Layla ? » J'ignorai, continuant à simuler d'écouter quelques mélodies.

– Harvey, ne t'as pas encore répondu ? Je finissais par céder et me levai pour la faire, une expression encore plus creusée qu'à mon habitude.

-layla Qui pense à prendre des nouvelles de Harvey, c'est tout nouveau ça.

– C'est d'une gravité sans précédent et tu arrives à rigoler comme si de rien n'était. Tu peux essayer de rappeler Jawara, il crachera le morceau si tu lui demandes encore.

– Il a été clair en sortant de l'université. Harvey est occupé, et si tu veux mon avis, je doute qu'il soit en train de faire quelque chose que tu souhaiterais savoir, mais bon, essaye encore, il te répondra peut-être encore.

J'appuyais sur le bouton d'appel une énième fois. Après tout, abandonner, c'est ne jamais essayer d'atteindre la vérité.

– Bien le bonjour, poupée, annonça Page de son ton sacastique à peine forcé cette fois.

– J'ai besoin de savoir une seule chose : c'est réellement Monsieur Smith sur la photo ?

– Oui, le ton de Page chuta pendant que ma tension fit quatre loopings. Ma main gauche ne répondait plus, elle laissa le téléphone m'échapper, l'autre essaya de supporter mon cœur pour l'empêcher de me lâcher avant que je pousse un cri. Claire se précipita, pour m'éviter de me ramasser en pièces détachées quand je m'écraserais sur le lit. Elle me demanda encore et encore ce qu'il m'arrivait ; je repris mon appareil et raccrochai avec Page. La page de message s'ouvrait devant elle.

Un regard perçant à qui on avait coupé le souffle court. Il s'agissait de deux boules d'un feu privées du seul moment où elles pouvaient se transformer en cendre. Elles convulsaient juste sans se clore. On avait confisqué le temps. Elles se comptaient sur les doigts d'une main. Les dernières secondes d'un homme giseant au sol, la peau de la couleur du tout nouveau manuscrit. A la fin d'un roman où son cœur avait été vidé, il s'élevait peu à peu au-dessus d'une marrée de sang. Partout, la balle charcutait sa chair de partout. Les flots de sang se deversaient du milieu de sa poitrine. Son visage cracelé d'un mélange de lignes et de points carmins, la toile d'un assassinat. La main sur ma joue se congela, nous déglutièrent et fermairent la photo.

– Ce n'est pas possible. Claire réussit tout de même à formuler une phrase, c'était monsieur Smith...

– Ils l'ont assassiné.

La couette vibra sous nous, Page agressait le bouton d'appel.

– Excuse-moi, j'ai raccroché par surprise, je repris un ton plus sérieux, je ne voulais pas le faire aussi soudainement, tu peux continuer ce que tu avais à raconter, s'il te plaît ?

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