Layla
Ce café aurait fait un décor parfait pour une adaptation réaliste de la Première Guerre mondiale. Tout allait si vite, le bruit des claquements ininterrompus devenait tout aussi, mais dans mon esprit, le plus grand vide m'aimait, j'étais partagée entre être totalement écœurée de l'image que je voyais, un bal de sang, d'agonie. Pour ne pas améliorer la chose, la qualité de la photo était criminellement trop élevée. J'avais l'impression d'y avoir l'odeur putrefacte, remplaçant celle des parfums floraux des filles. Le sang prenait la forme d'un verre de thé dans mes mains.
Nous nous installions loin des regards, en face de la tablette aux images mortuaires. Nous notions, schématisions, rassemblions les tentions et tentions de visualiser un contexte de l'homicide.
– Tu pourrais agrandir ici, j'y vois rien du tout.
Cela s'annonçait comme une affaire difficile, cette photo n'était pas un support adéquat pour travailler : j'avais beau plisser des yeux, je n'y voyais rien, pas le moins du monde, juste un trou de sang visible sur l'une des tempes de monsieur Smith, le sang qui y coulait à flot. Une balle d'un calibri assez important devait y être passée. Il était évident qu'il n'y avait rien d'autre qui puisse indiquer une autre mort. Je suppose seulement qu'il a été tué d'une distance peu longue aux alentours, d'une dizaine de mètres, sans quoi la plaie aurait été moins visible. Mais c'était frustrant : rien de ce que je déduisais n'était légitime sans plus d'informations.
Je étais capable d'essayer de retourner l'image autant de fois que je le désirais. Rien ne parvenait à satisfaire mes besoins. J'avais besoin de quelque chose de plus intense, de plus fort pour me pousser à avancer.
Roxanne finit par poser son stylo et remonta les pages sur son ordinateur. Elle avait rejoint le travail après nous.
– Tuer le seul professeur de criminologie et en plus le directeur, ça n'est pas anodin, qui t'a envoyé la photo ?
– Pourquoi ? C'est si important que cela ?
– Tu penses réellement qu'une personne qui prend en photo une scène de crime pendant que tout le monde cours et en plus avec une prise photo si nette sans flou ne serait pas suspecte ? Pour moi, il est évident qu'elle a quelque chose à voir là-dedans ou qu'elle sait des choses qu'on ignore.
– Je ne pense pas qu'il est quelque chose à voir là-dedans.
— Tu sais, Layla. On ne va jamais avancer si tu ne nous dis pas qui avait la photo, ou alors c'est toi qui est suspecte dans ce cas-là.
– Tu te moques de moi ? Tu crois vraiment que j'ai quelque chose à voir dans le meurtre de M. Smith ?
Claire s'embarqua, me coupant la parole.– Pour le coup, fait-lui confiance, Roxanne, je suis persuadée qu'ils n'ont rien à voir dans cette histoire.
— Ah parce que tu les protèges, toi aussi ?
— C'est Page !
L'expression de Roxanne s'affeblit continuellement, elle avait compris.
– Il nous faut plus de preuves, on ne peut rien faire avec cette photo.
– Vous avez pensé à notre propre témoignage, du type de ce qu'on a entendu ?
– J'avais envoyé un message à Page à 9 h 15, l'attaque s'est produite aux alentours de 10 minutes plus tard.
– Les lumières C'était ensuite éteint deux minutes avant la
– Pourquoi est-ce que les lumières se seraient éteintes ?
– Évident pour pas qu'on le voit faire ou fuir.
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Sois Notre Evidence
Romance"tu ne crois quand même pas que je vais vraiment accepter de travailler avec quelqu'un comme toi, je vaux mieux seule" Layla, une étudiante en criminologie vient de poser les pieds sur les terres galçantes d'un canada prise d'une épidémie de meurtre...