Sois Notre Evidence

case 14 : le gun sur sable ?

Les cours avaient une toute nouvelle saveur. Nous nous forçions à nous enchaîner à nos chaise. Entre deux investigations et support psychologique, il fallait se mettre en tête que rien ne se passerait plus. Les plus naïfs s'en sortaient, les plus septiques n'avaient pas remis les pieds à proximité du campus. Peu importe quelle catégorie nous concernait : nous avions repris une manière de penser enfantine. Cela ne déplaisait pas au corps administratif et éducatif pour qui les enfants seront toujours plus faciles à gérer et surtout à manipuler. La confiance qu'ils ont eue en cette place était si forte qu'ils entreprirent de rouvrir les locaux à peine quarante-huit heures, la cerise sur le gâteau ? Ils nous avaient. Après l'assassinat de Monsieur Smith, entraînant un domino administratif, voilà qu'apparait un nouveau professeur de criminologie prenant toutes ses fonctions, incluant sa place de directeur. La légende raconte même que jamais un établissement n'avait rouvert aussi rapidement après un assisinat. Le meilleur, cependant, était qu'ils avaient trouvé en l'espace de si peu de temps un nouveau professeur de criminologie et, par extension, un nouveau directeur. La rumeur disait qu'il était jeune, en tout cas jeune pour un directeur. Certains étudiants en licences avaient eu l'occasion de le rencontrer, ils l'avaient dévoré comme quelqu'un d'un tempérament encore jamais vu. J'attendais la fin de la journée avant d'avoir affaire à lui. Pour l'instant, notre nouvel emploi du temps ne le permettait pas. J'étais prise par le désir de combler toutes ces heures vides dans ma journée.

– Layla Tu veux qu'on aille travailler quand et où ? me chuchota Claire pendant que la professeur de sociologie n'allume son vidéoprojecteur.

– Le plus tôt possible, à la bibliothèque universitaire si vous le voulez ?

– J'ai laissé mes affaires dans ma chambre, j'irai les chercher et vous rejoindrai, avoua Roxanne.

– Pas besoin, tant que tu as ton ordinateur, je pourrais t'envoyer le fichier.

– J'ai réfléchi à ce meurtre toute la nuit. C'est vraiment quelque chose d'incroyable quand même ?

– C'est certain, le tueur ne s'est même pas fait attraper en rentrant ou en sortant de la salle. Pourtant, les caméras de surveillance sont partout, mais aucune n'a rien vu.

– Pour moi, ça ne me surprend pas, un tueur a pour but de ne pas se faire remarquer, et c'est ce qu'il a fait, il a réfléchi à un plan pour qu'on ne le trouve pas aussitôt.

– Tout de même, il s'est volatilisé, pas la moindre trace de pas ou le quelconque indice qu'il aurait laissé, je ne sais même pas s'il faut utiliser le masculin pour désigner cet assassin.

– Ce n'est pas en discutant éternellement de tout ça que la vérité tombera sous notre nez. Roxanne tenta de mettre cours au bouton d'un débat interminable.

— Je veux bien te croire, mais pour moi, imaginer toute la scène, c'est mieux. Ça me donne envie de faire un film en son honneur, Le tueur de Toronto, le génie du crime.

Ce fut comme si le vaste monde se décida cet instant précis. de s'accorder à se taire, de méditer à avaler les paroles que Claire avait à partager. Sa voix résona, elle cria au monde le fond de ses plus profonds désirs. Les visages se tournèrent par milliers vers elle. Elle s'était proclamée reine du True crime de l'amphithéâtre. Ses oreilles prirent les teintes du sang courant dans son visage crispé. Il tomba dans sa course enclanchant un gémissement de honte.

– Personne n'a été capable de me faire taire, vous le saviez qu'ils allaient tous m'entendre.

La routine des fins de cours se répétait toujours. Si je ne me ruai pas sur le parcours de la bibliothèque. Les chances pour que je soit juste capable de me tenir debout dans l'espace étaient minimes. Je m'avance tout en surveillant qu'une place ou deux se libère. Rien, rien, et rien. En réalité, une table attira mon attention, elle était vide. J'aurais aimé que cela soit le plus étonnant, mais il n'en fut rien. Elle était dans un coin reculé, je crus revoir la bibliothèque secrète de Page. La table était décorée de graffitis de tous les côtés tout en gardant une image ordonnée et satisfaisante à voir. Je me pensais pour observer de plus près. Des dessins de fleurs, de nuages et de planètes. Celle-ci, c'était Saturne entourée de deux étoiles, une noire et une blanche. Claire réapparut avec un tas de feuilles entre les mains.