case 13 : une balle de perdu, un policier de trouvé

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Nous nous tenions debout, les mains vers le ciel et, sans que l'on puisse faire quoi que ce soit, nous étions contraints de nous rendre. Page était devant moi, l'appareil photo à la main. Les policiers lui ordinèrent de le lâcher, il l'attache autour de son cou, levant encore plus haut les mains. Un premier policier s'approcha de Page, il le tira par le bras si fort qu'il manqua de trébucher, deux autres policiers s'en suivirent. Un avait déjà apporté Claire et Roxanne, qui n'avait pas fait long feu dans leur cachette, l'autre jouait entre ses doigts deux paires de menottes.

– Vous êtes en état d'arrestation.
Les sirènes retentirent dans toute la rue pendant que Page et moi nous faisions embarquer.

Je devais attendre sagement mon tour pour l'investigation, dur d'essayer de s'évader (ou juste de respirer un poil plus fort) quand trois caméras, épaulées d'une brigade entière de surveillants, vous bloquaient le passage.
. Claire et Roxanne étaient arrivées en première, et comme ils nous l'avaient si bien rappelé en arrivant, « le meilleur pour la fin ». Je ne les avais pas revues depuis, je doute qu'elles aient quitté le commissariat. Jawara se fit alors appeler. Il ne restait plus que Page, moi et une fumée grise qui avait asphyxié nos voix depuis que nous avions été embarqués.

– Pourquoi tu nous as mis dans tout ça ? Me lança alors Page, la rage s'empara de sa voix.

– Tu dois te moquer de moi ? C'est bien toi qui a commencé à filmer en premier, monsieur : « J'ai absolument besoin d'avoir mon clicher parce que ma logique m'empêche de résoudre des problèmes seul. » Maintenant que j'y pense, si ce n'était pas toi qui avait eu la merveilleuse idée de commencer une vieille compétition, on n'en serait pas là.

– Personne ne t'a obligée à me suivre si tu pensais que mon idée était si stupide. Tu prends tes risques toute seule, tu regettes tout le temps la faute sur moi. Va falloir que tu te remettes en question.

– me remettre en question Et puis quoi encore ? C'était évident que tu allais te faire prendre, je ne sais pas comment tu n'as pas pu le remarquer ?

— Je le savais, mais si je n'avais pas essayé jamais, je n'aurais pas su si je pouvais avoir la réponse. Et je te fais remarquer que toi aussi, tu savais mieux que quiconque qu'on allait se faire choper, alors pourquoi pas avoir travaillé dans ton coin comme tu sais trop bien le faire.

– C'est le but, j'ai besoin d'un indice, je sais qu'il est sous mon nez, je vais le chercher.

– Pourquoi te plaindre alors ? Accepte la situation, ce n'est que le début.

— J'ai accepté la situation, maintenant à toi de voir ce qu'on peut en faire plus tard. J'espère juste que toi tout autant que moi seront prendre des bonnes décisions.

Page se retena cette fois-ci de me répondre, il le gardait pour soi, il essayait de placer les mots, il essayait d'ouvrir la bouche, il la referma aussitôt. La porte s'ouvrit, séparant nos visages. Je suis finalement reconnaissante que le destin m'ait envoyé le moyen de couper cours aux explications sans queue ni tête de Page.

– Layla Hamdi ? Veillez rentrer.


Finalement, j'aurais mieux fait de ne jamais avoir souhaité quitter le couloir. Je traînais mes pas sur le carrelage. Les murs avaient la couleur de rien, de tout mélanger au vide complet, c'était seulement le blanc des linceuls qui fit office d'écharpe sur le porte-mentale. Pas le moindre cadre, une chaise qui grinçait quand je posai dessus, pourtant celle de la policière devait même avoir une fonction massage aux billes chaudes. Je déglitis quand elle se posa en face de moi, le clique qu'elle fit en sortant l'objet de sa chemise ressemblait à ce que j'imaginais devoir être les barreaux de la prison. Pourquoi j'apercevais déjà le lit superposé et la gamelle qui devait me servir à manger, les restes de papier peint, découvrant un mur de brique troué, brisé. Il laissait passer une brise chaude à l'odeur de tabac. La policière jetta son mégeau sur le côté du bureau. Je toussais.

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