Nous suivîmes Youssef à l'extérieur et marchâmes pendant une heure et demie. Contrairement à la fois précédente, Laura et moi partagions une meilleure forme. Nous eûmes une longue discussion tous les quatre. Ces deux imbéciles nous avaient manqués. Salim, tout fière, nous demanda qui de nous deux avaient remporté le dernier combat. Laura baissa la tête, en rougissant. Par humilité, je répondis à Salim que j'obtins la victoire, mais que le combat ne connut aucun vrai vainqueur. Laura ajouta que l'issue du combat lui valut trois semaines de convalescence.
— Ah oui, tu ne plaisantes pas, dit Salim.
— Rappelle-moi de ne pas te provoquer, enchaîna Georgio d'un petit sourire.
Nous nous amusions de la situation. Je me sentais bien avec eux, en fin de compte. Ma vie au sein du GIT ne semblait pas si mal, me surpris-je à penser.
— Vu ton sourire et l'arrogance de ta demande, je suppose que tu as remporté la victoire, continuai-je en regardant Salim.
— He ouais, haut la main !
— Tu ne manques pas d'audace. J'ai du attendre deux mois avant que tu me touches, ne serait-ce qu'une fois, soupira son binôme.
Laura se mit à rire, en me regardant. Elle me partagea un clin d'œil afin de me rappeler qu'au début, je n'étais pas mieux.
— Tu veux connaitre le plus fort de nous quatre, Salim ? Je parie sur Tom ! La première fois qu'il a pris une arme en main, il a tiré dans la cible à trente mètres. Les dix balles sont passées dans le même trou sans l'agrandir. Et avec un fusil de précision, il peut tirer à deux kilomètres avec facilité ! Il fait mieux que Sadiq, dit-elle avec un grand sourire, en me regardant, les yeux pétillants.
— Arrête Laura ! Tu es lourde ! soupirai-je.
Elle m'énervait quand elle agissait ainsi. Après ma remarque, Youssef souffla du nez. Je parierais encore qu'il se demandait quand est-ce que je comprendrais, qu'elle était folle amoureuse de moi. Je ne peux pas vous mentir, vous en parler me fait mal.
Nous arrivâmes devant la planque X-Ray après ce long trajet. La base semblait minuscule, mais je me souvins que les trois-quarts se trouvaient en souterrain. On ne trouvait à la surface que l'accès au monte-charge. Nous rentrâmes dans la planque. Après plusieurs minutes de marche dans des locaux sombres, avide de sentiment et de sympathie, Youssef nous fit rentrer dans une pièce vide. J'y voyais un banc et une porte en métal avec des trous. Youssef referma la porte. Il nous enfermait dans cette cellule. Nous entendions sa respiration derrière la porte. Il s'apprêtait à nous parler.
— Nous vous avions prévenu, la dernière année sera la plus dure. Nous vous certifierons du rang de cadre si vous la réussissez avec brio. Cette méthode ne me plait guère, mais sa mise en place nous semble indispensable. Profitez bien des derniers instants. Ensuite, nous vous torturerons pendant un an. Réussissez et vous deviendrez des cadres ! Échouez et vous deviendrez un oubli de notre société !
Nous nous décomposions dans notre cellule, la boule au ventre. Ce moment désagréable où des gouttes de sueur suintaient sur notre visage dura plusieurs heures. Au moment de son annonce, j'avalai ma salive jusqu'à ne plus en avoir. Aucune des peurs que je ressentis depuis ce jour ne dépassa celle-ci. Je ne savais pas à quoi m'attendre. Je ne paniquais pas à l'idée des tortures que l'on m'infligerait. Je m'inquiétais de savoir s'ils réussiraient à me transformer en leur esclave. Réussirais-je à conserver ma volonté de les détruire. Je posais mes mains sur les murs. Une envie de vomir me montait à la gorge. En retirant mes mains, je me rendis compte que mes mains saignaient. Les murs se remplissaient de pierre tranchante et de morceaux de verre, mais je ne ressentais aucune douleur. Salim nous envoya avec mépris :
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Je ne meurs pas, je tue !
ActionEnlevé à l'âge de six ans par une organisation terroriste qu'il fut forcé d'intégrer, Tom Dolbet doit aujourd'hui affronter ses anciens frères d'armes pour retrouver la vie qu'on lui a dérobé ! Roman en recherche d'édition