7. Trahison

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Pendant l'année qui suivit, nous passions la moitié du temps en mission avec nos subalternes. Celles en compagnie d'un autre cadre se faisaient rares. Makaroff devint un cadre exemplaire. Ses camarades de promotion l'admiraient. Je me rapprochais encore de lui, et même si je lui servais d'exemple notre relation ne devint pas malsaine. Les premiers cadres et moi demeurions contents de l'avoir parmi nous, à l'exception de Salim qui estimait qu'il ne méritait pas sa place. Je me souviens que nous le surnommions Maki. Plus le temps passait, plus Laura s'impatientait de trouver un jour où tous les éléments concorderaient. Ce jour arriva. Je m'en souviens bien. Le plus beau jour de ma vie, mais également le plus dévastateur. Je m'apprêtais à gagner ce qu'il me manquait et à perdre ce que je détenais. Je n'oublierais pas ce jour. Nous étions le premier jour de l'été 2019. Même si c'était un changement de saison, nous ne voyions pas la différence. En plein hiver, nous atteignons déjà les 25 degrés.

Ce matin-là, Sadiq et Youssef partaient voir l'un de leurs investisseurs afin d'obtenir des munitions supplémentaires. Maki se chargeait de la sécurité des directeurs. Un dispositif complet se déplaçait avec Sadiq et Youssef. Cinq tireurs d'élite, dont le cadre, et six hommes sur le terrain. La transaction était de grande valeur, mais la vérité résidait ailleurs. Sadiq souhaitait se débarrasser de ces hommes qui devenaient envahissants. En parallèle, Salim et Georgio prirent l'initiative d'entreprendre un grand nettoyage des lieux et du matériel dans les planques Alpha et Bravo. Il ne devait rester qu'une trentaine d'hommes en planque X-Ray. Je ne m'en plaignais pas. Nous obtenions une opportunité à saisir. Nous pourrions nous échapper sans attirer les soupçons. Grâce aux nombreuses informations trouvées sur l'ordinateur de Sadiq, je découvris qu'un exercice de grande envergure des forces spéciales françaises se déroulait le même jour, à une quinzaine de kilomètres. Sur tous les sites que je consultai, on retrouvait ce même exercice. Je crus à un moment qu'il me tendait un piège, mais Sadiq ignorait que j'avais accès à son ordinateur. Tout me paraissait parfait et tout l'était. Nous nous levâmes comme d'habitude, nous ne devions pas éveiller le moindre soupçon. En milieu de matinée, nous descendîmes dans le sous-sol, mais plus aucun buggy ne s'y trouvait. Avec le départ de 80 % des membres, c'était cohérent.

— Je ne l'avais pas anticipé. Nous devrons partir à pied. Je ne vois pas d'autres choix. Quinze kilomètres, en quatre heures, nous devrions nous en sortir, supposai-je.

Nous laissâmes les fusils que nous avions pris dans le sous-sol. Avec une telle marche, nous ne devions pas nous encombrer. Lorsque nous entrâmes dans le monte-charge, nous nous regardâmes en souriant.

— Vraie vie, désolée du retard. On arrive ! annonça Laura, en levant son bras.

Laura se retourna vers moi et m'embrassa langoureusement pendant plusieurs minutes. Je la regardai en rougissant. Je plaçai ma main sur sa joue en lui renvoyant le baiser qu'elle venait de m'offrir.

— Tiens, du courage, me souffla-t-elle dans le creux de l'oreille.

Nous passâmes la porte principale sans regarder derrière nous. Nous portions tous les deux nos treillis complets. À ma ceinture se trouvaient le couteau et l'arme de poing que je possédais depuis dix ans. Laura me semblait nerveuse. Même si son arme à feu se trouvait sur sa cuisse dans son étui, elle tenait son couteau dans la main. Elle jouait avec en guise de détente. Je pris sa main dans le but de l'aider à se détendre. J'emmenais un sac à dos dans lequel se trouvaient de l'eau, de la nourriture et une tenue de rechange chacune. Nous prenions aussi du matériel de première nécessité ainsi qu'une dizaine des dessins de Laura. Elle tenait plus que tout à les emmener même si je ne comprenais pas cette obstination. Nous commençâmes notre route vers la destination que nous indiquait le GPS que nous avions volé au GIT. Après huit cents mètres, j'entendis une voix familière et menaçante derrière nous :

Je ne meurs pas, je tue !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant