8. Force Spéciale Internationale

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Nous arrivâmes à destination. Alex se leva en premier et dit d'un ton ferme :

— Les informations au sujet du GIT et de leur ancien cadre en chef présent ici sont classifiées au plus haut niveau. Je vous interdis d'en parler à qui que ce soit. John, tu viendras avec Tom et moi pendant que les autres rangeront le matériel aux ordres de Sam.

— Que penses-tu que le général va dire ? dit John en donnant un léger coup de coude à son chef.

— Je ne sais pas, d'un côté, il va être ennuyé, mais d'un autre, il comprendra. On parle ici d'enjeux primordiaux à la sécurité d'état. Je reste convaincu qu'il se moque de cet exercice. Il ne servait que d'excuse afin de se rendre dans la zone, sans empêchement diplomatique. D'ailleurs Tom, je vais récupérer tes armes s'il te plaît. Ce serait mal vu que tu les gardes et tu n'en auras plus besoin, leur qualité me parait médiocre.

Nous sortîmes tous les trois. Nous avançâmes vers un homme mince et grand, dans un uniforme splendide entre le gris et le vert. Il portait une sorte de chapeau noir avec le dessus rouge. Le tout était recouvert de filaments d'or. Il arborait trois étoiles sur chaque manche. Je me fis la réflexion qu'il devait être le général. Je remarquai qu'il possédait de nombreuses médailles sur la droite de sa poitrine. Il me regardait avec un air dubitatif, cela s'expliquait sans mal, je ne devais pas me trouver ici. Alex et John s'arrêtèrent devant lui et ajustèrent leurs positions avant de placer leur main droite au niveau de leur tempe droite.

— Mes respects, mon général, dirent-ils au même moment

L'homme renvoya le mouvement de la main en les regardant, agacé.

— Vous m'expliquez pourquoi vous avez ramené un môme ? Et pourquoi vous êtes rentrés sans m'en avoir rendu compte au préalable ? Nous nous trouvons dans une zone protégée et sécurisée, il n'a rien à faire ici ! s'énerva-t-il.

— Mon général, j'aimerais que nous puissions discuter de tous les éléments tous les quatre. Les informations que je vous ramène s'avèrent confidentielles et vous expliqueront la raison de sa présence, annonça Alex avec une voix calme.

Il répondit d'un hochement de tête et se retourna. Nous le suivîmes jusqu'à un salon spacieux dans lequel se trouvaient plusieurs fauteuils. Après s'être installé, Alex commença les explications :

— Tout d'abord, le jeune qui se trouve devant vous vient de déclencher le code 199862. Un indicatif de secours des forces spéciales. Celui de l'ex-capitaine Dolbet.

— Le capitaine est mort depuis belle lurette, comment un enfant peut-il connaître son indicatif de secours ? grommela l'homme.

— J'ai pris l'initiative de le ramener pour plusieurs raisons. Le môme, comme vous dites, est le fils de l'ex-capitaine Dolbet enlevé le jour du drame. En prenant en compte mon amitié avec son père et les services rendus de ce dernier, je pense que le ramener était le minimum requis. Sans oublier que malgré tout, en plus de n'avoir que dix-neuf ans, il reste un ressortissant français en territoire ennemi. Vous vous en doutez, je n'ai pas demandé l'isolation dans cette pièce et la fin de la mission avec cette unique raison. Je le laisserais vous expliquer les détails que vous souhaitez. Je me contenterais de vous indiquer que nous détenons des sources qui nous donnent la certitude que le GIT ne peut pas œuvrer à cet instant. Ils resteront par ailleurs sur leur garde à la suite d'une fragilité dans leur rang. Mon général, je vous présente Tom Dolbet, ex-cadre en chef du Groupe international terroriste.

L'homme devant moi ne fronça pas un sourcil pendant tout le discours d'Alex. Il me paraissait imperturbable.

La dernière révélation lui fit perdre son sang-froid. Il se mit à me scruter et me demanda de lui transmettre mes connaissances sur le GIT sans lésiner sur les détails. Je pouvais parier que sa demande n'avait rien de professionnel et qu'il demandait cela à des fins de curiosité. Je lui racontai mon enlèvement, le fonctionnement des tatouages et les années au GIT. Face à lui, je me passai de lui raconter mes actes les plus fous, mais je n'eus pas d'autre choix que de lui raconter ma trahison planifiée et la mort de Laura. Je finis par dire que je souhaitais par la suite les détruire, quels que soient les moyens que je devrais employer. Comme j'omis beaucoup de détail plus personnel, cela ne dura qu'une trentaine de minutes. Et comme raconter tous ces évènements me rendait triste, je me sentais lasse de le raconter encore et encore. Je revivais sans cesse les scènes que je racontais. Je revoyais le regard meurtri de Laura, ressentais le contact de sa peau, entendais de nouveau les trois coups de feu et sentais son parfum mêlé aux sangs. Dans ce genre de moment, quand je fermais les yeux, je me voyais à la troisième personne. Arme fumante, Laura devant mes yeux, au sol. Je devenais son assassin. Je me sentais fautif de sa mort. Si je ne l'avais pas emmené avec moi, elle demeurerait en vie aujourd'hui. Je suis la raison de sa mort.

Je ne meurs pas, je tue !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant