5. Routine

7 0 0
                                    

Nous nous apprêtions à rejoindre les nouveaux membres de l'organisation. La porte de la salle à manger s'ouvrit et Youssef la franchit. Il nous regarda et nous dit que les enfants nous attendaient. Ils étaient cent trente-sept. Il nous précisa que Sadiq et lui ne viendraient pas. Ils souhaitaient nous laisser entreprendre les démarches du premier jour. Durant les prochaines semaines, Salim et Georgio prendraient la responsabilité de la formation. Les deux ans de formation porteront sur les armes de poing, les combats et les couteaux. Avant de partir, il me regarda et me rappela :

— Tu es le cadre en chef, ils savent qu'ils doivent te présenter leurs respects dès ton arrivée. Tu connais la coutume de respect en groupe comme ici ou quand tu le leur demanderas. J'insiste pour qu'il te respecte comme il se doit. Tu es certes jeune, mais tu restes leur aîné.

Salim, Laura et Georgio se levèrent. Ils commencèrent à partir vers le lieu de rendez-vous. Je saisis le bras de Laura, en la regardant.

— Tu ne le sens pas ? Je ne t'ai jamais vu si peu confiant.

— Ce n'est pas ça, mais je ne sais pas si je vais être à la hauteur. Je ne compte pas être tendre avec eux, mais est-ce la bonne pratique ?

— Soit comme tu le sens, quitte à ce qu'ils vivent la même éducation que nous. Tu deviens maitre de leur avenir, soit celui qui aurait fait de toi le meilleur !

Elle s'approcha de moi et m'embrassa tendrement pendant un court instant. Je la regardais, sans savoir quoi répondre. C'était la première fois que l'on s'embrassait. Je me contentai d'apprécier la douceur de son baiser. Elle m'attrapa la main afin de me faire comprendre que nous nous apprêtions à être en retard. Je fis de grands pas et la devançai de deux mètres. Je pris une confiance sans pareil, effaça mon sourire, les yeux d'une froideur à faire peur. Je continuais de marcher jusqu'à arriver à la porte extérieure. Je la franchis avec prestance et je vis un nombre important d'enfants. Ils se trouvaient en rang sur dix colonnes. Salim attendait devant eux, en les regardant. Son visage s'inclina vers moi lorsque j'apparus. Grand et mince, il s'était posté devant le groupe et les regardait avec mépris. Je ne voyais pas Georgio, où se cachait-il ? me demandais-je en continuant d'avancer. Salim haussa les sourcils et tourna sa tête vers les nouveaux membres :

— Personne ne vous a appris à présenter votre respect. Inclinez-vous face au cadre en chef, bande de merdeux !

Tous ensembles, ils posèrent leurs genoux droits au sol et baissèrent la tête en guise de respect.

— À vos ordres, cadre en chef ! s'exclamèrent-ils.

Une sensation de fierté me frappa le corps entier, comme un sentiment de puissance. Je m'efforçai de ne pas laisser visible cette fierté. En regardant au travers de la formation, je vis Georgio tenir le bras d'un enfant, et à côté de lui, je remarquai un autre enfant qui regardait vers moi. Georgio le tenait avec facilité, sa carrure lui donnait une grande force. Les deux enfants affichaient des bleus et une respiration rapide. On pouvait en déduire qu'ils venaient de se battre. Je ne réfléchis pas. Je contournai le groupe en fixant celui qui était isolé à plusieurs mètres de Georgio.

— Que s'est-il passé ? le menaçai-je.

— Il se moque de moi et me considère comme un nul. Il est méchant avec moi, répondit l'enfant, les larmes aux yeux.

— Et que veux-tu que ça me fasse ? criai-je.

Je continuai d'avancer vers lui. À son niveau, je posai ma main sur son épaule avant de la glisser sur l'arrière de son cou que je saisis. D'un coup sec, je le tirai vers moi dans le but de le faire basculer. En même temps, je cognai avec mon genou droit dans son estomac. Je le vis s'écrouler au sol et perdre connaissance. Je réalisai la force de mon coup quand je le vis cracher du sang, lors de l'impact de mon genou. Je tournai mon visage vers l'enfant que Georgio tenait et lui dit d'une voix calme, en souriant :

Je ne meurs pas, je tue !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant