Je t'aime... en silence

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- Demain je me mari. Enfin ! J'attendais ce jour depuis des années.

- Moi je redoutais ce jour depuis des années.

- Quoi... ?

- Non, je n'ai rien dis.

- Non, tu en as trop dis.

- Trop dis ? Trop dis, tu dis ? Trop en dire ce serait quoi ?
Ce serait te dire que ça a été dur... dur de te voir heureuse... dur de te voir rire, sourire et que la cause de tout ça c'est un autre homme que moi.
Ce serait te dire que je n'ai jamais osé parce que tu ne t'intéressais qu'à ces garçons qui sont mon exact opposé, parce que tu ne me regardais même pas, parce que tu étais voulu de tous et moi qu'est-ce que je suis ? Qu'est-ce que je suis devant eux tous ? Peut-être la petite plante dans l'envers du décors ou la bougie qui n'éclaire qu'une toute petite parti de la pièce. Je ne sais pas. J'aurais pu te demander qu'est-ce que je représente pour toi ou te dire les choses, mais à quoi bon ?
Rien n'aurait changé, à part le fait que peut-être tu jouirais de savoir que quelqu'un t'aime mais à part cela, rien n'aurait changé.
Alors t'aimer en silence est moins douloureux, te voir heureux de loin, est moins douloureux.

- Tu n'as pas pensé au fait qu'on aurait pu vivre quelque chose de magique tout les deux ?

- Si, j'y ai pensé. J'en ai rêvé, à peu près tout les soirs si je ne m'en abuse, mais tu sais il y'a quelque chose de plaisant dans les rêves, tout est parfait, tout se réalise exactement comme tu l'imagines.
Alors je me suis dis que quoi qu'il arrive, je préférerais toujours mes imaginations à notre potentiel histoire, je préférerais toujours ton sourire dans mon rêve, ton rire dans mon rêve, ta façon de me regarder dans mon rêve, de me dire les choses, de me sentir, de me toucher, de me faire rire.

- C'est de l'idéalisation.

- Mais c'est idéal d'idéaliser, c'est idéal pour éviter de souffrir. C'est idéal pour éviter de dire les choses. Certes, ce n'est pas réel, mais c'est idéal. Ce n'est pas réel mais on l'impression que la personne est là, même quand elle n'est pas là. On a l'impression qu'elle nous appartient alors même qu'elle ne nous connait pas.
Ce sentiment fort que je ressens pour toi, tu ne le ressentiras jamais pour moi. Parce que moi je t'ai vu, je t'ai entendu, j'ai lu en toi et ça a suffit. C'était une évidence pour moi.
Toi tu ne pourras jamais m'aimer d'une telle façon, ce serait faux, une comédie. Personne ne veut d'une comédie alors j'idéalise, j'imagine des faux scénarios dans ma tête. C'est beau, non, ce qui est beau c'est le sourire de nos enfants, qui n'existent que dans mon esprit, ce qui est beau c'est les larmes qui coulent sur tes joues quand je me suis agenouillé devant toi avec cette bague en main, ce qui est beau c'est d'écouter sortir de ta bouche un "je t'aime" que je n'entendrais jamais.

- Tu as été courageux de garder ça pour toi tout ce temps.

- Non ce n'est pas du courage, on a juste pas le choix. Notre rêve c'est de pouvoir le crier, c'est de pouvoir l'écrire, c'est de pouvoir le chanter, c'est de pouvoir le faire ressentir à l'autre. Ce n'est pas du courage, non, non, c'est de la tolérence. On tolère la souffrance, on l'accepte, on vie avec elle. Elle nous promet de ne pas nous faire trop de mal, on la croit, on l'accepte.
Le temps lui est notre ami, lui nous a promis que ça passerait, ça partirait.
Mais il ment, en vérité il a oublié de nous dire qu'il était impuissant car tant qu'on a pas fait le choix, le choix de passer à autre chose, de vouloir tourner la page, de se concentrer sur autre chose, le temps lui ne fera rien.
Il passera mais il n'emportera pas avec lui nos sentiments. Nos sentiments eux resteront, ils grandiront. On se dirigera alors vers la distance, mais elle nous dira que où que nous soyons, les choses ne s'arrangeront pas, nous chercherions à revenir, à chercher celui qu'on aime, on traverserait Terres, Mers, Ciels pour revenir. Car au lieu d'imiter nos pas et de s'enfuir, nos sentiments resteront, ils grandiront, alimenter par le manque et le déséspoir.

- Je ne sais pas quoi dire... C'est trop tard, demain je me mari.

- Oui et alors ?... S'il suffisait que je comprenne ça pour que mes sentiments partent, ma vie aurait tout d'un coup retrouvait un sens. Mais je t'aime. Et ce n'est pas grave. Je te regarderais éduquer ton premier enfant, je te regarderais être mère, grand-mère, arrière grand-mère, je te regarderais danser, chanter, je te regarderais regarder le coucher de soleil avec un autre, je te regarderais le regarder avec les plus beaux yeux du monde que sont les tiens.

- Tu penses réussir à m'oublier un jour ?

- Oui, j'oublierais sûrement ta couleur préférée, la marque des vêtements que tu portais, ton film Disney préféré mais le son de ta voix, de ton rire, le reflet de ton âme, non ça jamais. Ce serait trop m'en demander. Ce serait dur. Je le garderais enfui en moi.
Personne ne le saura et si un jour quelqu'un se rend compte que tu me manques, que je te cherche dans mes pensées, je lui dirais que c'est moi qui l'ai cherché, que tu es partie parce que c'était la énième dispute, je lui ferais croire un tas de chose juste pour qu'il ne devine jamais le mal que j'ai en moi et qu'il ne se doute pas que ma souffrance est éternel et que ce n'est rien d'autre que les séquelles, les séquelles de ne rien dire et seulement de penser qu'un jour, qu'un jour ça ira, ça passera...

Je t'aime... en silence.

À tout ces lecteurs...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant