À tout ces lecteurs...

La dépendance affective

- Elle est en train de me tuer.

- De qui tu parles ?

- Elle m'a dit...

- Qu'est-ce qu'elle t'a dit ?

- Elle m'a dit que je m'en sortirais pas... que je m'en sortirais pas sans toi. Elle m'a dit...

- De qui tu parles ?

- Elle m'a dit que c'est de toi que dépendait mon estime de moi, que sans toi je serais perdu, elle m'a dit que je me détesterais si tu partais, que je me trouverais plus jamais belle, que je ne me m'aimerais plus jamais, que plus jamais personne ne m'aimera.
Elle m'a dit que ma vie dépendait de toi. Que mon sourire, mon bonheur dépendait de toi.

- Je ne comprend pas, de qui tu parles ?

- Elle m'a dit "tant pis s'il t'a fait du mal, ton être dépend de sa seul présence", elle m'a dit que c'est seulement ton attention qui pouvait me sauver, seulement tes mots, tes bras, ton regard. Elle m'a dit que je n'avais pas confiance en moi. Mais que tu me redonnais confiance en moi, que j'avais l'impression pour la première fois, de pouvoir être aimée. D'être aimée.

- Tu deviens folle.

- Oui, folle de toi. C'est ça. La folie n'est pas un sentiment irraisonnable quand je songe à rester à tes côtés malgré tout. La folie n'est pas un sentiment irraisonnable quand je songe à t'appeller à 3h du matin parce que j'ai peur que tu m'abandonnes. La folie n'est pas un sentiment irraisonnable quand j'accepte tout ce que tu me fais pas peur de te perdre. La folie n'est pas un sentiment irraisonnable quand je ferme les oreilles à la raison qui me hurle en me suppliant déséspérément de partir. Et puis même si je pars, elle sera là.

- De qui tu parles ?

- Elle est de ton côté, elle sera là pour me ramener à toi. Elle ne m'aime pas, elle te préfère. Elle te préferera toujours et moi, impuissante, je la laisserais faire. Je la laisserais faire parce qu'au fond, j'en ai besoin. Ou non. Je crois en avoir besoin, elle est là la différence. Je crois que c'est de ça dont j'ai besoin pour vivre. Je crois que sans ça je ne vivrais pas. Ou que mon monde s'écroulera. Mon monde s'écroulera. Mais j'ai l'impression que je ne m'en remettrais jamais. Je m'en remettrais.

- Je m'en vais.

- Alors tu pars, tu ne penses pas à moi ? Tu sais que je me ferais du mal pour te récupérer, je serais prête à tout.

- Pourquoi.

- Parce que j'ai cette illusion...

- Quelle illusion ?

- Cette satané illusion...

- Laquelle ?

- Cette illusion que je suis en toi. Et que si tu pars, je pars aussi. Je ne puis me détacher de toi, de ton affection, pardonne-moi. Pardonne-moi pour que je puisse me pardonner. Pardonne-moi ou Je me tuerais. Reste. Reste, je t'en supplie. Même si tu continueras à m'en faire du mal, Reste, ça me fera du bien. Je ne t'aime pas, J'ai besoin de toi. Je ne te veux pas, J'ai besoin de toi.

- Lâche-moi. Je veux vivre.

- Mais je ne peux vivre sans toi, pense à moi. Laisse une porte ouverte, pour moi. Pense à cette petite fille en moi qui n'a pas reçu assez d'amour, de soutien, qui a toujours été délaissé, qui n'a jamais été écouté, donne lui de l'amour, elle en a besoin. Elle veut juste être aimée, elle veut que tu sois son héros.

- Tu dois régler tes problèmes.

- Ça ne se règle pas, ça vient de loin. On vit avec. On ne peut pas aimer correctement. On aime mais on aime mal. On aime pas vraiment. On aime un peu peut-être mais on aime surtout le fait qu'on nous aime. On aime surtout le fait de recevoir de l'affection, mais Oh ! Pourquoi vous nous en voulez ? On en a jamais reçu, ce n'est pas de notre faute, on ne connait que négligence, mépris, insulte, cris, douleur, souffrance.

- Je ne peux pas t'aider. Je suis désolé.

- Non, ne le sois pas. Ce n'est pas de ta faute, non. C'est de la faute de ce trou, ce trou en moi que j'ai, ce vide constant, ce vide qui me fait sentir vide, ce vide atroce, ce vide tu le combles.
Ce vide tu le fais sentir rempli de quelque chose, ce vide tu le fais vivre. Et ce vide ne pourra plus jamais se passer de toi, de tes mots, de tes caresses, de tes belles paroles.
Ce vide, si tu pars, tu ne le détruis pas, non sinon la vie serait facile, ce vide si tu pars, il te poursuivra, il te cherchera partout dans mon entourage, il cherchera à se combler à nouveau, et s'il ne te trouve pas, c'est pas grave, il y'en a 8 milliards comme toi, mais ne lui en voulez pas, ce n'est pas de sa faute, depuis sa tendre enfance, ce vide est habitué à chercher là où il ne trouve pas, c'est souvent là où il aime être, il a l'impression que c'est là où est sa place, il a l'impression que le monde d'un coup est devenu meilleur, il a l'impression d'être guéri. Mais dites lui, dites lui que ce sentiment est et restera à jamais qu'une simple et innocente croyance.

La dépendance affective.