Le décès

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- C'est drôle...

- Qu'est-ce qu'il l'est ?

- J'ai toujours l'impression qu'il est là...

- Tu n'as toujours pas fais ton deuil ?

- Comment...? Comment faire le deuil d'un être qui nous a été si cher. On ne fait jamais vraiment le deuil. Qu'est-ce que ça devrait être faire le deuil ? Accepter. Accepter de laisser partir. Pourquoi ? Je n'ai jamais accepté qu'il parte, je ne l'accepterais jamais.
Je voudrais à jamais qu'il revienne. Je donnerais tout pour qu'il soit à côté de moi... là... Maintenant... Je lui dirais que je l'aime, parce que je ne l'ai pas assez fais et je regrette. Je regrette de ne pas lui avoir prouvé à quel point je regretterais sa présence s'il décidait un jour de nous quitter. Il l'a fait sans me laisser le temps de lui dire au revoir. Je n'arrive même pas à lui en vouloir. C'est à la mort que j'en veux. Cette fin lugubre, injuste, instable, imprévisible. Pourquoi il y a-t-il une fin ? Pourquoi pas un début sans fin ? J'en veux à la mort, de m'avoir pris ceux que j'ai aimé. Ceux que j'aime. Ceux que j'aimerais pour toujours. Je lui en veux de ne me laisser que des souvenirs. Des larmes. De la nostalgie. Ne peut-on pas être ensemble toute notre vie ? Pourquoi faut-il qu'il y'en ait qui nous quittent sans prévenir, qui s'en vont en laisser derrière eux une trace indélébile. J'en veux à la mort. Elle nous prend tout. Je sais que demain si je m'en vais et si tu t'en vas et s'ils s'en vont, il ne restera plus rien de moi. Plus personne pour se souvenir de moi, de mon sourire, de mon rire, de ma façon de parler, de ma façon de danser. C'est pourquoi je pense à cette personne. Je pense à elle très fort, à peu près tout les jours. Pour être sûr qu'il y'a encore un esprit dans ce bas monde qui ne l'a pas oublié. Qui garde encore tout d'elle. L'histoire ne se souviendra peut-être pas de toi, mais moi mon cher, je t'emmène partout, tu ne me quittes pas. Et j'espère que là où tu es, tu te souviens encore de moi. Des nos moments passés ensemble, de la première fois où nous sommes allé au musée, de la première fois où nous avons regardé le coucher de soleil, de la première fois où nous avons dansé sous la pluie. Si tu n'y penses pas, ce n'est pas grave, il y'a encore un de nous deux qui ressasse tout ces souvenirs.
Et je ne t'en veux pas, je ne t'en veux pas d'être parti. Il n'y a pas de début sans fin, sinon tu serais encore là, pas vrai ? J'ose croire que oui. Et j'ose croire que tu es encore là. Que tu n'es pas parti. Que tu n'es jamais vraiment parti. Que l'éternité existe et que tu t'y trouves, tu m'attends. Et quand j'arriverais, tu riras et diras "tu y as cru ?" et je sourirais, je me sentirais bête d'y avoir cru, d'avoir cru qu'il y'avait une fin.

- Il faut que tu acceptes qu'il ne reviendra pas... La vie est encore en nous, nous devons avancer.

- Pour combien de temps ? Pour combien de temps la vie est en nous ? Ils l'ont perdus alors notre tour arrivera. Avancer vers quoi ? vers la fin ? Les secondes, les minutes, les heures, les jours, les semaines, les mois, les années passent et avancent, le temps également mais vers où ? Vers notre dernière heure. Nous sommes tous condamné au même sort. Personne n'y échappe. Alors je peux regretter ceux qui nous ont quitté en paix, dans l'espérance qu'on se rejoindra.
Laisse moi me morfondre et apprend, quand je partirais ce sera à ton tour de te morfondre. C'est triste ? Oui peut-être mais on n'y peut rien... Il y'a bien des choses tristes mais on ne peut les changer. Ainsi va la vie, toujours plus proche de la mort.

- Mais ne pas profiter de la vie est une erreur, certes nous sommes tous mortels mais ce n'est pas une raison pour ne pas vivre sa vie.

- Pourquoi ce ne serait pas une raison ? Je ne veux pas t'attrister d'avantage, je ne dirais pas une phrase de plus si ce n'est que la vie serait plus belle si elle n'offrait pas une fin à toutes les histoires qu'elle faisait vivre. Je n'aurais plus de raison de me morfondre, je n'aurais plus de raison de pleurer, de déprimer.

- À quoi serviraient tes jolies larmes ? C'est bien triste mais, je pense que les choses sont bien faite, tout a une raison.

- Je ne veux plus de la raison, elle me rend folle. Elle me désespère. À vrai dire je la déteste, à cause d'elle, je ne peux espérer, je ne peux espérer revoir ceux que j'aime et qui sont au cieux, à cause d'elle je ne rêve plus haut, je la déteste. Elle rationnalise mes pensées, elle les limite, elle me fait voir la réalité, une réalité que je déteste tout autant qu'elle, une réalité qu'on me force à accepter, une évidence qui n'en est pas une pour moi.
J'aimerais crier, j'aimerais le dire que ce n'est pas juste, qu'il y'en a qui ne mérite pas de fin, que les bonnes âmes méritent de continuer à remplir ce monde horrible, qui n'a même pas daigner les retenir quand elles sont parties. Qui est capable de faire naître mais qui est impuissant face à la mort.

- Je suis désolée pour cette personne que tu as perdu dans ta vie, tu n'es pas tout seul d'accord ? Malheureusement, tout le monde passe par là. Si tu veux lui laisser un message, n'hésite pas. Qu'aimerais tu lui dire ?

- Je t'aime. Chaque jour est un combat, je vis maintenant pour toi, je vis maintenant de toi. Je sais qu'on ne se reverra pas, je sais que c'est bel et bien la fin, mais je suis heureuse... Oui heureuse de pouvoir dire fièrement que je t'ai rencontré et que je t'ai connu et que ça restera à jamais le plus beau passage qu'on ai fait dans ma vie.

Le décès

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