Traque Ardente - T1 (Terminée)

Chapitre 9

Chapitre 9

Anna

Je suis indécise quant à ma tenue pour le concert de ce soir. Anticipant la chaleur de la foule, j'hésite entre une robe mi-longue turquoise, ou une jupe verte avec un tee-shirt blanc. Après quelques essais, je choisis finalement de porter un short en jeans bleu ciel et un body rouge. Je finis par enfiler mes baskets, puis rejoins le pont, laissant derrière moi une chambre en pagaille. Tyler n'est pas encore là, il doit certainement finir de se préparer, enfin, s'il ne s'est pas dégonflé...

Je ne comprends toujours pas cette sortie. J'appréhende énormément ce qui va se passer mais je m'efforce tout de même de lui donner une autre chance, bien que je ne sois pas sûr qu'il la mérite. Peut-être que tout se passera très bien après tout ? C'est ce que je tente de me répéter tout le temps où je l'attends. Il est en retard, on s'était dit 19h00 sur le pont, et il est déjà 19h15. Ce n'est pas son genre d'être en retard ; habituellement, il est toujours en avance et me réprimande pour chaque minute que je manque.

Je finis par capituler, blasée mais pas surprise, mais alors que je m'apprêtais à me lever pour regagner ma chambre, ce dernier apparu sur le pont avec un manque d'assurance frappant. Il dégage toujours une confiance en lui exacerbée ainsi qu'une arrogance détestable, mais pas cette fois. Un léger soulagement m'envahit en le voyant. Il a probablement passé ces quinze dernières minutes à se livrer un combat contre lui-même pour se décider s'il viendrait ou non. Ou peut-être cherchait-il une excuse pour se défiler... Finalement, il est là. Je n'y croyais pas, je pensais réellement qu'il me planterait.

Il se dirige vers moi avec nonchalance, une main dans la poche, et l'autre qui lui frotte l'arrière de la tête. Son expression semble à la fois détendue et préoccupée. À quoi peut-il bien penser en ce moment ? Il est vêtu d'un jeans clair décontracté et d'un tee-shirt blanc qui dessine sa carrure musclée. À chaque fois que je le vois ainsi, cela me rappelle à quel point il est imposant. J'en déduis qu'il sort tout juste de la douche, à en juger par ses mèches noires qui lui retombent sur le front et qui dégoulinent encore.

— Tu es en retard, fis-je remarquer.

— Je n'ai pas vu l'heure. On y va ?

Je plisse des yeux en le dévisageant, l'air suspicieuse. Je suis sûre que c'est un mensonge, mais je ne renchéris pas et le suis jusqu'à la voiture. Il ouvre la marche en passant devant moi ; derrière lui flotte un envoûtant parfum de gel douche citronné. Ce guignol s'est vidé la bouteille dessus pour que ça sente si fort, ou quoi ?

Sur le chemin, il demeure plongé dans le silence total, toutefois, c'est lui qui prend l'initiative d'allumer la radio. Je peux voir ses mains se crisper sur le volant à mesure que ses phalanges blanchissent. Sa mâchoire se contracte régulièrement. Il est nerveux, mais qu'est-ce qui peut bien le mettre dans cet état ? La route jusqu'à Los Angeles sera longue. Très longue...

Nous voilà prêts à entrer dans l'immense salle de concert. Des milliers de personnes sont déjà là, attendant patiemment l'arrivée du groupe. Tyler nous a trouvé des billets à la sauvette et les montre au vigile présent à l'entrée. Nous y sommes. Je n'en reviens toujours pas. Nous tentons de nous frayer un chemin dans la foule, histoire de nous rapprocher un peu plus près de la scène. Il y a vraiment beaucoup de monde, si bien qu'en avançant, je manque plusieurs fois de le perdre ; alors d'un geste purement irréfléchi, je me suis agrippée à son tee-shirt. Surpris, Tyler s'arrête brusquement avant de se retourner pour me dévisager. Je me mets à rougir instantanément, morte de honte par ce que je viens de faire. Je m'attends à ce qu'il me fusille du regard et me fasse une remarque cinglante, mais rien. À la place, il m'attrape la main et reprend sa route en me traînant derrière lui. Je demeure complètement ahurie face à ce geste, bouche-bée, je le suis sans broncher.