Traque Ardente - T1 (Terminée)

Chapitre 26

Chapitre 26

Je viens de m'habiller. La douche n'a pas réussi à laver ma conscience comme j'ai pu l'espérer. Je crois que je déteste celle que je suis devenue, aussi froide et insensible.

Tyler frappe à ma porte alors que j'étais en pleine réflexion devant mon miroir. Je l'invite à entrer, la dernière fois qu'il est venu dans ma chambre, c'était pour me rassurer quand je faisais des cauchemars. Cette fois, il venait voir comment la meurtrière se portait.

— Comment tu te sens ?

Cette simple question suffit à déclencher un ressentiment inexplicable en moi.

— Vide, Tyler. Je suis putain de vide !

Le désespoir se fait ressentir dans ma voix. Ma respiration est à nouveau saccadée, je suis en proie à mes angoisses. Cette fois, je viens de réaliser ce que j'ai fait, mais je ne ressens toujours rien, et ça m'effraie.

— Anna...

— POURQUOI EST-CE QUE JE NE RESSENS RIEN ?!

— Anna, écoute-moi.

— JE DEVRAIS RESSENTIR QUELQUE CHOSE ! JE VIENS DE TUER DEUX HOMMES ET JE NE RESSENS RIEN ! JE SUIS UN MONSTRE ! hurlai-je sans prendre la peine de l'écouter.

— Anna, tu n'es pas un monstre, regarde-moi.

Tyler est d'un calme presque déroutant. Il s'empare de mon visage pour me forcer à le regarder, puisque je ne voulais toujours pas l'écouter.

— Tu n'es pas un monstre.

Je détache ses mains de moi avant de reculer instinctivement de quelques pas, comme pour instaurer une distance de sécurité. Mais pour protéger qui ? Le protéger lui, de moi ?

Je me mets à secouer négativement la tête, tout en riant nerveusement.

— Tu ne peux pas dire ça ! Pas après ce que je viens de faire ! Mais comment est-ce que tu peux encore me regarder dans les yeux ?

Son regard devient dur, et moi, j'ai l'impression d'être encore plus brisée que je ne l'étais. La crise d'angoisse s'empare bientôt de moi, une fois encore durant cette soirée. Je sens mon corps trembler entièrement et me lâcher progressivement. Je revis ces instants de malaise avant le drame.

Tyler continue de me répéter que je ne suis pas un monstre. Comment puis-je le croire ?

— Je n'ai plus rien d'humain à ce stade, dis-je désemparée.

Sa mâchoire se crispe, il fronce les sourcils avant d'expirer.

— Viens. Je vais te montrer que tu n'es pas un monstre et que tu es pleinement vivante.

Il me tend sa main pour m'inviter à le suivre. J'hésite une seconde, ne sachant pas ce qu'il avait derrière la tête.

— C'est quoi ta plus grande peur ? continue-t-il.

— Euh... J'ai le v-vertige.

— Encore mieux.

Il finit par me saisir la main pour m'entrainer sur le pont.

Comment ça ? Comment ça, encore mieux ? Qu'est-ce qu'il comptait faire ? Où est-ce qu'il compte m'emmener ? Je regrette aussitôt de lui avoir répondu. Je m'insulte silencieusement pour cette imprudence.

Nous reprenons place dans la voiture avant qu'il ne démarre. La peur me tord le ventre. Je viens de le suivre bêtement dans je ne sais quel plan sûrement foireux, je pouvais m'attendre à tout de sa part. Surtout après ce qui s'est passé.