Je suis de retour à Eagle Mountain Academy. C'est toujours cette même école somptueuse, studieuse et dirigée d'une main de maître par les RES.
Pourtant, tout semble avoir changé.
Parce qu'Easton Cooper ne me regarde plus comme si j'étais son monde...
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15 ANS
— Je vais le faire, assuré-je à ma mère alors que l'énorme lame du couteau est déjà posée sur mon poignet. Je te jure que s'ils m'approchent, c'est pas chez les fous que vous m'enverrez mais à la morgue.
Je ne suis pas folle putain ! Je vais bien. Ils n'ont pas le droit de me faire ça !
— Jennie... tente-t-elle mais je secoue vivement la tête.
Je vais bien. Tout va parfaitement bien et je ne mérite pas de finir enfermée. Je ne fais de mal à personne et je gère parfaitement la situation. Tout va bien. Ma mère me fixe avec des yeux emplis d'inquiétude, de douleur, mais je ne peux pas voir au-delà de ma propre colère. Ils veulent m'envoyer dans un endroit où je ne pourrais pas échapper à mes démons, où ils pensent qu'ils pourront me débarrasser de cette dépendance qui n'existe pas. Parce que je vais parfaitement bien ! Ce sont des menteurs. Easton, qui m'a dénoncé à ma mère, est un menteur lui aussi. Mais ça, ce n'est pas nouveau, il m'a aussi raconté des conneries quand il m'a dit qu'il m'aimait. La preuve, il a choisi son amitié avec mon frère plutôt que moi.
Tout va parfaitement bien, répète-je mentalement, ignorant les cicatrices visibles et invisibles qui marquent mon corps.
— Jennie, ma chérie, écoute-nous, s'il te plaît, implore ma mère d'une voix tremblante.
Je secoue de nouveau la tête alors que la lame tremble sur ma peau.
— Non, je ne vais pas écouter ces conneries. Je n'ai besoin de personne pour me dire comment vivre ma vie. Tout va bien, maman, pourquoi ne peux-tu pas le comprendre ?
Je sens le métal glacial du couteau mordre légèrement ma peau, mais la douleur physique n'est rien comparé à la rage bouillonnante à l'intérieur de moi. Ils pensent tous que je suis perdue, qu'une cure de désintoxication dans un hôpital psychiatrique va résoudre tous mes problèmes, mais ils sont aveugles à ma véritable réalité.
— Jennie, tu ne te rends pas compte de ce que tu fais. On t'aime, on veut t'aider, insiste ma mère.
— Tu m'aides ? C'est ça, m'aider ? Me jeter dans un asile comme une tarée ?! ma voix monte d'un cran, débordant de colère.
Ma mère me regarde avec des yeux dégoulinant de douleur.
— Jennie, tu te fais du mal, tu ne vois pas que tu as besoin d'aide ?
— Je n'ai besoin de rien ! Tout va bien. Laissez moi tranquille ! hurlé-je, laissant éclater toute ma frustration.
Ils ne comprennent pas. Ils ne voient pas la beauté de mon chaos intérieur. La douleur, l'ivresse, la défonce, les marques sur ma peau, tout cela fait partie de moi. C'est mon évasion, ma liberté. Et ils veulent me priver de tout ça.
