35. Une marche après l'autre

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— C'est mort, je reste ici, laissez moi tranquille, je gronde en levant les yeux

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— C'est mort, je reste ici, laissez moi tranquille, je gronde en levant les yeux.

La tour Eiffel est peut-être un incontournable de Paris pour le reste du monde, mais pour moi, c'est juste un morceau de métal qui doit supporter bien trop de poids pour son âge. Il est absolument hors de question que je monte ses marches qui risque de craquer sous mon poids à tout moment. C'est mort.

— Trouillarde, ricane mon frère.

Je lève les deux majeurs en l'air tandis que notre prof d'histoire se tourne vers moi.

— Jennie, je ne vais pas te laisser seule ici.

— Oh si, affirmé-je, vous allez le faire, parce que moi, je monte pas là-dedans. Je suis trop jeune pour mourir !

— C'est pas ce que tu disais quand t'avais une aiguille dans le bras.

Je ne sais pas d'où vient cette voix et à vrai dire, je suis tellement... choquée, par les mots que je viens d'entendre que je ne cherche même pas à savoir qui a bien pu les prononcer. Je recule d'un pas, comme si je venais d'être heurter par un putain de camion. C'est la même douleur, je suppose, l'impact est tout aussi violent, aussi soudain, comme un coup de poing qui me coupe le souffle. Les mots résonnent dans ma tête, se répètent encore et encore, me percutant de plein fouet. Une aiguille dans le bras. Une simple phrase, mais elle me ramène brutalement à une époque que je voudrais oublier, à des moments où tout semblait perdu, où je n'avais plus rien à quoi me raccrocher.

Je sens mes mains trembler légèrement, ma gorge se nouer. Autour de moi, tout devient flou, les visages des autres élèves, les bruits de la ville, même la silhouette imposante de la tour Eiffel. Je suis soudain ramenée à cette époque où j'étais au plus bas, et ce souvenir me paralyse. J'ai l'impression que tout le monde me regarde, que leurs regards sont chargés de jugement, de mépris, de pitié. Je déteste cette sensation. Je déteste être renvoyée à cette image de moi-même, cette version de moi que je tente désespérément de laisser derrière.

Je croise le regard d'Easton, une nano-seconde avant qu'il ne se tourne et comble l'espace qui le sépare de Samuel. Le clignement de paupière suivant, le poing d'East s'enfonce si violemment dans la mâchoire de Samuel que celui-ci perd l'équilibre et s'effondre sur le sol. Notre professeur laisse échapper un cri qui résonne dans ma tête comme un son étouffé tandis que les potes de Samuel se rut sur Easton, vite rejoint par Shawn et Ren.

Et c'est là, sous la putain de tour Eiffel, encore une fois à cause de moi, qu'une bagarre entre les RES et les amis de Samuel, éclate. Je suis presque sûre de voir Jay retenir une fille par les cheveux. La cohue autour de nous est absolument chaotique. Tout se passe en un instant, comme si le monde entier avait basculé dans la folie à cause de ces quelques mots. Mon cœur bat à un rythme effréné, et je reste figée sur place, incapable de bouger, comme si mes jambes avaient été soudainement transformées en plomb.

Eagle Mountain Academy Tome 2 : Under Your ChaosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant