Je suis de retour à Eagle Mountain Academy. C'est toujours cette même école somptueuse, studieuse et dirigée d'une main de maître par les RES.
Pourtant, tout semble avoir changé.
Parce qu'Easton Cooper ne me regarde plus comme si j'étais son monde...
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C'est étrange de se sentir comme une étrangère dans sa propre maison. Hier soir, lorsque j'ai débarqué comme une fleur, je n'avais pas ressenti ce malaise. Ce matin, en revanche, alors que je viens de retourner les trois salles de bain de l'étage, c'est flagrant. Ma migraine est insupportable, mon corps n'ayant plus pour habitude d'avaler autant d'alcool, mais je ne trouve pas ces putain de médicaments.
Avant, ils étaient systématiquement rangés dans la salle de bain commune, mais je ne parviens pas à remettre la main sur la trousse à pharmacie. Il n'y a rien et je vais vraiment finir par me taper la tête contre les murs si je ne trouve pas un moyen de calmer ce marteau-piqueur qui a élu domicile dans mon crâne dès le réveil. Je presse mes tempes en espérant que la pression suffira à le faire taire mais tout semble vain.
J'ai l'impression d'avoir fait un bond dans le temps, me propulsant directement à l'époque de ma première cuite, sauf que là, j'avais des antidouleurs pour compenser. Je pensais que c'était comme le vélo, que le corps n'oubliait pas comment se bourrer la gueule sans en ressentir les effets néfastes le lendemain. Le mien lève ses deux majeurs et se fout bien de ma naïveté.
Avant de devenir barge, je traîne ma carcasse en direction de la chambre de Shawn. Je ne prends pas la peine de frapper avant d'entrer et quand la porte vient heurter le mur, je me maudis de la brusquerie de mon geste. L'échos résonne, n'a aucune pitié pour ma pauvre petite personne. Je jette une œillade mauvaise à ce morceau de bois responsable de mes maux actuels avant de tourner la tête vers Shawn.
— Jennie, putain, gueule-t-il.
Si mon regard se durcit, ce n'est pas parce qu'il est en train de prendre une nana en levrette, mais parce que mon connard de frère ne peut pas s'empêcher d'hurler dès le matin. En réalité, je prête à peine attention à sa nudité, encore moins à celle de la nana qu'il baisait et qui tente de se cacher. Je roule des yeux avant de marmonner :
— Médocs contre la gueule de bois ?
— Cuisine. Dégage.
J'obtempère sans attendre et quitte sa chambre sans prendre le temps de fermer la porte derrière moi, ce que je regrette lorsque sa voix surgit de nouveau dans le couloir et qu'il la claque si fort que le cadre de la famille parfaite accroché au mur tremble.
Je vomis ce cliché, certainement autant que les habitants de cette baraque, mon frère compris dans le lot. Comment cet abruti à pu croire une seule seconde qu'un simple internat pour jeune fille aurait pu me retenir prisonnière aussi longtemps. Il est loin d'être bête, alors pourquoi diable n'a-t-il pas cherché plus loin ?
Je ne parle même pas de mes parents. Ces gardiens de ma prison mentale, pensent-ils vraiment que tout est résolu maintenant que je suis de retour sous leur toit ? Ils m'ont privée de ma liberté, de mon chaos. Et Easton, ce traître qui a trahi mes secrets les plus sombres à ceux qui prétendent être ma famille. Je les hais tous.
