Chapitre 5 - Dean

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J'interpellais Naos dans la maison, alors qu'il s'apprêtait à rejoindre le rez-de-chaussée. Il tourna son visage mal réveillé vers moi, sur lequel la marque de son coussin était encore visible. Ses yeux sombres inexpressifs me scrutèrent avec indifférence, et il resta silencieux jusqu'à ce que je me décide.

« Je t'emmène ? L'interrogeais-je. »

Il fronça ses sourcils châtain, retroussant son nez. Je savais que mon comportement soudain le questionnait. J'avais toujours fait en sorte de conserver mes distances avec lui, parce qu'il était à la fois une bombe à retardement mais aussi pour des raisons plus personnelles... Sauf que j'en avais assez.

« Tu commences plus tard que moi, souligna-t-il avec méfiance.

-Ouai, mais je vais retrouver Gaby plus tôt, mentis-je. »

Gaby, de son nom Gabrielle, était ma petite-amie. Cela enthousiasmait mon père, puisqu'elle était sympathique, polie et douce. Il l'adorait alors que je me demandais pourquoi j'étais avec elle si ce n'était par habitude. De plus, mon esprit était occupé par quelqu'un d'autre.

« Okay, accepta finalement Naos en se remettant en mouvement. »

Un poids disparut de mes épaules, et un léger sourire naquit sur mon visage. Je devais absolument prendre l'avantage de la veille, après que nous ayons longuement discuté de tout et rien. Je ne devais pas laissé ma chance me filer entre mes doigts, et il fallait que je continue de casser ces murs qui s'étaient érigés entre nous. C'était le seul moyen. Je me hâtais donc de retourner dans ma chambre, emplie d'objets et de cadre au contraire de celle du fils de ma belle-mère, qui était épurée. J'avais la sensation que Naos n'attendait que sa majorité pour retrouver son père, et s'éloigner de notre foyer. Il avait toujours pris grand soin de conserver une distance avec tout le monde, sa mère comprise. Cette dernière le sentait et s'en agaçait autant qu'elle s'en mordait les doigts. Elle préférait donc tout rejeter sur le dos de son ancien compagnon plutôt que de saisir que cela venait tout d'abord de Naos. Il n'avait pas envie d'avoir qui que ce soit accroché à lui, cela se traduisant aussi dans le fait qu'il avait recalé toutes les filles qui s'étaient approchées de lui. Parfois, d'ailleurs, je me questionnais sur sa sexualité. Il ne cachait rien mais ne parlait pas non plus. Je me demandais aussi si ses amis en savaient plus que nous.

« Dean ! Hurla-t-on.

-J'arrive ! Rétorquais-je en me hâtant. »

Je me saisis des clés de ma voiture et filais dans les escaliers. Je saluais Johanne, sa mère, et mon père. Puis, j'arrivais à la hauteur du garçon au style punk. Il était vêtu de son éternelle veste en simili cuir et de ses pantalons sur lesquels il y accrochait des chaînes, que sa mère avait en horreur. Je trouvais que cela lui allait parfaitement. Il joua avec son anneau à la lèvre, signe qu'il s'impatientait et s'irritait. Je me dépêchais donc d'enfiler mes chaussures et indiquais au garçon :

« Je suis prêt. »

Il roula des yeux, tout en arguant :

« Je ne l'aurais jamais deviné. Grouilles, j'ai rendez-vous avec Justin pour un devoir. Si je ne suis pas à l'heure, il va m'arracher la tête. »

Ce qui m'étonnait chez Naos, c'était sa propension à traîner avec des gens différents de lui et aussi de ce à quoi on s'attendait. Justin était l'un des plus gros nerd du lycée, et une rumeur sur son homosexualité courrait. Alors que beaucoup aurait voulu le pousser à bout par pur amusement, la présence de Naos dans son entourage en refroidissait plus d'un. Personne n'était ignorant de ce dont était capable ce garçon. Même si j'étais connu pour être sanguin, il était connu pour être capable d'exploser sans prévenir. Il restait souvent calme, suffisant. Or, si quelqu'un osait faire une chose qui déviait de ses valeurs ou à un de ses proches, il n'était pas à l'abri de passer un sale quart d'heure. C'était notamment le cas de l'ex de Maïa, qui avait osé la traité de salope. Ce dernier s'en souvenait encore. Ce seul mot avait mis Naos hors de lui, alors même que personne ne l'aurait jamais pensé. Depuis, une rumeur sur son instabilité mentale traînait et j'étais souvent questionné à son propos.

On dit que les opposés s'attirent...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant