Chapitre 8 - Naos

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« Tu t'es encore fait viré ! S'énerva ma mère, les mains sur ses hanches et son visage déformé par la colère. »

Je me retins de rouler les yeux et la regardais comme si sa colère me passait au-dessus. Ce qui n'était pas un mensonge. J'attendais toujours que sa rage passe. Comme l'orage, ce n'était qu'une question de temps.

« Cinq fois en moins d'une semaine ! Je t'ai mieux éduqué que ça ! S'époumona-t-elle. »

Je fis attention à ne pas soupirer de lassitude, et me contentais d'observer derrière ma mère. Carl était assis à la table, aspiré par son journal tandis que Dean venait de quitter la pièce au moment même où le ton s'était haussé. Deux doigts se claquèrent devant ma vision, et ma mère m'agressa :

« Tu m'écoutes ?

-Honnêtement ? Ne tins-je plus, non. Ce n'est pas en hurlant que tu me feras réagir. »

Son tin devint plus rouge encore alors qu'elle gronda :

« Pardon ?

-Les adultes, vous pensez toujours tout savoir, soufflais-je. Vous « comprenez » mieux que nous. Sauf que ce n'est pas en nous infantilisant que vous réussirez quoi que ce soit avec nous, les jeunes. »

Mes orbes rencontrèrent celles de Carl, qui venait de redresser son visage dans ma direction. Il eut un air intrigué mais je m'intéressais de nouveau à ma mère. D'une voix las, je poursuivais :

« Nous sommes égaux, aux dernières nouvelles. Avec ou sans majorité officielle. »

Je me remis en mouvement dans le salon aux couleurs neutres, et me dirigeais vers la cuisine en prenant soin d'éviter ma mère.

« Restes ici quand je te parle ! S'agaça-t-elle. »

Je m'arrêtais à sa hauteur, la toisais et notais :

« A quoi bon te respecter quand tu ne le fais pas ? »

Sur ces paroles, je saluais d'un signe de tête Carl avant de me diriger vers ma chambre. Par chance, les parents avaient la leur en bas. Cela permettait d'avoir une forme d'intimité. Je me posais lourdement sur mon lit, posant mes coudes sur mes genoux, et soupirais longuement. Mes mains vinrent frotter mon visage. Ce genre de prises de tête étaient usantes et inutiles.

« Tu veux jouer à la console ? Proposa alors Dean, qui me fit sursauter. »

Je secouais mon visage, le palpitant cognant dans ma cage thoracique. Je lui rétorquais, en tordant mes lèvres :

« Je ne suis pas du genre jeux vidéos.

-On peut jouer au scrabble aussi, tenta-t-il. »

Je ris.

« Non pas que je n'aime pas jouer aux scrabble, mais cette phrase peut être ambiguë. »

Le visage de mon demi-frère vira au rouge, et j'écarquillais les yeux sous cette réaction soudaine. Finalement, mes lèvres se recourbèrent sous l'amusement, et je ne pus m'empêcher de le taquiner :

« Je ne te pensais pas aussi pudique. »

Il détourna son regard, préférant soudainement le couloir à ma vue. Sa mâchoire tiqua, et je compris qu'il se sentait dans une impasse. Cette remarque le perturbait plus et il devait considérer que j'outrepassais ses limites. Je me relevais donc, les mains sur les genoux. Je quittais mon lit aux draps sombres et m'approchais de lui. Il eut un mouvement de recul et son regard se fit méfiant. J'arrivais dans le couloir, remarquant qu'il était bien plus grand que moi et mes prunelles arrivaient à ses lèvres, pleines. Finalement, je redressais mon menton.

On dit que les opposés s'attirent...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant