Chapitre 9 - Naos

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Mes foulées s'étendirent, mon souffle était quant à lui raccourcit par l'effort. Petit à petit, j'atteignis la ligne de fin de course et me laissais tomber sur le sol, bras et jambes écartées. J'avais l'impression que mon palpitant battait dans mes tempes. Le vent se leva légèrement et me fit du bien. J'en soupirais de plaisir.

« Tu n'es vraiment pas sportif, souligna Maïa. »

J'ouvris mes paupières et remarquais un visage au-dessus du mien, à quelques mètres de là. Elle me tendit sa main et je me redressais difficilement, pour ensuite la lui attraper. Une fois de nouveau sur mes pieds, je saisis mon T-Shirt de sport pour me nettoyer le visage.

« Je hais le sport, maugréais-je.

-Et moi dont ! J'aimerais aller lire plutôt que de vivre cette torture. »

Je soufflais un rire, acquiesçant. J'entendis alors un cri au loin et je redressais mon visage pour apercevoir le groupe de footballer américain. Maïa suivit mon regard sur le groupe, dans lequel on pouvait remarquer plusieurs têtes se mêler.

« Le coach a l'air bien excité, notais-je. »

Mon amie pouffa, et argua :

« Joey me dit toujours que c'est un vrai tyran. »

Il était vrai que Maïa vivait une histoire à l'eau de rose avec le capitaine de ce groupe, dans lequel mon frère était une part. Je captais sa silhouette de loin, alors qu'il était légèrement en retrait en train de se passer une main dans les cheveux. De dos, je pouvais noter la tenue qui élargissait ses épaules, qui étaient déjà carrées. Je devinais aussi son pantalon qui moulait ses jambes puissantes et son fessier rebondis. Objectivement, mon demi-frère était canon. Subjectivement, cette idée me perturba. Depuis quand sondais-je le physique de ce dernier ? Je détournais le regard, comme brûlé par sa vue, et remarquais alors que Maïa mit ses mains de part et d'autres de sa bouche, et s'époumona :

« Vas-y Joey ! »

Je fus forcé de regarder le groupe de sportifs, dont beaucoup s'étaient retournés sous l'appel de la jeune fille.

« Génial, maugréais-je. »

Comme aimanté par son appel, le capitaine se détacha du groupe, non sans se détourner un instant... sur mon frère. Ce dernier se mit donc à marcher à son tour vers nous. Je grognais, ne pouvant pas réellement foutre le camp puisque ma camarade décida de m'attraper par le bras et de me tirer vers les deux hommes. En quelques pas, nous arrivâmes auprès d'eux. Joey s'empressa de s'intéresser à sa petite amie tandis qu'il lui expliquait :

« Le coach a accepté un peu de répit. Cinq minutes, pas plus. »

Je scrutais un instant le couple, formé depuis quelques mois déjà. Maïa avait toujours eu de bons liens avec tout un chacun dans ce lycée, et la voir se mettre avec une star du lycée n'avait pas été aussi surprenant que ça. Simplement, cela incluait de nous traîner désormais dans leurs soirées...

« Salut Naos, dit alors Joey. »

Je plantais mes yeux dans les siens, me contentant de faire un mouvement de menton en guise de salutations. En réalité, je cherchais à m'éclipser.

« Je vais aller aux vestiaires boire de l'eau pour profiter de la pause que tu as négocié Jo, indiqua alors Dean avant de se tourner vers moi. Tu m'accompagnes, Naos ? »

Je plissais les yeux un instant, méfiant. Cependant, le blond ajouta :

« Je n'ai pas envie de tenir la chandelle.

-Dis celui qui vient d'éviter Gaby, se moqua alors Joey. »

Dean ignora royalement la remarque de son ami et s'avança vers moi, passant son bras sur mes épaules et me balançant ses effluves de sueurs en plein nez. Je fronçais ce dernier, en grognant :

« Je n'ai pas besoin de ton odeur de bouc sur moi. »

Un rire chatouilla mon oreille tandis qu'un souffle vint se briser sur mon profil. Je jetais un coup d'œil, en coin, à Dean dont le visage était proche du mien.

« Passage obligé pour fuir ces deux-là, assura-t-il. »

J'émis un râle, avant de me laisser traîner par mon demi-frère jusqu'aux vestiaires. Nous passâmes donc devant quelques uns de nos camarades, qui s'empressèrent de chuchoter entre eux. Je les fusillais du regard, une menace dans mes orbes alors que Dean déclara :

« Arrête de leur faire peur, on dirait que tu vas les bouffer.

-Je vaux mieux que ça. Les torturer et dépecer oui, mais bouffer non. »

Nos pas étouffé par l'herbe s'arrêtèrent un instant et je fus forcé de croiser le regard ahuris de Dean face à mes propos.

« Tu utilises l'humour noir, je note, marmonna-t-il. »

Je ne répondis rien et m'empressais, au contraire, de trouver un autre sujet. Je le trouvais avec aisance lorsque les paroles de Joey me revinrent en mémoire.

« Ça ne va pas fort avec Gabrielle ? M'intéressais-je. »

Je regardais brièvement Dean, le voyant se rembrunir, avant de m'intéresser aux alentours et au bâtiment dans lequel les vestiaires se trouvaient. Sa couleur blanche réverbérait le soleil, et cela me força à plisser mes paupières.

« Je pense qu'elle ne m'intéresse plus, déclara-t-il dans un murmure. »

Je notais qu'il faisait attention aux oreilles indiscrètes. Je me rapprochais donc de lui, qui me tenait encore sous son bras, et je redressais mon visage pour lui susurrer dans l'oreille :

« Pourquoi ? »

Je sentis sa prise se serrer tandis que sa mâchoire se tendit. Cette conversation devait l'agacer, sûrement parce qu'il avait déjà dû en parler avec ses amis. Il resta un instant silencieux et le temps qu'on atteigne les vestiaires, il marmonna :

« Quelqu'un d'autre m'intéresse en fait. »

Un sourire moqueur éclaira mon visage et je lui assénais un coup de coude léger dans les côtes, en ronronnant :

« Oooh, mais qui est la grande élue ? »

Il me lâcha finalement, alors que nous étions désormais pour de bon dans les vestiaires de l'équipe de football. Je découvris ainsi des casiers et des bancs, à l'image des autres vestiaires. Ceux-ci donnaient sur une salle de douche et une rangée de lavabo vers laquelle se dirigeait Dean. Je le suivis, remarquant les affaires qui traînaient ici et là et s'entassaient parfois. L'odeur de la sueur allait bientôt empester les lieux, j'en étais certains.

« Je n'en ai parlé qu'à Joey, m'indiqua-t-il en me soulignant sûrement de me taire au passage.

-Je suis aussi muet qu'une tombe, m'amusais-je en observant alors le garçon se pencher sur l'un des lavabos. »

Devant celui-ci, on remarquait un miroir et je notais mon reflet : ma tête était rouge à cause de l'effort que j'avais fait. Je soufflais, me notant une fois de plus que je haïssais le sport. Le bruit de l'eau s'arrêta alors et Dean redressa son visage, qui me fut renvoyé par le biais du miroir. Une intensité était lisible dans ses yeux, et plus encore je fus hypnotisé par les gouttelettes qui dévalèrent ses traits. Je me forçais à observer ailleurs, la bouche sèche, le palpitant soudainement plus rapide. Il y eut quelques bruits, m'indiquant que Dean devait terminer ce qu'il avait à faire, pendant que je regardais l'alignement des douches. Ensuite, ce fut au tour de pas, qui se stoppèrent à quelques centimètres de moi. Je redressais donc mon menton pour observer l'air indéchiffrable de Dean, qui m'annonça de but en blanc :

« Ce n'est pas forcément une fille. »

J'en clignais des yeux plusieurs fois, peu sûr d'avoir entendu. Qu'est-ce qu'il essayait de me dire ? Il était bi ?

« Attends tu es... commençais-je. »

Il se pencha légèrement vers moi, opinant et le disant à voix haute :

« Je suis bisexuel. »

On dit que les opposés s'attirent...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant