« Qu'est-ce que tu fais ici alors que tu es censé être en période de cours ? S'offusqua mon père, ses bras puissants croisés sur sa poitrine. »
Mon sac accroché à l'épaule, mon air innocent, je scrutais le géant qu'était mon père. Ses cheveux longs étaient relâchés, lui donnant des airs de bûcheron. Ses cheveux bouclés virevoltaient dans l'air chaud d'Arizona. J'enfonçais ma casquette sur mes oreilles, lâchant timidement :
« Ça se passe très bien au lycée en ce moment... »
Mon père poussa un très long soupir, me jaugeant depuis le pas de sa porte de maison qu'il louait sûrement. J'étais certain que Vrian, ma belle mère d'origine indienne, apparaîtrait d'ici à quelques minutes.
« Ta mère est au courant ? S'intéressa-t-il.
-De ? Tentais-je.
-Que tu as utilisé tes sous pour t'acheter un billet d'avion et venir ici. »
Je détournais mes yeux, observant avec intérêt les steppes vides au loin. Mon père jura en comprenant que je m'étais tiré sans prévenir.
« Naos... souffla-t-il. »
J'osais un œil timide, rencontrant ses prunelles bleues fatiguées. Il se passa une main mat sur son visage et déclara :
« Maintenant que tu es là, entre. Vrian est sûrement à l'arrière. »
J'acquiesçais alors que je notais qu'il attrapait déjà son téléphone, en marmonnant sur les remarques qu'il allait se prendre par ma mère, notamment qu'il était celui qui me passait trop de choses. Ignorant son ton soudainement tendu lorsque la sonnerie due cesser, je déposais mes affaires derrière le canapé usé et me dirigeais vers la cour. En évoluant dans la bâtisse en bois, je remarquais les bibelots qui devaient appartenir aux propriétaires qui louaient ce lieu à un couple, pour quelques semaines. Ils avaient dû prendre soin de tout penser pour la faire accueillante. Je savais pertinemment qu'ils ne resteraient pas longtemps, tous deux reporters et photographes. Je mis donc un pied dehors, fut happé par la chaleur, et me dirigeais vers Vrian.
« Salut, dis-je d'un ton tranquille. »
Cette dernière se détourna de son occupation, à savoir mettre les vêtements sur un étendoir et me scruta avec intensité.
« Tu ressembles de plus en plus à Johanne, remarqua-t-elle en m'offrant un grand sourire. Ravie de t'accueillir, Naos. »
Elle m'ouvrit ses bras, faisant bouger sa longue tresse noire. Ses prunelles sombres se fixèrent à moi, et je finis par me plonger dans ses bras pour une salutation amicale. Elle me tapota doucement le dos, et dit :
« Tes cours sont finis ?
-Non, avouais-je. »
Elle pencha légèrement son visage sur le côté, posa ses poings sur ses hanches et fronça ses sourcils.
« Je pense que cela ne doit vraiment pas aller fort pour que tu oses agir ainsi, tenta-t-elle. »
Je me frottais la nuque, scrutant la cour dans laquelle des cactus se côtoyaient. Après m'être raclé la gorge, je capitulais :
« Je deviens dingue là-bas, j'avais besoin d'un pied à terre où je me sentais au calme. »
Elle eut un sourire doux tandis qu'elle redressa sa main pour m'attraper à la nuque, me ramener sous son bras, m'enlevant ma casquette au passage et me frotter les cheveux comme une sœur l'aurait fait à son frère. Je m'agitais, grognant. Elle rigola fortement, indiquant :
« L'avantage, c'est que je suis toujours assez forte pour ça ! »
Elle me relâcha ensuite, tandis que je me recoiffais et grognais. Je récupérais mon chapeau tombé au sol et l'époussetais.
« Tu es un démon, vieille femme ! Déclarais-je.
-T'entends ça, Grant ! S'offusqua-t-elle. Il m'a traité d'ancêtre ! »
Je me tournais vers la porte vitrée, depuis laquelle mon père nous scrutait avec un léger sourire aux lèvres.
« Tu peux l'étouffer pour te venger, Vrian, fit mon père avec un sourire sadique. Ce gamin m'a provoqué une prise de tête, rapide certes, avec Johanne. Et tu sais très bien comment est ta mère, me rappela-t-il aussi. »
Je fis un sourire innocent, tandis que je haussais mes épaules. Je tentais, presque mielleusement :
« C'était aussi bientôt les vacances. »
Mon père arqua ses sourcils et me scruta avec un air sceptique. Cependant, il s'approcha de moi et me bloqua sous son bras.
« Maintenant que tu es là, on va en profiter ! Proposa-t-il. »
***
Nous étions dans le restaurant du coin, et les propriétaires nous observaient avec un intérêt. Nous étions en train de nous chamailler comme trois enfants, ce qui faisait beaucoup de bruit. Je rigolais de l'anecdote de Vrian sur mon père qui avait finis dans une rivière par mégarde. Il frissonnais en se rappelant qu'il avait dû finir son reportage dans cet état et avec un appareil capricieux, grâce à l'eau. Mes joues me faisaient mal à force de rire, et il m'envoya une frite sur la tête pour me réprimander. Je finis par la manger, avant de m'attaquer de nouveau à mon plat. J'étais arrivé en début d'après-midi, et ils m'avaient laissé me reposer pour récupérer du décalage horaire. Cela était pratique, parce que j'avais besoin de dormir et de repos, mais surtout de paix et de calme. L'ambiance entre nous se calma un instant, et mes yeux trouvèrent la vitre pour observer les allées et venues. Alors que je grignotais toujours mes patates coupées en fines tranches, Vrian lança :
« Comment vont le compagnon de ta mère et son enfant, Dran ?
-Dean, la corrigeais-je. Ils vont bien. Carl est toujours aussi distant et Dean est toujours sportif. »
Ils rigolèrent de ma description. Mon père poussa un long soupir à mes côtés, et s'enfonça dans la banquette du restaurant. Ses mains se croisant derrière son crâne, il fit :
« C'est la tactique « j'évite la conversation. » »
Je ne pus m'empêcher de sourire, tout en jouant aux innocents. Personne n'était dupe que je n'avais jamais trouvé ma place. Je n'avais pas les mêmes attentes de ma vie, et parfois c'était compliqué de se faire à un endroit qui n'était qu'un laps de temps. La patience, de plus, d'accepter d'y vivre tout en sachant cela était aussi une torture. J'aurais aimé prendre mon sac et partir, cependant ce n'était pas aussi facile et rose.
« Tu vois quelqu'un ? M'interrogea alors mon père. »
Je manquais de recracher mon verre, alors que j'entendis ce qu'il me dit. A la place, je fus pris d'une quinte de toux. Mon père en rigola, alors qu'il me lança :
« Tu sembles prude, mais je parle parfois à ta mère. Je suis au courant que tu sors parfois et rentre avec des suçons énormes.
-En douce, spécifia alors ma belle-mère en pouffant. »
Je grognais, en me soustrayant à leurs yeux. Je déclarais :
« Je ne vois personne.
-Mon dieu, il voit plusieurs personnes ! S'offusqua faussement mon père.
-Mais quel jeune homme peu recommandable, s'amusa aussi Vrian. »
Je gémissais en posant mon visage dans mes paumes, et en me plaignant de leurs actions. Ils en furent plus encore joviales et j'eus envie de m'enfoncer dans la banquette lorsqu'ils parièrent sur le profil des personnes que je voyais. Ils décrivirent donc l'homme qui serait parfait selon leurs pronostics sur mes goûts. Je repensais alors à quelques heures plus tôt, où j'avais expliqué avec justesse et détails pourquoi ça n'allait pas fort au lycée. Je n'avais pas testé la température en tournant autour du pot mais j'avais directement expliqué que c'était parce que j'aimais le même sexe. Je m'attendais à ce qu'ils buguent un instant. Cependant, ils avaient simplement grogner sur l'étroitesse de l'esprit du monde encore à ce jour. Cela avait, alors même que je ne pensais ne pas la ressentir, fait disparaître la pression sur mes épaules.
« Mieux ! Renchérit alors Vrian. Un jeune professeur sexy avec une paire de fesses exceptionnelles ! C'est ce qu'il veut !
-Mon dieu, geignis-je. »
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On dit que les opposés s'attirent...
Storie d'amoreDeux lycéens. Deux parents remariés. Naos et Dean ont grandi ensemble. Leurs parents se sont mis ensemble alors qu'ils étaient encore jeune. Cependant, entre eux, l'entente n'est pas au rendez-vous. Leurs différences est notoire. Quand l'un est spor...