En ce moment, les nuits de Charles sont mouvementées, et pas forcément dans le bon sens du terme. A vrai dire, il fait des rêves assez étranges et incompréhensibles, aussi bien pour lui que pour Pierre, quand il essaie de les lui raconter.
Il se dit que peut-être il y a un sens derrière tout ça et qu'il finira par comprendre un jour ou l'autre mais il appréhende chaque soir au moment d'aller se coucher.
Il se glisse sous ses couvertures, les images de la journée qui vient de s'achever dans la tête. Aujourd'hui, il a accompagné Pierre faire ses achats de Noël pour sa famille. Ils ont rigolé, bu du chocolat chaud et profité pleinement de chaque instant ensemble.
Ses yeux se ferment lentement, laissant le sommeil prendre possession de son corps.
Il vole.
Le ciel défile sous ses pieds alors qu'il cherche désespérément un point sur lequel s'accrocher. Soudain, Anthoine apparaît devant lui. Enfin pas vraiment Anthoine, mais plutôt quelque chose qui ressemble au fantôme de son ami.
- Antho ? C'est bien toi ?
- Salut Charles, lui répond le spectre
- Mais qu'est-ce que tu fais ici ?
Anthoine ne répond pas mais attrape son bras. Il l'entraîne à nouveau dans les airs, volant presque aussi vite que la Ferrari du monégasque.
Charles savoure la sensation de vitesse avant de reconnaître l'appartement où il vivait autrefois, à Monaco. Le pilote aperçoit deux enfants jouer sur la terrasse.
- C'est... Pierre et moi ?
- Oui, dit simplement l'ancien pilote français.
- Comment ça se fait ?!
- Nous sommes dans le passé, explique le fantôme, le jour où tu as éprouvé ton premier sentiment affectif pour Pierre.
- Oui, je m'en souviens. Il avait neigé et on s'était fait grondé parce qu'on était pas assez couverts.
Au même moment, Pascale, la mère du monégasque en version plus jeune, sort de l'appartement en hurlant :
« Rentrez de suite vous mettre au manteau ! Vous allez attraper la mort à jouer dans la neige sans vêtements chauds ! »
Cela fait sourire Charles (toujours accroché à Anthoine depuis le ciel).
Le soleil se couche aussi rapidement que si le temps avait été accéléré et les deux pilotes s'approchent de la fenêtre qui donnait sur la chambre du Charles enfant.
Anthoine prend la parole :
- Ensuite, vous avez passé la soirée à jouer, jusqu'au moment d'aller se coucher.
- Si je me souviens bien, on a pas vraiment dormi, plaisante Charles.
- Non, c'est vrai, affirme plus sérieusement Anthoine, vous avez passé la nuit à attendre le Père Noël.
Les versions enfants de Charles et Pierre sortent discrètement de la chambre et s'installent dans le couloir. Ils luttent de toutes leurs forces pour ne pas s'endormir mais finissent par s'assoupir, jusqu'à ce qu'un bruit ne les réveille. Les deux amis se lèvent d'un bond et passent leur tête dans l'encadrement de la porte. Devant eux se dresse une silhouette qu'il reconnaîtraient entre mille : celle du Père Noël.
- Papa... souffle le Charles adulte
- Tu te souviens du visage de Pierre à ce moment là ? reprend le spectre