Chapitre 4

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          Skye regarda l'immense frison noir avec circonspection. D'accord, elle avait accepté leur proposition. D'accord, c'était le seul moyen pour elle de rester en vie, et qu'Aramis pourrisse en Enfer pour avoir raison. D'accord, elle avait dû détruire des objets qu'elle ne pouvait ni emmener, ni laisser derrière elle, mais là...

Le cheval s'ébroua et elle sursauta. Une main sur la hanche, les rênes dans l'autre, Aramis attendait en silence, mais son regard en disait long. Il tenait sa vengeance et il le savait : elle avait peur des chevaux !

— Vous pouvez aussi faire le trajet à pied, sourit-il, narquois.

Comme si ce n'était pas suffisant d'être obligée de monter sur un monstre, il fallait que ce soit sur son monstre. Elle jeta un œil vers Athos. Elle ne s'était pas trompée à son sujet. S'il n'était pas à proprement parler le chef de leur petit groupe, il était celui qui prenait les décisions importantes, sans pourtant les imposer. La complicité qui liait ces quatre hommes semblait inaltérable. Le peu qu'elle avait vu depuis ce matin lui donnaient l'impression qu'ils étaient complémentaires, chacun apportant à leur petit groupe un petit plus que n'avaient pas les autres.

— Athos ? appela-t-elle.

Les prunelles grises se posèrent sur elle.

— Vous êtes sûr que je dois monter avec lui ?

L'homme soupira d'impatience.

— Le cheval de Porthos ne pourra pas porter plus que son cavalier habituel. Celui de D'Artagnan est trop fougueux et le mien trop vieux.

Que des évidences... Elle croisa le regard ironique d'Aramis. Très bien, puisqu'elle n'avait pas le choix... Elle prit une longue inspiration et s'approcha.

— Heureusement, fit Porthos. Votre vêture vous permettra de chevaucher normalement. L'amazone peut très vite devenir inconfortable sur une longue distance.

— Ça dépend pour qui, répondit-elle. Je suis sûre que votre pote l'apprécierait à sa juste valeur aujourd'hui !

Le beau brun perdit aussitôt son sourire en coin tandis que Porthos explosait de rire. Soudain, elle sentit une main se refermer brusquement sur son bras. Athos l'entraîna sans ménagement loin de ses amis.

— Écoutez-moi bien, madame, lâcha-t-il en la poignardant du regard. Sans Aramis, vous resteriez ici, à la merci de n'importe qui. Malgré ce que vous avez fait ce matin, il n'a pas changé d'avis, ce qui à mon avis, reste une belle erreur. Alors ne tentez pas trop votre chance. Je n'ai pas sa patience. De plus, j'ai une mission à remplir et nous avons pris du retard à cause de vous.

Il la ramena vers le cheval d'Aramis.

— Aramis, je te préviens, si elle nous crée le moindre souci, je la tue moi-même.

Le bel hidalgo lui adressa son plus beau sourire et mit son chapeau.

— Si tu as besoin d'une balle, j'ai ce qu'il faut, fit-il narquois.

Athos le fusilla du regard et son sourire s'agrandit, avant de se tourner de nouveau vers elle.

— Satan vous adore autant que moi, madame, ironisa-t-il. Il me semble sûr que vous allez vous entendre...

— Satan ? Un type qui porte une croix de quinze kilos autour du cou appelle son cheval Satan ? C'est censé me rassurer ?

Il secoua doucement la tête.

— Pas du tout, et j'avoue que pour le coup, le choix de ce nom me semble particulièrement judicieux !

Les trois autres hommes étaient déjà en selle.

Quatre Siècles et une Croix -I- La Croix et l'Épée [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant