Elle s'était endormie la tête à peine posée sur l'oreiller.
Lui fixait le plafond où la faible lueur de la bougie creusait les ombres des poutres.
Il devait régler ce problème le plus rapidement possible. Et le moyen le plus rapide, c'était de lui dire...
Lui dire quoi ?
"Merci pour ton aide, mais je n'ai plus besoin de toi."
Après ce que d'Herblay lui avait fait à cause de lui ?
Il était volage, pas cruel.
Et surtout, il savait pertinemment qu'elle ne le croirait pas. Elle était bien trop perspicace pour ne pas avoir lu dans ses yeux, un peu plus tôt, ce qu'il éprouvait pour elle.
Il gémit en fermant les yeux. Seigneur, comment avait-il pu se laisser piéger aussi bêtement ?
"L'amour n'est pas un piège, mi niño"
"Si, Mamá, pour moi, c'en est un"
Un bruit dans la cour le détourna de ses sombres pensées. Des chevaux quittaient les écuries.
Il se leva doucement, se dirigea vers le paravent qu'il repoussa le plus silencieusement possible, avant de se pencher à la fenêtre. Juste à temps pour voir cinq cavaliers passer le porche et disparaître. Un homme regardait la petite troupe s'éloigner. Tréville. Ainsi, il faisait quitter Paris à d'Herblay avant que la garnison ne se réveille.
Avant qu'Aramis ne se réveille.
Le mousquetaire fixa un instant le porche, puis baissa les yeux en soupirant. C'était mieux ainsi. Tréville avait raison.
Il remit doucement le paravent en place, se tourna vers le lit. Skye soupira dans son sommeil, se retourna, posant sa main sur l'oreiller, l'autre sur son ventre. Ses cheveux formaient une couronne de flamme autour de son visage paisible et ce spectacle éveilla en lui l'irrésistible envie de se coucher à ses côtés, de la laisser se blottir contre lui, de se repaître de sa simple présence.
Il ne devait pas rester là, à la contempler. S'il voulait étouffer ses sentiments, c'est maintenant qu'il devait commencer à s'éloigner d'elle.
Il ramassa son caleçon, mais à peine l'avait-il enfilé qu'il entendit un homme courir dans le couloir, faisant un raffut du Diable. Il fronça les sourcils et ouvrit la porte, prêt à tancer l'importun avant qu'il ne réveille la jeune femme, et tomba nez à nez avec D'Artagnan, livide et tellement affolé que trouver son ami à moitié nu au milieu de la nuit dans la chambre de Skye ne l'interpela même pas.
Il comprit immédiatement.
— Constance ! souffla-t-il.
Le jeune homme secoua la tête, les yeux exorbités. Aramis posa ses mains sur ses épaules.
— Retourne sur le champs auprès d'elle et rassure-la, nous arrivons.
D'Artagnan se contenta de secouer à nouveau la tête à s'en démettre les cervicales, puis fit demi-tour et repartit aussi vite qu'il était venu et en faisant encore plus de bruit, si cela était possible. Il referma la porte et se retourna. Skye s'était redressée et se frottait les yeux en bâillant.
— C'était quoi ? grogna-t-elle.
Il se précipita vers ses étagères et en sortit hâtivement une chemise et une jupe.
— D'Artagnan, fit-il simplement.
Skye le fixa un instant, le regard embrumé. Il s'approcha, posa les vêtements sur le lit et la prit par les épaules.
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Quatre Siècles et une Croix -I- La Croix et l'Épée [Terminé]
FanfictionElle est née au cœur du 21ème siècle. Elle est indépendante, impulsive, et ne supporte pas qu'on lui dise ce qu'elle doit faire. Le mot Diplomatie n'est pas dans son dictionnaire, et elle peut être vulgaire quand elle est contrariée. Elle est médec...