Elle respira profondément, reprit progressivement ses esprits.
Inspirer, expirer. Recommencer.
— Tu veux qu'ils sortent ? demanda Aramis.
Elle leva les yeux pour croiser son regard brillant d'inquiétude, lui adressa un sourire tremblant. Ce n'était plus le temps des ressentiments et elle lui fut reconnaissante pour cette inquiétude, pour son soutien.
— Non... non, ça va, murmura-t-elle.
Elle se détacha de lui, mais il garda un bras sur sa taille, s'empara de sa main sans qu'elle proteste. Elle avait besoin de son contact et le lui fit comprendre en mêlant ses doigts aux siens, puis, elle leva les yeux vers l'homme aux cheveux gris.
La dernière fois qu'elle avait vu Gabriel Presky, quelques mois plus tôt, il n'avait pas ses rides aux coins des yeux et ses cheveux étaient encore aussi noirs que ceux d'Aramis, même si ses tempes annonçaient qu'il blanchirait très vite. En revanche, ses pupilles avaient toujours cette couleur qui l'avait fascinée, d'un bleu profond.
— Tu as pris un sacré coup de vieux, Gab, fit-elle.
Sa voix chevrotait et elle se maudit. Le médecin sourit avec indulgence. Il avait toujours été indulgent avec elle. Une patience dont elle avait usé et abusé, jusqu'à ce qu'il le lasse.
— La dernière fois que nous nous sommes vus, je n'étais pas beaucoup plus vieux que toi aujourd'hui, répondit-il.
Elle hocha la tête.
— Comment va ta femme ? ne put-elle s'empêcher de lâcher, un brin acide.
Il fronça les sourcils, secoua doucement la tête.
— Hélène, soupira-t-il.
Elle plissa le nez.
— Pardon, marmonna-t-elle. C'est... déplacé.
La main d'Aramis se crispa sur la sienne, mais il ne dit rien et elle évita de croiser son regard. Il avait compris, mais ce n'était pas le moment d'avoir une explication. Avait-il d'ailleurs le droit de lui en demander ?
Elle passa une main tremblante sur son front et chercha la chaise du regard. Elle devait s'assoir. Sans le bras rassurant d'Aramis, ses jambes ne la porteraient pas plus longtemps. Porthos en attrapa une et la posa à côté d'elle. Elle s'y assit avec précaution et Aramis s'accroupit à ses côtés, serrant toujours sa main dans la sienne. Athos lui tendit un verre et l'odeur du cognac lui chatouilla les narines. Elle faillit le prendre, avant de se rappeler qu'elle portait un enfant. Elle secoua la tête.
— Non, marmonna-t-elle. De l'eau...
D'Artagnan se chargea de la lui apporter.
Valériane regardait la scène avec curiosité. La manière dont ces quatre hommes entouraient la jeune femme l'inquiétait. L'un d'entre eux en particulier. Le fameux Aramis. Dumas ne s'était trompé que d'un poil en ce qui le concernait. Il l'avait décrit précieux, presque efféminé, alors qu'il respirait la virilité, mais il était sans conteste le plus beau des quatre hommes.
Et visiblement, Skye avait succombé. Elle reporta son attention sur elle.
— Vous vous êtes fait de très bons amis, fit-elle, méfiante.
Skye croisa son regard, hocha la tête.
— Ils m'ont sauvé la vie, répondit-elle.
Elle sourit, amusée, reprenant visiblement ses esprits.
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Quatre Siècles et une Croix -I- La Croix et l'Épée [Terminé]
FanficElle est née au cœur du 21ème siècle. Elle est indépendante, impulsive, et ne supporte pas qu'on lui dise ce qu'elle doit faire. Le mot Diplomatie n'est pas dans son dictionnaire, et elle peut être vulgaire quand elle est contrariée. Elle est médec...