Le soleil était haut dans le ciel quand Athos décida de faire une pause. Les chevaux devaient se reposer, et Satan plus que les autres. Ils s'arrêtèrent près d'un cours d'eau aux eaux tumultueuses, au creux d'une clairière. L'endroit était idéal ; de l'eau et de l'ombre.
Skye laissa échapper un long soupir de soulagement en glissant de la selle, aidée par Aramis. Elle fit un pas et grimaça de douleur en se massant les reins. Elle avait le dos en compote, les jambes engourdies et les fesses tallées comme de vieilles poires.
— Marchez un peu, ça vous fera du bien, lui sourit le mousquetaire en lui tendant une gourde.
Elle lui rendit un sourire crispé, prit la gourde et but une longue gorgée de vin coupé d'eau. C'était immonde, mais elle avait soif, et l'eau du ruisseau devait fourmiller de microbes.
— Merci, murmura-t-elle en lui rendant la gourde.
— Je vous en prie. Allez vous rafraîchir, mais ne vous éloignez surtout pas.
Elle hocha la tête et se dirigea vers le ruisseau, s'accroupit et plongea une main dans l'eau. Froide, mais supportable. Elle ôta sa casquette, mit ses mains en coupe et s'aspergea le visage pour se débarrasser de la poussière du voyage, souleva sa natte et se rafraîchit la nuque. Elle en aurait bien fait autant avec ses bras, mais cela signifiait ôter sa veste. Or, son simple débardeur qui lui collait à la peau était bien trop suggestif. Le regard d'Aramis, le matin même, ne lui avait laissé aucun doute là-dessus. Elle se contenta de l'ouvrir et se mouilla le cou et la gorge.
Elle s'assit, posa les mains derrière elle pour se pencher en arrière et ferma les yeux, offrant son visage à la brise légère, faisant attention au soleil. Véritable rousse, elle était capable de cramer en cinq minutes. Derrière elle, elle entendait les hommes parler, les chevaux souffler. Les oiseaux, que leur arrivée avait fait taire, recommencèrent à chanter. Pour la première fois en dix jours, elle se prit à espérer. Même si elle ne savait pas comment elle allait gagner sa vie, son avenir était un peu moins sombre. Elle allait vivre.
Elle entendit un bruit de bottes s'approcher et elle se redressa en ouvrant les yeux.
Vu d'en bas, Porthos était encore plus impressionnant. Il était de loin le plus grand des quatre hommes. Les mains sur les hanches, les jambes écartées, il ressemblait à un colosse. Un colosse qui fixait la surface de l'eau, un léger sourire aux lèvres et une lueur gourmande au fond des yeux.
— Aramis ? appela-t-il.
Son ami le rejoignit et il lui désigna le ruisseau de la tête.
— Tu en dis quoi ?
Aramis observa l'eau limpide et sourit. Il avait ôté sa veste et son chapeau, tout comme Porthos, et la blancheur toute relative de sa chemise faisait ressortir son teint mat. Skye dut faire un effort pour détourner les yeux. Il était indéniablement charismatique, mais elle avait bien trop d'ennuis pour s'amuser avec lui.
— Que cela ferait un excellent repas, répondit-il.
Skye se releva et les fixa d'un regard curieux.
— Vous avez un filet ? Une canne ?
Ils l'observèrent, puis explosèrent de rire. Aramis s'assit aussitôt et, stupéfaite, elle le regarda ôter ses bottes avant de se relever pour attaquer les boutons de son pantalon.
— Qu'est-ce que vous faites ? s'exclama-t-elle en reculant.
— Il n'a pas son pareil pour attraper les poissons, sourit Porthos.
— Vous allez... vous mettre à poil pour pêcher ? Mais vous l'attraper avec quoi, votre poisson !?
Il laissa tomber son pantalon et elle soupira de soulagement. Il portait un caleçon. Porthos explosa de rire.
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Quatre Siècles et une Croix -I- La Croix et l'Épée [Terminé]
FanfictionElle est née au cœur du 21ème siècle. Elle est indépendante, impulsive, et ne supporte pas qu'on lui dise ce qu'elle doit faire. Le mot Diplomatie n'est pas dans son dictionnaire, et elle peut être vulgaire quand elle est contrariée. Elle est médec...