Chapitre 37

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Dans le couloir, Porthos et d'Artagnan, assis à même le sol, se relevèrent quand la porte s'ouvrit.

Skye chercha des yeux Aramis et Porthos lui désigna la sortie d'un signe de tête. Elle remonta le couloir, suivit de Valériane et Gabriel, et des deux mousquetaire, pour rejoindre Athos, appuyé contre la balustrade en bois du balcon, les bras croisés.

— Alors tu nous quittes ? fit-il simplement.

Elle tenta un sourire désinvolte, il ne fut que pathétique.

— Je rentre chez moi.

Elle fronça les sourcils. Chez elle, vraiment ?  Elle regarda la cour de la garnison. C'était ici, chez elle.

Elle cilla. Non, Valériane avait raison, ici, elle était une anomalie, un anachronisme.

— Où allez-vous ? demanda Athos à Valériane.

— On nous attend à une heure de marche, à l'Est de Paris.

— Nous l'accompagnerons...

Valériane secoua la tête.

— Ce ne sera pas...

— Nous l'accompagnerons, madame ! la coupa-t-il d'un ton qui ne souffrait aucune contestation.

Valériane se redressa, leva le menton.

— Monsieur, je ne reçois d'ordres de...

— Stop ! s'interposa Skye.

Elle se tourna vers Valériane.

— Ils m'ont sauvée, amenée ici, protégée. Ils m'accompagneront, parce qu'ils le désirent et surtout parce que je le veux.

Valériane ouvrit la bouche pour protester, mais Gabriel posa une main sur son épaule. Elle hésita, puis hocha la tête.

— Nous reviendrons à la tombée de la nuit, fit-elle.

— Très bien, répondit Athos. Je vous raccompagne jusqu'à la sortie, les gardes pourraient ne pas vous laisser partir.

Il lui désigna l'escalier d'un signe de la main. Skye les regarda s'éloigner, pensive, puis se tourna vers Porthos.

— Où est-il ?

Il secoua la tête.

— Tout ce que je sais, c'est qu'il n'a pas quitté la garnison.

— Il est peut-être avec Satan, ajouta d'Artagnan.

Elle baissa les yeux, puis descendit l'escalier, hésita. Elle regarda l'entrée des écuries, mais ne trouva pas le courage d'aller vérifier. Alors, elle traversa la cour et entra dans l'infirmerie, récupéra la petite sacoche en cuir où elle avait rangé ses instruments chirurgicaux. Elle parcourut la pièce du regard. La table sur laquelle elle avait opéré Chardin la fit sourire. C'est ce jour-là qu'elle avait gagné sa place, et elle pensa soudain à Tréville. Elle devait demander à Athos de le prévenir. Il allait devoir trouver un remplaçant. Richelieu allait jubiler !

Elle laissa glisser ses doigts sur le bureau où elle avait passé des heures... et le souvenir brûlant d'Aramis s'imposa à elle. Elle ferma les yeux.

"Je ne regarderais plus jamais ce bureau sans penser à cet instant" lui avait-il dit avant de sauter par la fenêtre.

Y penserait-il toujours ? Ce souvenir resterait-il gravé dans sa mémoire, ou bien l'oublierait-il ?

Elle ravala un sanglot. Elle n'avait pas le temps de pleurer.

Elle sortit de l'infirmerie, referma doucement la porte sur cette partie de ses souvenirs. De l'autre côté de la cour, Athos, Porthos et d'Artagnan étaient assis à leur table, en compagnie de Serge. Elle devrait dire au revoir au vieux cuisinier, et à Filon. Tous les deux lui avaient été d'une grande aide. Serge et sa gouaille, Filon et sa discrétion serviable. Eux aussi allaient lui manquer.

Quatre Siècles et une Croix -I- La Croix et l'Épée [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant