Chapitre 28

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Il ne s'arrêta que lorsqu'il eut refermé la porte de la chambre de la jeune femme derrière eux. Skye lui jeta un regard étonné. En fin de journée, le soleil y pénétrait à flots et il y faisait une chaleur épouvantable. Elle comprit la raison de ce choix lorsqu'il se posta à la fenêtre sans dire un mot. De là, il pouvait surveiller les écuries, et donc les cellules qui se trouvaient juste à côté.

— N'y pense même pas, fit-elle.

— Je ne vois pas de quoi tu parles.

— Vas-y, prends-moi pour une idiote.

Il se tourna vers elle un visage crispé par la contrariété.

— Te pavaner à moitié nue devant cette ordure, malgré mes avertissements, ne laisse pas grand doute...

Il vit son visage déjà pâle perdre toute couleur, faisant ressortir les marques sur ses joues. Elle écarquilla les yeux, le souffle coupé.

— Mais t'es un beau salaud ! murmura-t-elle. Une robe un peu trop décolletée, et je mérite ce qui m'arrive ? C'est ce que tu penses ?

Il pinça les lèvres.

— Ce n'est pas faute de t'avoir prévenue, tu en conviendras ?

Elle secoua doucement la tête, ses yeux lançant des éclairs.

— Je viens enfin de vous trouver un point commun, gronda-t-elle.

Il sentit tout son sang quitter son visage.

— Qu'est-ce que tu insinues ? répondit-il sur le même ton.

— À ton avis ?

Il fit un pas vers elle, les poings serrés. Elle ne bougea pas, se contenta de le toiser d'un regard méprisant.

— Je n'ai rien de lui, Skye, absolument rien !

— Mais une femme qui montre ses chevilles mérite d'être agressée !

— Tu l'as provoqué, ne le nie pas ! Tu voulais quoi déjà ? Le faire baver ? Je t'avais mise en garde, Skye. Je t'avais dit de faire attention à lui, mais comme d'habitude, tu n'en as fait qu'à ta tête. Tu as cru, une fois de plus, que tu étais la plus forte.

Elle mit une telle force dans la gifle qu'elle le fit chanceler et l'impact laissa sur sa joue une brûlure qu'il n'était pas près d'oublier. Avant qu'il n'ait pu réagir, elle ouvrait grand la porte.

— Dehors, gronda-t-elle. Va tuer ton ordure de père, ça te calmera les nerfs !

Ils s'affrontèrent du regard un long moment, puis il s'élança dans le couloir, la bousculant presque au passage et la porte claqua derrière lui.

D'Herblay. Tout cela était de sa faute...

Aveuglé par la rage, il dégringola les escaliers et traversa la cour, filant droit vers les écuries, et les cellules.

— Aramis !

Il se figea.

— Vous tenez vraiment à perdre votre spalière ?

Il serra les poings, puis se retourna lentement. Tréville s'avança calmement vers lui.

— Répondez-moi, Aramis. Vous y tenez vraiment ? Après ce que Skye a subi pour que vous la conserviez ?

— Je ne lui ai rien demandé, fulmina le mousquetaire.

Le regard acier de Tréville s'étrécit.

— Comment pouvez-vous être aussi idiot, c'est à n'y rien comprendre !

Quatre Siècles et une Croix -I- La Croix et l'Épée [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant