— Athos, un drap sur la table, ordonna-t-elle.
Le mousquetaire obéît sans discuter, pendant qu'Aramis refermait la porte de la chambre.
— Qu'est-ce que tu fais ? s'inquiéta-t-il en la rejoignant.
— Il doit respirer, marmonna-t-elle.
Elle ôta d'un geste prompt le cordon du petit cou.
— Il est mort ! fit Aramis.
Porthos se raidit. L'enfant de son ami ? Mort ?
— Pas encore, répliqua Skye.
— Ne fais pas ça ! gronda Aramis.
— Je n'ai pas le temps de discuter avec toi.
Il l'attrapa par le bras et elle se dégagea d'un coup sec.
— Laisse-moi travailler ou je demande à Porthos de te faire sortir d'ici !
— Qu'est-ce qu'il se passe ? intervint Athos de son ton calme.
— Il est mort, on ne peut plus rien faire, répondit Aramis.
— Si, protesta Skye. Et tu le sais très bien !
— C'est contre-nature ! s'obstina-t-il.
Elle le fusilla du regard. Elle n'avait pas de temps à perdre.
— Porthos !
Le géant était perdu, mais un regard d'Athos l'obligea à agir. Il saisit le bras de son ami qui recula, le regard effaré.
— Ne fais pas ça, Skye, supplia-t-il.
Elle ne l'entendait plus. Penchée sur le petit corps, elle posa deux doigts au milieu de la minuscule poitrine et appuya doucement par à-coups, comptant jusqu'à trente, puis se pencha pour souffler dans sa bouche sous le regard effaré des trois hommes. Elle se redressa légèrement, observa attentivement l'enfant, puis recommença la manœuvre, une fois, puis deux.
— Skye, souffla Athos. Aramis a peut-être...
Un petit cri aigu, tenu, l'interrompit. Le petit corps se tordit sous ses mains et elle le souleva, le retourna et tapa doucement dans son dos. L'enfant se mit alors à pleurer, ses petits poumons se remplissant d'air salutaire.
— Un linge humide, commanda-t-elle.
— Qu'est-ce que tu as fait ! souffla Porthos.
— Un linge humide ! gronda-t-elle.
Athos le lui apporta. Elle nettoya le nouveau-né qui continuait à pleurer, puis l'enveloppa dans un lange et sans un regard pour les trois hommes, elle emmena l'enfant à ses parents.
Elle ressortit de la chambre une heure plus tard, épuisée, pour se trouver face à Athos. Assis sur une chaise, il leva les yeux sur elle, jouant négligemment avec son verre vide.
— Aramis a préféré partir, et Porthos l'a accompagné. Il ne semblait pas être en état de rester seul.
Elle hocha doucement la tête. La présence de Porthos empêcherait peut-être Aramis de se précipiter dans la première église pour la dénoncer.
— Comment va Constance ?
— Très bien. Et le bébé aussi, si ça t'intéresse.
— Cela m'intéresse, mais tu me dois une explication, répondit-il toujours calme. Il a dit qu'il était mort.
— Il ne l'était pas, soupira-t-elle. Il avait cessé de respirer, mais son cœur battait encore.
Un petit mensonge qui pourrait lui éviter une longue explication.
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Quatre Siècles et une Croix -I- La Croix et l'Épée [Terminé]
FanfictionElle est née au cœur du 21ème siècle. Elle est indépendante, impulsive, et ne supporte pas qu'on lui dise ce qu'elle doit faire. Le mot Diplomatie n'est pas dans son dictionnaire, et elle peut être vulgaire quand elle est contrariée. Elle est médec...