chapitre 1

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Mike

Vous avez déjà rencontré une personne dont vous saviez d'emblée qu'elle ferait toujours partie de votre vie ?

Moi oui, et j'avais quatre ans.

Moi, c'est Mike. Déjà tout petit, j'étais le grand de la classe. Grand blond aux yeux bleus, ma mère m'appelait "mon petit Vicking". Sûrement que des origines scandinaves devaient traverser l'arbre généalogique de mon géniteur.

Sûrement, car j'en sais rien, je ne l'ai jamais connu. Je suis le fruit d'une soirée trop arrosée, et ma mère ne sait absolument pas qui pourrait être mon paternel. En tous cas, c'est ce qu'elle dit.

Du coup ça a toujours été elle et moi, tout seuls, jusqu'à... Riley.

Riley, c'était le garçon timide, vous savez, ce petit de la classe que les autres adorent charrier, voire bousculer un peu si on est une brute.

Lorsque je suis arrivé dans cette école après que ma mère ait déménagé après avoir obtenu un emploi à l'hôpital local, je suis tombé directement sur lui.
Recroquevillé dans un coin, il tentait de sauver son casse-croute d'un trio de petites frappes qui l'avait acculé loin du regard des surveillants.

Étant grand et costaud, ma mère m'avait inculqué dès mon plus jeune âge l'idée que je me devais de protéger les plus petits.
Alors j'ai pris mon élan et je suis rentré dans le tas.
Ça devait être ma première percée de football et j'ai envoyé valider toutes l'équipe adverse.

Lorsque le trio s'est mis à couiner en se retrouvant le cul par terre, les surveillants ont accouru pour savoir ce qui se passait.
Les trois brutes étant en train de chouiner tant qu'ils pouvaient, c'est Riley qui s'est chargé d'expliquer la situation : j'étais venu à son aide alors que les trois autres étaient en train de le menacer pour lui voler son goûter.

À voir la tête du trio je pense qu'ils n'avaient pas pensé qu'il aurait suffisamment les couilles, vu sa taille, de dire la vérité.
Mais si, le gringalet ne s'est pas laissé démonter, et il a tout dit.

Du coup, je n'ai pas eu d'ennuis contrairement aux trois autres dont les parents ont été convoqués, et Riley a décidé de partager ses biscuits avec moi pour me remercier de l'avoir aidé.
Les meilleurs biscuits que j'ai jamais mangé.
C'est comme ça que nous sommes devenus les meilleurs amis du monde.

Ce soir-là, quand nos mères sont venues nous chercher, une surveillante leur a raconté les évènements de la matinée.

En discutant, elles se sont rendu compte qu'elles étaient toutes deux mères célibataires, travaillaient dans le même hôpital, une de jour en oncologie, l'autre de nuit en traumatologie, et qu'on vivait dans le même quartier.
Très rapidement, elles se sont rendu compte que notre amitié toute fraîche était une véritable aubaine pour elle, chacune pouvant servir de baby-sitter à l'autre pendant leurs heures de travail.

On a tout partagé. Nos jouets, nos chambres, quand on dormait l'un chez l'autre, nos goûters, et bien sûr toutes nos maladies et microbes.
Lorsque l'un attrapait quelque chose, il le refilait à l'autre dans les heures qui suivait. Rhumes, grippes, varicelle, gastros, tout y est passé.

Au bout de quelques mois, nos mères ont pris la décision de se simplifier la vie.
Pourquoi payer deux logements quand en occuper un seul, plus grand, leur reviendrai moins cher.
Surtout que lorsqu'elles nous ont proposé de vivre tous les quatre ensemble, nous étions tous les deux d'accord, on partagerai la même chambre.

C'est comme ça que pendant l'été suivant nous avons tous les quatre emménagé dans une maison avec un jardin, trois chambres, dont une immense pour nous deux dans laquelle nous avons fait installer des lits superposés.
Lui en bas, moi en haut.

Tout le monde nous appelait les jumeaux.

Oh bien sûr on ne se ressemblait pas du tout. Il était aussi brun que j'étais blond, ses yeux aussi noirs que les miens bleu translucides, et moi toujours 10 centimètres de plus que lui en hauteur comme en largeur.

Mais comme il était impossible de voir l'un sans l'autre, nous sommes rapidement devenus une entité commune.

Le seul moment où nous n'étions pas ensemble, et encore, c'était pendant les activités extrascolaires.
Unanimement, il a été convenu que j'avais des prédispositions certaines pour devenir footballeur, mais Riley lui préférait passer son temps le nez dans des livres.
Donc pendant mes entraînements de foot, il restait dans les gradins à bouquiner.

C'est à l'adolescence qu'une autre différence est apparue. Nos préférences.
Moi c'était les filles mon truc, et d'ailleurs elles me le rendaient bien.
Mais pour Riley, c'était les mecs. Du coup pour lui ça a été moins simple.

Oh pas dans le cadre familial.
Que ce soit sa mère ou la mienne et moi, ça ne nous a posé aucun problème.
Et oui même moi qui ai la fâcheuse manie de me promener à poil sans gêne.

La difficulté était de trouver quelqu'un à son goût.
Oui monsieur est difficile.
Comme il dit, à force d'avoir sous les yeux un Vicking sexy, il a attrapé le goût des physiques virils.

Or à l'adolescence, les seuls qui assumaient leur différence, ce sont plutôt ceux au style plus efféminé.
Les mecs du genre viril, même si je suis certain que certains devaient être gay, n'assumaient pas vraiment.
Et Riley avait décidé qu'il était hors de question pour lui de se cacher comme une maladie honteuse. Il préférait rester seul que de se taper quelqu'un pas à son goût, ou qui était dans le placard.

Il disait qu'il voulait garder de sa première fois de bons souvenirs, et pas un sentiment de honte. Ce que je peux comprendre.

J'en ai donc profité pour deux, lui racontant tout de ma vie sentimentale et sexuelle.
Enfin les parties qu'il ne partageait pas.

Parce que soyons clairs. Si une fille voulait sortir avec moi, elle devait s'attendre à la présence quasi systématique de mon meilleur pote.
Ça ne leur plaisait pas toujours, mais de leur seuil de tolérance dépendait la durée de notre relation.

Dès que les plaintes ou ultimatums commençaient à se pointer, c'était terminé.
Si je devais choisir entre Riley ou une petite amie, le choix était rapide. Riley était prioritaire.

Lorsque nous parlions de l'avenir Riley et moi, c'était un avenir commun que nous envisagions.

Pour moi, c'était une carrière de footballeur professionnel qui se profilait, puis plus tard celui d'entraîneur.
Lui c'était le milieu médical qui l'intéressait, donc il a convenu que le mieux était de devenir kiné sportif.

La solution parfaite pour qu'on puisse rester ensemble.

Ainsi, lorsque les recruteurs en fin de lycée sont venus me démarcher, la situation de Riley est entré en ligne de compte pour les négociations.
Si une université me voulait, il fallait qu'elle puisse proposer à Riley une place dans un cursus adapté, et une dans le staff médical sportif pour la partie pratique des études.

C'est comme ça que j'ai atterri chez les Ohio State Buckeyes.

Ensemble ou rien Où les histoires vivent. Découvrez maintenant