chapitre 24

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Riley

Je rentre dans la salle et...

- Riley ?

Je sursaute au son de la voix.

- Bon sang, j'avais oublié que vous étiez là...
- J'ai vu ça.
On peut discuter des visites que vous avez eu ? Trois visites sur un premier jour, c'est impressionnant. Je suis pas sûr que vos collègues en aient reçu ne serait-ce qu'une...
- Oh...
- De ce que j'ai pu observer ce n'est pas la première fois que vous aviez affaire à eux, on peut parler des cas ?
- Oui bien sûr.
- Commençons par le premier. Que se passe-t-il avec ce genou.
- Isaac. Il a eu une entorse en avril dernier. Jeudi soir il m'a dit qu'il n'avait pas pu reprendre la saison avant la fin de l'année, ce qui m'a étonné. Avec un rééducation adaptée, il aurait dû pouvoir jouer en juin.
Bref, lorsque vendredi il a repris la course après avoir été au repos quelques mois comme il lui avait été recommandé, il a senti une gêne, et lorsque je l'ai palpé j'ai senti que le muscle de sa cuisse était en tension avec son ligament. Je pense que l'inactivité a provoqué un rétrécissement.
Je lui ai fait un massage pour détendre le muscle, et lui ai demandé de courir légèrement moins vite, et d'éviter les burpies les premiers jours de reprise, pour que le muscle prennent plus en longueur qu'en épaisseur.
- Judicieux conseil. Et Jared le capitaine ?
- On a fait une soirée console l'autre soir, et il s'est endormi sur notre canapé. Il s'est réveillé avec une raideur dans l'épaule.
Le nerf était légèrement sorti de sa gaine , et je l'ai remis en place avec un massage.
Du coup je pense qu'en musclant un peu plus la partie haute, il devrait un peu plus protéger son organisme qui souffre lors des contacts avec l'adversaire.
- Excellent. Et le dernier, celui que vous avez grondé comme un sale gosse ?
- Lui, c'est Mike , mon meilleur ami et coloc. Il est fragile des chevilles depuis toujours. Il est hyperlaxe des articulations, et c'est à cause de lui que j'ai beaucoup fréquenté les cabinets de kiné.
Il a interdiction de jouer sans chevillere. Ordre du docteur Wallas.
- Vous vous connaissez depuis longtemps ?
- Nos quatre ans. Et nos mères vivent en coloc depuis que nous avons cinq ans.
- Ok je comprends mieux. En tous cas, très beau travail. Dans les trois cas. Je comprends mieux les recommandations dithyrambiques que vous avez reçues.
Pour être sincère avec vous, je pensais que les observations du docteur Wallas sur vos capacités étaient sur-évaluées. Je n'imaginais pas qu'un élève de lycée puisse avoir des connaissances aussi justes et pointues.
Je vous dois toutes mes excuses.
- Euh, mais non... C'est normal. Je ne sais pas ce que le docteur Wallas a écrit dans mon dossier, vous me rendez curieux.
- Et bien, il dit tellement de bien de vous et vos capacités, qu'on croirait entendre une mère parler de son fils unique et adoré.
Vous savez, une de celles dont on dit que l'amour rend aveugle.
Mais visiblement, aucun problème de vue ici...
- Et bien merci. C'est un sacré compliment pour moi.
- Allez venez, on va aller voir vos collègues.
Et voir si vous avez des inscriptions.

Arrivés devant la feuille à côté de la porte, nous constatons que déjà cinq noms sont inscrits. Isaac, Jared et Mike, sans surprise, mais également Rob et Jake.

- Cinq, dont les deux capitaines ? Le premier jour ? Et trois consultations, Riley, vous allez faire des jaloux. Je vous conseille de ne pas en parler si les autres ne vous demandent rien.
- Oui, je préfère éviter aussi...
- Voyons les autres. Ah les bureaux sont vides, ils doivent être dans la pièce commune. Je vais juste regarder les inscriptions.
Une ici, aucune là, une, et une.
Trois inscriptions pour quatre personnes contre cinq pour vous.
Si c'était un concours de popularité, vous seriez en train d'arborer une belle couronne.
- Je ne pensais pas que j'aurais aussi rapidement des demandes.
Jared, et Isaac m'en avaient fait part. Mike également bien-sûr. Mais pour les autres, je tombe des nues.
- Les joueurs parlent entre eux. Je pense que d'ici demain votre fiche sera pleine.
- Oh...
- Pas un mot là-dessus. Voici la salle commune. Entrez Riley.
Alors tout le monde, qui a eu des visites aujourd'hui ?
- Moi ! déclare badge blanc numéro un dont je ne connais toujours pas le prénom.
- Ok Matt. Qui avez-vous reçu, et pour quel motif ?
- Simon, l'attaquant. Pour des étirements musculaires.
- Quelle origine ?
- Il a dit qu'il avait du forcer un peu trop.
- Donc vous avez fait quoi ?
- Un massage relaxant.
- Et en conseil ?
- De ne pas forcer plus pour aujourd'hui.
- Il a fait du sport pendant l'inter-saison ?
- Euh... Je ne sais pas...
- Les autres, vous auriez fait quelque chose différemment ?
- ...
- Riley ? Puisque vous êtes nouveau, dites-moi ce que vous auriez fait.
- Et bien je sais qu'il n'a pas fait de sport de l'été et qu'aujourd'hui était sa première reprise. Avec les sélections il a dû forcer au delà de ses limites.
Je lui aurais proposé d'aller faire de la marche lente sur le tapis pendant vingt minutes après avoir vérifié qu'il n'y avait aucune contracture musculaire.
Et je lui aurais dit de repasser après la séance de marche si les étirements persistaient. Et là j'aurais fait un massage profond, en lui conseillant demain d'aller à son rythme et pas au delà.
Et de reprendre une activité la prochaine fois avant la reprise de la saison.
- Comment savez-vous qu'il n'a pas fait de reprise avant aujourd'hui ?
- Il l'a dit jeudi soir dans la conversation. En tous cas, c'était son intention à ce moment là.
- Les autres, qu'est-ce que vous pensez de cette évaluation ? James ?
- Euh, elle est bien aussi.
- Mitch ?
- Euh, je préfère la façon de faire de Riley.
- Samuel ?
- Pareil.
- Matt ?
- Et bien c'est une façon différente, mais qui se défend.
- C'est même l'évaluation qui aurait dû être faite. Vous devez interroger vos patients pour connaître leurs antécédents et habitudes.
C'est ainsi que vous pourrez pas proposer la meilleure approche.
Et le repos complet, vous ne le proposez qu'en cas de nécessité absolue. Il vaut mieux une activité douce que pas d'activité du tout.
- D'accord monsieur.
- D'autres visites Matt ?
- Non monsieur.
- Les autres ?
- Non monsieur...
- Ok. C'est bon pour ce soir alors.
Les gars en ont encore pour vingt minutes en salle de musculation. Vous pouvez rester ici ou dans vos bureaux, mais si vous restez ici, laissez la porte ouverte pour que les gars sachent où vous trouver en cas de besoin.
Lorsque tout le monde sera sorti, si personne ne vous demande de soin, vous pourrez partir.
Riley, par contre comme je dois vous superviser, nous allons retourner dans votre salle.
- Oui monsieur.

Bon... Comment se faire remarquer en deux minutes...
En plus sur le cas de quelqu'un que je connais malgré le fait d'être nouveau...
Bref... C'est pas ma faute si le Matt s'est contenté du minimum syndical...

- Désolé de vous avoir mis en porte-à-faux. Je voulais savoir ce que vous auriez fait, puisque ce que Matt avait fait ne me convenait pas vraiment, et que les autres ne disaient rien.
- C'est pas grave. Je comprends.
- Est-ce que vous savez qui a pris en charge Isaac l'année dernière ?
- Non pas du tout. Je ne me serais pas permis de demander pour ne pas partir avec un à priori négatif. Et puis ça ne m'aurait rien apporté en matière de traitement de toutes façons.
- Effectivement, c'est bien pensé.
J'aime beaucoup votre façon de voir et faire les choses. C'est ce que j'attends normalement d'un étudiant de quatrième année.
Normalement je demande aux nouveaux étudiants de prendre exemple sur les anciens pour progresser.
Ce n'est pas ce que je vais vous demander de faire. Essayez de vous mêler à eux, si vous le pouvez, et s'ils vous en laissent l'occasion. Si quelqu'un a quelque chose à en tirer, c'est eux.
Mais je vous conseille de rester discret. Ils sont en quatrième année et certains vont mal prendre que vous soyez meilleur qu'eux, comme Matt, je pense.
- Je m'en doutais déjà. Notre rencontre jeudi soir n'était déjà pas des plus cordiales. Il m'a bien fait comprendre qu'en tant qu'étudiant de première année j'aurai du mal à être accepté par l'équipe et le staff.
- Je pense que l'équipe vous acceptera plus vite que le staff. Regardez votre fiche.

Deux noms de plus. Inconnus au bataillon.
Plus que deux places.

- Vous connaissez ces personnes ?
- Uniquement les cinq premiers.
- Et bien le bouche à oreille fonctionne. J'ai regardé en passant, et vos collègues n'ont pas d'autres noms qui se sont ajoutés.
- Oh...
- Ne vous mettez pas en doute comme je l'ai fait par erreur Riley.
Le docteur Wallas a été un très bon professeur.
- Et bien je suis content d'avoir pu vous faire changer d'avis monsieur.
- Continuez ainsi et vous serez un praticien reconnu en sortant d'ici. Les équipes sportives s'aracheront votre aide.
- Et bien croisons les doigts en ce sens...

Enfin tant qu'il s'agit d'équipe dans laquelle Mike évolue... Sinon ce sera cabinet privé pour moi.
Mais inutile d'en parler tant que rien n'est fait.
On a quatre ans devant nous avant de devoir prendre des décisions.

Ensemble ou rien Où les histoires vivent. Découvrez maintenant