chapitre 6

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Mike

Autant le ménage c'est vraiment pas mon kiff, autant j'ai toujours aimé faire à manger.

À la maison, c'est maman qui était la meilleure cuisinière et c'est en restant papoter avec elle et en l'observant que j'ai appris.

Riley, lui, c'est le maniaque du ménage, comme sa mère, c'est donc tout naturellement que les tâches se distribuent, comme à la maison.

Lorsqu'on a tous les quatre emménagé ensemble, étrangement je n'ai jamais entendu la moindre dispute concernant le partage des tâches.
C'était mieux que dans la plupart des familles que je connais.

Chacun faisait ce qui lui plaisait en priorité, ne le dérangeait pas ensuite, et pour les tâches que personne n'aimait faire du tout, il y avait toujours un enfant qui avait fait une bêtise à punir...
Et ça du coup c'était régulièrement pour ma gueule, allez savoir pourquoi.

Pas que Riley ne faisait pas de conneries. Il était tout le temps fourré avec moi, il lui aurait été difficile d'y échapper.
Mais plus grand et plus costaud, si un devait se faire choper c'était définitivement moi.
Oh rien de grave bien sûr. Enfants de mères célibataires qu'on aimait plus que tout au monde, on faisait en sorte de ne faire que de petites bêtises sans conséquences.
Une enfance normale et heureuse quoi...

La salade de pâtes, c'est quand même le repas de la flemme par excellence, mais on adore ça tous les deux. Pâtes froides, maïs, thon ou surimi en fonction de ce qu'on a en stock, de la mayo et on mélange le tout.
Ultra simple, ultra bon.

Riley, la cuisine c'est pas son truc, on l'embauche que pour préparer les pâtes.
Pâtes à tarte, pizza, brioche... Avec ses mains habituées à faire des massages, c'est un vrai pro.

J'aime bien qu'il me tienne compagnie pendant que je cuisine. Ça me rappelle moi et maman.

Et oui, je suis un fils à sa maman, tout grand costaud que je suis, je vous interdit de sourire.

Les pâtes sont cuites, je les refroidis rapidement sous l'eau.
Une fois que c'est bon, je mélange tous mes ingrédients dans un saladier, et c'est prêt.
Riley attrape deux assiettes, les couverts, je nous sers deux portions, et on file avec nos assiettes rejoindre le canapé.

- Bon adjugé vendu, c'est Fast and Furious ?
- Oui !
- Ok.

J'attrape la télécommande, sélectionne rapidement le 1, et je lance le film.
Bon on le connaît quasiment par cœur.
J'ai pas compté mais a dû le voir une dizaine de fois.

J'ai beau charrier Riley sur son kiff pour Bryan, moi aussi j'adore ce film.
L'histoire d'amitié à la vie, à la mort entre ces deux mecs, bin ça remue quelque chose en moi.
Bon nous on est pas flics et voyou, mais ce mec assis à côté de moi sur le canapé, c'est la personne la plus importante au monde pour moi.

Une fois le un fini on enchaine avec le deux. J'aime bien aussi mais sans Vin Diesel, je suis moins fan.
Mais Riley a toujours son Bryan, alors je regarde quand même pour lui.

Du coup mes yeux papillonnent plus facilement. Je suis pas loin de m'endormir.
Je décide donc de récupérer les assiettes qu'on avait posées sur la table basse,je les emmène à la cuisine, dans l'évier, et j'attrape la glace dans le congélateur et deux cuillères.
Pas besoin de bol, Riley et moi on a toujours mangé notre glace directement dans le pot.
En plus ça fait moins de vaisselle à laver.

Instantanément lorsque je me reinstalle dans le canapé, Riley se rapproche et se colle à moi.
La glace, c'est sacré, le partage doit toujours être équitable donc pour ça, y'a qu'un moyen, c'est côte à côte et, à toi, à moi.
Une cuillère pour lui, une pour moi.
Et celui qui a été chercher le pot finit les dernières traces avec les doigts.

Des années de pratique ont rendu les tâches ultra codifiées entre nous.

C'est pour ça que je sais que ce sera difficile pour moi de me trouver une petite amie. Qui accepterait de supporter que je sois aussi fusionnel avec quelqu'un d'autre.
La plupart des filles ont déjà du mal à supporter quand cette fusion est avec une mère, ce que je peux comprendre, mais quand il s'agit d'un meilleur pote, là c'est encore une autre histoire.

J'ai déjà essayé les petites amies au collège et au lycée. J'ai vraiment essayé, je vous jure !
Mais rapidement, elles pètent les plombs car à chaque fois qu'elles voulaient prévoir un truc, je devais vérifier avec Riley qu'on avait rien de prévu avant.

Même lorsqu'on passait la soirée à trois, elles détestaient qu'on partage tout tous les deux. Nos plats, le pop corn ou les bonbons au cinéma.
Pour elles la logique aurait été qu'elles passent en priorité. Mais ça, c'était impossible pour moi.
Ma priorité ça a toujours été Riley.
Et ça le restera.

C'est pour ça que les coups d'un soir sont devenus ma normalité, quitte à passer pour un crevard.

Et en tant que capitaine de l'équipe de foot, au lycée, faut avouer que c'est pas les propositions qui m'ont manqué.
À croire que réussir à me ferrer était devenu un challenge pour les filles.

Je ne compte plus le nombre de filles que je me suis tapées, et je connais pas le prénom de la moitié d'entre elles.

Par exemple la Mandy qui a appelé tout à l'heure, aucune idée de qui ça peut être.
Si moi je lui ai fait de l'effet au point de penser qu'il pourrait y avoir un avenir entre nous, elle ne m'a laissé aucun souvenir.

Alors vous me direz, pourquoi leur donner mon numéro ?
Parce que je suis un minable qui ne sait pas dire non quand on le lui demande, pour éviter de prendre une mandale en refusant après avoir baisé la fille, je sais pas, choisissez.

Ma technique, c'est de les faire sonner pour leur donner mon numéro, et ainsi pouvoir enregistrer une sonnerie spécifique pour elles : Never again de Kelly Clarkson.
Et quand elles abusent sur les appels je les passe sur silencieux.

Oui je sais, la technique de ghostage, c'est pourri. Mais avouez, est-ce qu'il faut s'attendre à autre chose avec un mec qui vous a baisé contre un mur derrière un gymnase, ou dans sa caisse juste avant de vous déposer chez-vous sans même un dernier baiser ?
Je ne promets jamais rien d'autre aux filles qu'un bon moment. C'est pas ma faute si elles se font des films.
Même quand je leur laisse mon numéro, je leur dit que je réponds très rarement car je suis tout le temps occupé.
Si le message est pas clair...

- Je crois que le pot est vide...
- Quoi ?
- Tu racles ce pot depuis tout à l'heure, mais y'a plus rien depuis un moment.
Tu t'es perdu où là ?
- Oh je repensais à ces putains de coups de fil que j'arrête pas de recevoir.
Je sais pas comment faire.
J'ai pas envie d'envoyer chier les filles quand elles me le demandent, et les bloquer carrément, ça me fait le même effet.
- Hmm je sais pas. C'est vrai que le refus ce serait assez insultant... Et le blocage, particulièrement vexant...
- Voilà. Et je compte pas non plus changer ma façon de baiser. Mon plaisir dépend aussi du leur. Alors je suis coincé.
- Pauvre chou. Harcelé parce qu'il est un trop bon coup.
- Moques-toi. On verra comment tu t'en sors quand tu auras lâché les chevaux.
- Bin on verra bien ce jour là. En attendant je peux rigoler.
- Un conseil en tous cas, attend que ce soit l'autre qui te demande ton numéro.
- Promis ! Pas moyen d'être la fille désespérée en mal d'amour. Tu m'as vacciné.
- Parfait. Allez laisse moi regarder la fin du film.
- Comme si tu l'avais suivi...
- Peut-être pas mais toi oui. Recales-toi et tais-toi.

Ce qu'il fait. La tête calée contre mon épaule, les jambes étendues derrière lui sur le canapé.
Ouais ça fait un peu petit couple, mais bon, c'est comme ça... On va pas changer les vieilles habitudes.

Ensemble ou rien Où les histoires vivent. Découvrez maintenant