Ensemble ou rien

chapitre 12

Riley

L'avantage d'être tout seul, c'est le calme.

Non pas que Mike soit très bruyant, mais quand il est là, je suis en permanence en train de vérifier que tout va bien pour lui.
C'est instinctif, j'y peux rien.

Du coup, avant de me caler avec mon livre, j'en ai profité pour faire un brin de rangement, et pour changer les draps, les siens comme les miens, puisque chaque lit avait eu de la visite dans la nuit.
Ok je suis peut-être un peu maniaque, mais ne jugez pas, chacun ses tares.

Un coup d'aspirateur partout, la descente des poubelles pour se débarrasser des bouteilles vides et cartons de pizza, et je me cale sur le canapé avec mon livre.
Le temps que Mike rentre, et prenne sa douche, j'ai environ une demi-heure tranquille devant moi avant d'avoir à le masser.

C'est un moment qu'on partage que j'aime particulièrement. Après tout il est mon cobaye privilégié.
C'est grâce à lui si aujourd'hui j'arrive en première année avec un niveau de connaissances anatomiques bien plus élevé que la normale.
Ouais je sais, ca fait pas très modeste de penser comme ça, mais j'ai assez traîné dans les pattes de Samuel, le kiné officiel de Mike, pour avoir acquis une réelle expérience.
Cette dernière année, il m'a même intégralement confié tous ses soins. Sous surveillance bien sûr. C'est pour ça que je suis plutôt confiant.

Et visiblement, vue la réaction de Jared ce matin à mon massage, je dois être assez au point. Du moins pour les petits bobos...

Trois chapitres de lus et Mike est là. Timing respecté.

- Alors, cet entraînement ?
- Nickel. La grande forme aujourd'hui.
- Allez va te doucher, que je puisse m'occuper de toi.
- Oui chef !

Pourquoi je suis toujours inquiet comme ça moi ?
Ok, c'est sûrement dû au nombre de foulures et entorses dont il nous a gratifiés au fil des années.
Et comme, bien sûr, il refuse de ralentir le rythme même lorsqu'il et blessé, je suis toujours aux aguets.
S'il peut faire illusion quelques heures sur un stade, il en est incapable 24h/24, donc en cas de souci, je peux vite le voir.

Cinq minutes, et je l'entends couper l'eau.
Ok il est prêt. Le temps de se sécher rapidement et il est à moi, je rejoins donc sa chambre, juste à temps pour le voir arriver totalement nu comme à son habitude.

- Alors tu veux quoi aujourd'hui ?
- Détente musculaire. J'ai rien senti tirer aujourd'hui.
- Pas de faux mouvement sur les chevilles ?
- Non j'ai fait super gaffe. Promis.
- Nickel.

Du coup j'attaque mon massage plus sereinement. Bien sûr je teste chaque muscle pour sentir les raideurs éventuelles, mais tout semble bien aller.

- Au fait on est invités à une soirée de pré-rentrée chez les Kappa demain soir. Un mec de l'équipe s'est pointé au stade et nous en a parlé.
- Ok. Sympa le mec ?
- Hmm... Rob et Jared l'ont dit de le méfier de lui, et que tu devrais faire attention aussi. Visiblement le gars est pas fiable.
C'est un attaquant, et visiblement on est en compétition pour le même poste.
- Ok. C'est quoi son nom ?
- Simon, un deuxième année.
- C'est noté.
- Il est venu avec une cheerleader . Sandy.
- Mignonne ?
- Oui plutôt, mais les gars m'ont dit que le joli minois cachait une connasse de première. Je suis pas sûr d'avoir très envie de m'y frotter.
- Bin merde c'est bien la première fois que la personnalité d'une fille arrive à te rebuter.
- C'est parce que d'habitude je leur laisse pas le temps de me le montrer. Mais je te signale que je me suis jamais tapé une nana notoirement connue pour être méchante.
- C'est vrai, je le reconnais. Finalement tu as peut-être une bite plus sélective que ce qu'on pourrait croire...
- Tout à fait !
Oh et Jared a croisé le responsable du staff médical. Il lui a demandé de t'associer à l'équipe de foot si possible.
- C'est vrai ? Ce serait génial... Ça serait super pratique pour notre organisation.
- Ouais, et en plus comme ça on serait certains que tu pourrais assister à tous mes matchs.
- Hey commence pas avec ça. Je ne suis pas un foutu gri-gri. Je ne veux pas que tu fasses de moi une putain de superstition. Il vaut mieux que tu essayes de faire comme si je ne pouvais pas être là. On ne sait jamais.
- Ouais bin je ferai ça si j'ai vraiment pas le choix.
En attendant il va falloir que j'achète des capotes. Si maintenant il faut que j'en utilise même pour les pipes...
- Toi tu as pas ouvert le placard de la salle de bain...
- Non pourquoi ?
- Rien, tu verras bien...
Bon maintenant tu bouges plus et tu te tais, je vais m'occuper de tes cervicales.
- Hmm Hmm.

Ça c'est le vrai moment détente pour Mike.
Et pour moi c'est une partie importante. Après tout, les cervicales, chez les footballeurs c'est une zone qui souffre.
Entre le poids du casque, et l'onde de choc qui les traverse chaque fois qu'ils se font tamponner par un adversaire, je prends toujours soin de vérifier que tout est ok de ce côté là.

Sous mes doigts, je fais attention à bien palper chaque zone de son cou et de ses épaules. Pas de contracture ou de signe de déplacement.
Parfait.

- Allez beau gosse, tout va bien. Tu vas pouvoir te lever.
- Hmm dans quelques minutes...

Je pars me laver les mains de l'huile qui les couvre, et file ensuite me poser au salon.

- Oh bordel de merde !! Elles sont complètement frappadingues !

Ah ça y est, il a ouvert le placard...

Lorsque j'ai rangé les affaires du carton, j'y ai trouvé deux paquets de cinquante capotes, ornés de petits mots.
" Amusez-vous bien !" écrit de la main de sa mère, et "Bonne bourre !" de la part de la mienne.
En les mettant dans le placard, j'ai fait en sorte que les messages soient bien visibles.

- Non mais sérieux, elles vont vraiment pas bien...
- Oh ça part d'une bonne intention...
Et au moins on aura pas à en acheter avant un moment.
- Ça c'est sûr.
Bon je vais faire à manger, tu veux quoi ?
- Un steak et des patates sautées ?
- Ça marche.
Tu as réfléchi un peu sur ce que tu voulais faire avec l'asso ?
- Pas vraiment. Je vais juste faire une nouvelle visite pour voir s'il y a d'autres personnes avec qui j'accrocherai mieux.
Et si c'est pas le cas, je laisserai tomber c'est pas grave.
- Et du coup tu t'es inscrit sur un site de rencontre gay ?
- Pas encore. En fait je préfère me laisser encore un peu de temps pour rencontrer des gens directement. Après tout on est pas à quelques jours ou semaines près...
- Hmm, mais promets moi, que tu vas vraiment essayer de trouver quelqu'un.
Je te connais, une fois le rythme de la rentrée pris, tu risques de laisser tomber pour te concentrer sur les études.
- C'est promis. Mais tu me le diras si jamais il y a quelqu'un que tu sens pas j'espère. Tu es meilleur que moi pour juger du comportement des gens.
- Promis, j'assure tes arrières.
- Merci. Déjà on va voir comment se déroule la soirée demain...
- Ouais. Je suis pas inquiet. Rob et Jared m'ont dit que les fêtes étaient généralement sympas.
- Qui fait Sam ?
- Je te laisse la première fiesta. Comme ça je pourrais veiller sur toi. On alternera sur les prochaines.
- Ok ça me va. Mais me laisse pas abuser. J'ai pas envie de me payer la gueule de bois. Deux zombies à la maison le lendemain, c'est pas jouable.
- Hey je te rappelle que ce matin j'étais parfaitement bien.
- Ouais, mais tant que j'ai pas compris d'où vient ce miracle, je veux pas tenter le diable.
- Ça marche. Allez c'est bientôt prêt, attrape les couverts.
- Oui chef !

C'est quand même bien d'avoir quelqu'un pour vous faire la bouffe à domicile.
Pas que j'en serai pas capable si j'en avais vraiment besoin, mais tant que j'ai Mike sous la main, je vois pas de raison de m'y mettre.
À part pour les petits déjeuners. Là c'est une question de survie. Ne jamais laisser un zombie approcher d'une poêle ou d'un toaster. Seule la machine à café est autorisée.

Le déjeuner englouti, je m'attaque à la vaisselle pendant que Mike se cale dans le canapé.

- C'est quoi que tu lis ?
- Un thriller. Bien mais un peu raide à encaisser, du coup j'avance pas vite.
- Raide dans quel sens ?
- Très dark tout en étant très réaliste.
- L'Évangile selon Satan... Vu le titre je suis pas sûr que je l'aurai commencé. Comment tu es tombé sur ça ?
- C'est maman qui me l'a passé. Si elle l'avait pas autant aimé, je l'aurais jamais ouvert. Tu sais moi et la religion...
- Bin ouais justement. Mais si ta mère l'a lu, je comprends mieux. Tu me le passeras après s'il te plaît.
- Ok.

Vaisselle finie, je le rejoins sur le canapé.
On s'est mis en tête de revoir tous les Fast and Furious avant la rentrée.
Alors en avant pour une nouvelle séance en mode cocooning.
Deux petits vieux sous leurs plaids. Si les nanas voyaient ça, le mythe de sex-symbol de Mike s'effondrerait.

Moi par contre j'adore, parce que ces moments n'appartiennent qu'à nous.
Autant que j'en profite tant que je peux, car ça ne pourra pas durer éternellement, malheureusement...