Je mets mes écouteurs pour me laisser emporter par la mélodie de Liquid Smooth de Mitski . Après être sortie du bar, j'ai même pas réfléchi où j'allais, je marche juste sans me prendre la tête. L'image de Lane apparait dans ma tête, mon estomac se tord instantanément comme un vieux réflexe.Des fois, j'aimerais fuir mes pensées intrusives mais c'est impossible. Elles font partie de moi, je ne peux rien y faire à part les subir.
Je fais basculer ma tête en arrière et ferme les yeux. Je ne fais qu'errer sur cette terre, je n'ai plus d'endroit où me réfugier. Aujourd'hui, comme hier et comme demain ne cessent d'être une boucle infatigable et insupportable.
Un cercle vicieux. Tout recommence.
Une larme chaude glisse sur ma joue, je la laisse couler la laissant explorer mon épiderme. Les larmes sont la preuve que notre âme pleure. Parfois la douleur est si grande à supporter que le corps l'extériorise par ces perles d'eau.
J'aimerais m'enfuir de cette réalité quel que soit la durée de cette fugue, cela me procurait le bonheur absolu jusqu'à ce que je revienne à la réalité.
Une vie sacrément déprimante.
Une vie sacrément réelle.
J'observe le ciel me demandant si les étoiles que j'admire sont-elles déjà mortes ou vivent-elles encore. Ces astres qui brillent encore des années alors qu'elles sont éteintes, elles laissent une trace sur notre ciel pour ne pas qu'on les oublie trop vite.
Je pense que si je venais à mourir, je ne viendrais pas à briller et le monde ne se souviendrait plus de moi même si je laissais une trace de mon être.
Mon pieds balance une petite pierre sur mon chemin et je joue avec celle-ci pendant quelques mètres. Mes bras croisés contre ma poitrine, le vent se lève petit à petit me soulevant quelques frissons dans le dos. La rue est déserte, personne ne se promène à cette heure-ci surtout qu'il fait nuit.
Il n'y a que les quelques lampadaires qui éclairent un peu ma route.
Cela ne me dérange pas, le silence et le calme sont mes meilleurs amis, je me sens apaisée.
Je traine un peu des pieds sentant la fatigue peu à peu monter. La musique se coupe dans mes oreilles, j'essaie d'allumer mon téléphone mais l'écran reste noir. La batterie est tombée à zéro.
- Fais chier, pesté-je entre mes dents.
Avant de rentrer, je fais un détour pour passer dans la supérette du coin, la seule qui reste ouverte pendant la nuit. Ma gorge me fait mal, j'ai vraiment besoin de m'hydrater sinon je vais mourir de sécheresse.
La vitrine est éclairée et c'est sûrement la seule dans toute la rue, on ne peut pas la rater. Je pousse la porte, la clochette au dessus de celle-ci tinte dans la supérette annonçant mon entrée. Je lâche un bonsoir sans m'attendre à de réponse en retour.
Le bruit de la radio et le grésillement d'une lampe brisent le silence, je passe entre les rayons des sucreries pour me diriger vers les réfrigérateurs à boissons. J'ai l'embarras du choix, soda, eau, cafés et tout un tas d'autres. Indécise de mon choix, je reste plantée devant réfléchissant à quoi prendre.
Enfin décidée, je m'apprête à prendre un thé glacé à la pêche mais un tintement me prévient que quelqu'un vient d'entrer puis un deuxième. Deux personnes viennent d'entrer dans la supérette, je hausse les sourcils surprise qu'il y a du monde.
- Sors tout l'argent de la caisse maintenant, entendis-je une voix d'homme quelques mètres plus loin.
Je reste figée dans ma position, la main tenant la porte du réfrigérateur, je n'ose plus faire un seul mouvement. Même battre des cils me semble un bruit d'une trop grande décibel.
VOUS LISEZ
The Rising moon
RomancePlongée dans ses propres ténèbres, Lana Bellwood a dû mal à remonter à la surface. Tout juste sortie d'une relation malsaine, elle n'arrive plus à retrouver la lumière au bout du tunnel. Elle est confrontée par ses démons qui la tourmentent nuit et...