12. Lana ☆

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Est-ce que vous vous êtes déjà senti si vide émotionnellement que vous vous demandiez si vous étiez toujours en vie ou non ?

C'est ce qui m'arrive.

J'ai l'impression d'avoir été vidé de l'intérieur, qu'il ne reste plus rien en moi. Pourtant je suis bien là, couchée en étoile dans mon lit, les yeux fixés au plafond. Respirer est l'un des signes qui prouve qu'on est toujours en vie pourtant même si je respire, j'ai l'impression d'être déjà morte.

Je suis fatiguée.

De tout.

Je me sens de plus en plus sombrer dans les fins fond des abîmes mais je ne fais plus rien pour arrêter ça. Je me laisse tout doucement couler. Jusqu'à toucher la limite.

Qui sait ce qui se passera à ce moment-là.

La musique à fonds dans mes oreilles pour taire les pensées qui m'empoissonnent tous les jours, Poison tree de Grouper résonne dans tout mon être. Cette musique a toujours été spécial dans mon cœur. C'est le genre de mélodie que même si vous l'écoutez une centaine de fois, vous ne serez jamais lassé d'elle et vous aurez toujours autant de frissons que la première écoute.

Finalement, c'est moi l'arbre empoisonné. Je l'ai trop longtemps fait poussé en moi et à présent, il me consume toute entière.

Alors que je ferme les yeux pour profiter de ce certain calme, j'entends la porte de ma chambre s'ouvrir brusquement à m'en faire sursauter. Surprise, j'ouvre les yeux en grand et aperçois ma mère debout au pied de mon lit, les mains chargés d'une pile de vêtements propres.

Je dégage d'une main les écouteurs, pendant à mes oreilles.

- Qu'est-ce que tu fais là ?, je demande, perturbée par sa présence dans ma chambre.

Elle me lance un regard sévère et croise ses bras sur sa poitrine.

- Je toquais à ta porte depuis cinq bonnes minutes !, s'énerve t-elle. Je ne sais pas jusque quand tu vas continuer cette mascarade mais t'as intérêt à cesser de jouer la comédie le plus vite possible, ma grande.

Le visage neutre, j'encaisse ses paroles en silence. Cela ne sert à rien de lui répondre, ça ne ferait qu'empirer la situation.

Elle tire d'un coup sec mes rideaux, une faible lumière traverse la vitre de ma fenêtre. Heureusement pour mes yeux, le bon temps n'est pas à son rendez-vous. Comme à son habitude à Winston.

- Il est dix sept heures et tu restes plantée dans ton lit à rien faire, dit-elle en observant ma chambre avec dégoût. Tu ferais mieux de ranger, c'est vraiment un dépotoir ici.

- J'étais un peu fatiguée, la semaine de cours a été longue...

Elle se tourne vers moi, roulant des yeux.

Quand j'observe ma mère à cet instant, je me demande quand est-ce que notre relation s'est autant dégradée. Je ne me souviens même plus des bons moments passés avec elle tant que ça remonte à des années.

Même si au point de vue extérieur, on a l'impression que je m'en fou, c'est tout le contraire. Mon cœur de petit enfant se brise chaque jour qui passe. Je l'entends même pleurer, mon ancien moi.

Tout est de ma faute et j'en viens à être désolée pour ma propre personne.

- Et tu crois que moi je ne suis pas fatiguée ?

Je ne réponds rien, je me lève du lit tout doucement. Je range mes écouteurs dans la poche de mon sweat à capuche vert foncé.

- Où es papa ?, lui posé-je, pour changer de sujet avant que ça ne tourne mal.

The Rising moonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant