Chapitre vingt-huit, le fruit de la maladie.

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                                                               Point de vu de Jack

J'y arrive plus.

J'ai fait tout ça pour rien. J'ai ruiné ma vie pour rien bordel !

J'ai jeté la lettre que je m'étais faite dans le passé mais je n'arrive pas à me défaire de son contenu qui défile devant mes yeux.

« Je me fais cette lettre car je suis conscient que je suis entrain de perdre la mémoire. J'ai dix-sept ans à l'heure où je m'écris, je ne sais pas quand je lirais cette lettre, peut-être que je n'aurais plus de souvenir de celle-ci et que je ne la retrouverai jamais.

C'est dur. Je suppose que quand je la lirai rien n'aura changé et ce sera toujours aussi dur. Si je ne m'en souviens plus maman est morte. Elle m'a laissé seul dans ce monde. Je sais plus à quoi me raccrocher. Peut-être que je devrais arrêter de chercher car il n'y a rien. Aujourd'hui, ça fait deux ans et demi qu'elle est partie. C'est bizarre j'ai pourtant l'impression que ça en fait dix. Je me sens seul. Pas à ma place. Rose est morte elle aussi. Sous mes yeux. Je la vois parfois, ça me fait un peu peur, je sais que ce n'est pas réel. La maladie continue de progresser, elle me ronge. Je n'ai pas bougé alors qu'elle me suppliait du regard de l'aider. Je suis horrible.

Mon père, ce connard, est mort. Je l'ai tué. Je ne m'en rappelle pas bien, c'est flou. Depuis, je ne vis plus à la maison, je traîne un peu partout. Il y a aussi cette fille, Uma, j'espère ne pas l'oublier. Mais peut-être que c'est mieux si je m'éloigne d'elle, je ne vais que lui faire du mal. Plus qu'elle n'en vit déjà.

Je crois que c'est tout. Ne te fais pas des idées, maman et Rose sont mortes, elles ne sont pas réelles. Juste le fruit de la maladie.

Ha oui, il y a une autre lettre pour Uma cette fois, elle est dans la poche intérieure de mon pull à capuche noir. Donnes lui, si tu sens que tu pourrais t'en aller. »

- Jack, ça va ? S'inquiète Uma assise à côté de moi.

- Oui tout va bien, mentis-je.

Comment j'ai pu en arriver là. J'ai oublié la mort de ma mère. J'aurais aimé mourir plus tôt. J'aurais dû mourir pour ne pas à avoir supporter ça.

- Tu vois, je ne t'avais pas menti, me dit Rose assise de l'autre côté.

Elle n'est pas là. Pourtant, je la vois comme je vois le monde autour de moi. Je sens son odeur comme je sens celle de l'alcool dans mon verre. Je la touche comme je touche le canapé sur lequel je suis assis. Alors c'est pour ça que personne ne lui prête attention car elle est seulement dans mon esprit.

- Tu ne devrais pas t'approcher autant d'elle, continue t'elle, tu te le permets alors que son corps est couvert de plaies, de bleus, et de bandages par ta faute.

- Je sais, murmurais-je le regard au fond de mon verre.

- Tu ne veux pas aller danser, me propose soudain Uma.

- Si tu veux, lui répondais-je avec le même ton de mon murmure adressé à une hallucination.

Je n'ai qu'une envie, me barrer de ce bal. Mais je peux bien lui accorder ça au moins.

Je l'aidai à se relever car elle n'arrive presque pas à marcher seule. Sa plaie s'est rouverte pendant la nuit. Je fus réveillé par un crie de douleur qui lui avait été arracher. Le sang imbibait les draps.

Je suis resté figé. J'ai perdu l'usage de mes membres pendant un instant. Cette sensation me fut familière.

Appuyée sur moi elle me lance alors:

- Tu es sûr que ça va ?

- Oui, ne t'inquiètes pas pour moi.

Elle me répondit par un faible sourire. Encore une fois je lui faisais du mal.

Mes mains autour de ses hanches, les siennes autour de mon coup nous dansions parmi d'autres. J'admirai la beauté de son visage fin. Ses cheveux lisses tombaient dans son dos effleurant mes doigts. Ses yeux verrons dans lesquels reflète son âme douce et pure.

- Je comprends pourquoi je suis tombé amoureux de vous, chuchotais-je.

Un large sourire se dessina sur son visage et ses pommettes devinrent légèrement rosées.

Le temps s'était arrêté. Mais il reprit son cour quand je remarquais que tout le monde nous regardait. La regardait. J'eus une envie forte de les envoyer se faire foutre mais j'aurais fait pareil. Déjà qu'elle ne passe pas inaperçue, avec cette robe rouge qui lui va plus que bien, encore moins.

D'un coup elle faillit s'effondrer sur le sol mais j'eus le temps de la rattraper. Sa main sur son ventre je compris que c'était à cause de sa plaie, à cause de moi.

- T'es vraiment qu'un bon à rien. Et dire que toi t'es mon fils. Quel honte !

Je tournai la tête lentement, mon père se dressait debout vers moi.

- Tu vas la tuer elle aussi ? Après moi, Rose et ta mère ca ne suffit pas peut-être ?

- Je ne les ai, pas, tué, rectifiais-je sous le choc.

Ses yeux plongèrent dans les miens et j'eus l'impression de revivre un de ces moments où il frappait plus fort que d'habitude. Mon corps tout entier transpirait. J'étais horrifié à l'idée qu'il m'approche d'un millimètre. Je me levai laissant Uma sur le sol et courus en direction de la sortie pour prendre l'air.

Je fis attention et m'assis quelques marches plus bas et non juste devant la porte même si je sais qu'il n'est pas là. Qu'il ne peut pas m'atteindre.

J'ai laissé ma veste sur elle avant de partir laissant aussi mon paquet de cigarettes dans celle-ci. Je regarde alors la flamme de mon briquet quelques secondes sans pouvoir l'utiliser pour en allumer une.

Ma vie n'est qu'un mensonge.

Je déteste ma vie ! Je déteste cette foutue maladie ! Pourquoi je ne suis pas né avec un organisme normal ! Ma vie ne me ferait déjà pas assez souffrir sans ces putains de troubles !

Je glisse ma main dans la poche arrière de mon jean pour en sortir le glock. Ces armes, je n'aurais jamais dû y toucher. J'ai tué, tellement de gens...

Je suis comme lui au final, le dicton le dit depuis le début, tel père, tel fils, je n'ai juste pas voulu y croire et fermé les yeux encore une fois.

En entendant ce bruit qui leur est familier la porte s'ouvrit sans doute pour voir d'où il vient.

Tout va mieux se passer maintenant.

Puisque tout est fini.

SilenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant