CHAPITRE 17: Elliott

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L'ambiance est pesante

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L'ambiance est pesante. Entre l'appartement et l'aéroport, elle n'a pas décroché un mot. Je lui dis qu'on part quelque part, et elle ne pose aucune question. C'est étrange; sa confiance en moi ne s'est peut-être pas totalement essoufflée. Elle a bien suivi mes consignes, portant juste un ensemble de jogging noir avec une grosse doudoune et l'écharpe que je lui ai achetée à Chicago. La voir arriver avec tous ses sacs de luxe ne m'a pas étonné après une journée avec Lexie. Mais dans le Wisconsin, c'est inutile. J'espère juste qu'elle a pu passer une journée sans trop penser à Nate, malgré le divertissement constant de Lexie, je pense que c'est impossible.

Après mon après-midi avec Richard, mes mains sont bandées et ma tête est plus légère. Il sait trouver les mots justes pour me calmer. En ce qui concerne Nate, Richard a rapidement compris la situation et le pourquoi du comment j'ai agi si violemment. Connaissant Richard, il ne laissera pas passer un tel acte. Il m'a dit qu'il allait gérer la situation à sa manière. Autant dire qu'il ne va pas faire les choses à moitié. Je le connais lorsqu'il est en colère, mais là, lorsqu'il a compris ce qu'a vécu sa propre fille, j'ai vu la rage dans ses yeux. À juste titre d'ailleurs.

En face de moi dans le jet, ses yeux sont moins vides qu'hier et ses joues rosées ont retrouvé un peu de leur chaleur. Nous sommes partis pour un trajet d'environ deux heures en direction de Milwaukee, et je ne compte pas supporter ce silence une seconde de plus. Je prends une profonde inspiration avant de rompre le silence qui pèse sur nous comme un fardeau. « Je sais que tu m'en veux, et crois-moi, moi aussi je regrette de t'avoir menti chaque seconde qui passe. »

Elle tourne légèrement la tête, ses yeux rencontrant les miens comme à leur habitude. J'essaie de décrypter ses pensées, de trouver une lueur d'espoir dans son regard perçant. « Après ce voyage, tu sauras tout. Il n'y aura plus une zone d'ombre entre toi et moi. Il te reste encore pas mal de choses à savoir. Je suis prêt à tout te dire, à partager chaque détail de ma vie, même les parties les plus sombres. Et j'espère qu'après ça, tu seras prête à me redonner ta confiance, Alena. » Elle hoche la tête doucement, et son air renfrogné s'efface petit à petit. J'essaie même un petit sourire en coin, mais ses sourcils se froncent à nouveau. Bon, je suis mal. Très mal.

Après au moins une heure à prendre des photos du ciel, parler à toutes les hôtesses et pianoter sur son téléphone - en bref, une heure à m'ignorer - elle daigne enfin m'adresser la parole d'elle-même. « Milwaukee alors, hein? » me demande-t-elle vaguement, la bouche pleine de petits fours, tout en pianotant sur l'écran affichant notre itinéraire. « Pire que Milwaukee, on va à Green Bay. » j'atteste tout en zoomant sur notre destination. Sur l'espèce de grande tablette, elle tape le nom de ma ville d'origine et lit attentivement chaque information. Ça dure globalement 2 minutes trente, tant cette ville est insipide. J'aurais pu, pour me faire pardonner, l'emmener n'importe où dans le monde, mais j'ai besoin de lui montrer mes racines, aussi minables soient-elles.

Ça me fait bizarre de me dire que je rentre à la maison. Depuis que je suis à New York, je paie des billets d'avions à ma mère pour qu'elle vienne et évite le plus possible de venir ici. La dernière fois remonte au décès de mon père. Autant dire que mes souvenirs ne sont pas des plus joyeux. J'aimerais venir plus souvent, mais c'est impossible. C'est plus fort que moi.

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