Carpe Diem

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Ses yeux caressaient sa nuque, son épaule dénudée. Il admirait ses courbes cachées par la couverture, ses formes qu'il avait pu magnifier la veille. Ses cheveux en batailles étaient un silencieux rappel de la folie de cette nuit. Elle ouvrit les yeux et regarda cet homme torse nu. Elle étendit ses bras au-dessus de sa tête tout en ouvrant grand la bouche pour laisser échapper un bayement.

-Tu as bien dormi ? Souffla-t-elle d'une voix douce.

-Très bien et toi ?

-Pareil.

Il se leva et posa près d'elle le plateau qu'il avait sur les genoux.

-Je ne savais pas trop ce que tu mangeais le matin alors j'ai tapé dans le cliché.

Elle regarda le verre de jus de fruit, les deux tasses de café ainsi que les pâtisseries qui y étaient posés.

-C'est gentil.

Elle s'assit sans remarquer le regard brillant de l'homme qui ne pouvait s'empêcher de la dévorer des yeux.

-J'ai pris un croissant et une chocolatine, qu'est-ce que tu préfères ?

-Qu'on appelle les choses par leur nom.

Il resta un instant muet, un peu perdu.

-Comment ça ?

-Pain au chocolat, pas chocolatine.

-Je préfère éviter de partir dans ce débat, ria-t-il.

-Ça me va, mange ton pain au chocolat et tais-toi, dit-elle tout en lui tendant la viennoiserie.

Il mordit dedans avant de continuer.

-Tu fais quoi dans la vie ?

-Etudes et toi ?

-Policier. Etudes de quoi ?

-Oh ! Pourquoi tu ne me l'as pas dit avant, on aurait pu utiliser tes menottes.

Il rit puis regarda silencieusement cette magnifique femme. Cette bouche, ces yeux, ces mains... Il avait l'impression de revivre tout ce qu'ils avaient fait avant de dormir. Elle but son café sans chercher à lui parler puis se leva. Il fit de même et la prit par la taille avant de l'embrasser. Lentement, il baissa la tête pour embrasser sa nuque et ses mains firent le même mouvement pour se poser sur ses fesses. Elle rit avant de le repousser gentiment.

-Je dois m'en aller.

-Tu ne peux pas rester encore un peu ? Demanda-t-il en essayant de la ramener contre lui.

-Non vraiment, faut que j'y aille, répliqua-t-elle plus sèchement.

Il la laissa se rhabiller et la suivit jusque devant la porte de son appartement.

-Bon bah... salut, dit-elle en posant la main sur la poignée.

-Tu ne me laisse pas ton numéro ?

-Non, ça sert à rien.

-Et si je veux qu'on se revoit ?

-Et si je ne veux pas qu'on se revoit ?

-Comment ça ?

Elle soupira tout en ouvrant la porte.

-Ecoute mon poulet, t'as qu'à chercher « salope » dans le dictionnaire, j'ai pas envie de rester deux heures pour t'expliquer pourquoi on se reverra jamais.

Elle sortit et claqua la porte derrière elle. Il avait été tellement surpris par cette réponse qu'il n'avait pas su comment réagir. Il retourna dans sa chambre et vit le plateau encore posé sur le lit. Il se passa une main dans les cheveux avant de soupirer. Elle avait pourtant l'air d'être quelqu'un de bien.

Elle était retournée près du bar où ils s'étaient rencontrés et où elle était garée. Elle roula pendant une bonne heure avant de s'arrêter au bord d'une petite route. Elle était assise contre sa voiture et regardait les champs qui l'entouraient. Au loin, elle voyait une ligne d'éoliennes qui tournaient grâce au vent qui lui caressait le visage. Elle ferma les yeux et écouta le silence. Après une grande inspiration, elle se releva et se rassit en face de son volant. Elle comptait rouler encore quelques heures et se poser dès qu'elle trouverait une ville sympathique. Et elle allait recommencer. Profiter.

Dans ma têteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant