Fais dodo !

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Elle se tournait et se retournait dans son lit sans réussir à se rendormir. Elle enleva finalement ses écouteurs et éteignit la musique que ses parents lui auraient encore reproché de mettre trop forte. Malgré l'heure tardive, elle se leva et marcha vers la cuisine car, en plus de ne pas trouver le sommeil, la jeune fille avait l'irrésistible envie de manger quelque chose. Elle ouvrit tous les placards, chacun rempli de nourriture, sans pourtant en refermer un avec quelque chose dans les mains. Elle s'affala sur le canapé en soupirant comme si chercher quelque chose à manger avait été un effort abominable.
Elle ne voyait personne, tous ses amis étant partis en vacance. Ses parents travaillaient, elle était donc condamnée à rester enfermée chez elle. Elle était fille unique. Elle n'aimait pas traîner sur internet, elle trouvait ça inutile. Elle venait de finir le dernier manga qu'elle avait acheté et n'avait plus rien à lire.
Elle s'assit à l'envers sur le canapé, tête en bas et pieds vers le plafond, et chuchota :
-Je m'ennuie tellement...
Alors qu'elle admirait ses orteils qu'elle bougeait dans tous les sens, elle entendit quelque chose cogner contre la baie vitrée. Son chat passait son temps dehors en été, cela devait être lui qui avait décidé de rentrer. Elle écarta les rideaux et regarda dehors. Sauf qu'au lieu du noir infini qu'elle s'attendait à voir avec, peut-être, son chat assit par terre à l'attendre, elle se retrouva face à un homme plus grand qu'elle, portant un pantalon noir et un sweat blanc taché de rouge et avec dans la main une énorme massue. Son visage était entièrement peint en blanc et la seule couleur se trouvait sur sa bouche où du rouge dessinait un gigantesque sourire clownesque. La fille resta tétanisée devant cette apparition absurde. Alors qu'elle le fixait, la bouche entrouverte, il se recula et élança ses bras vers l'arrière pour prendre de l'élan avant d'abattre son énorme marteau sur la vitre qui se brisa. Le bruit fit revenir la nouvelle proie sur terre et elle se mît a courir. Elle entra dans la première pièce qu'elle vit et ferma à clé. Elle se recula en essayant de faire le moins de bruit possible en fixant la porte. Elle sursauta en sentant quelque chose cogner contre ses jambes et s'arrêta. Elle se mît à tâter autant d'elle et comprit où elle était : dans les toilettes. Elle s'assit sur la cuvette et essaya de se calmer tout en observant le rai de lumière sous la porte. Soudain, elle entendit un voix grave :
-Il est l'heure d'aller dormir, dit-il lentement.
Elle sentit ses jambes qui se mettaient à trembler et elle entoura son ventre de ses bras comme si cela pouvait la protéger. Elle vit alors deux ombres rondes écraser la lumière qui filtrait sous la porte. Elle sentait son cœur battre à toute vitesse et avait la peur illogique qu'il l'entende. Alors que ces ombres de remettaient à bouger et à s'éloigner, elle eut l'espoir qu'il ne la trouve pas.
Soudain, la porte éclata, faisant apparaître cet homme au visage terrifiant. Il s'approcha doucement d'elle en faisant traîner sa masse derrière lui, puis il pencha la tête et dit :
-Ce n'est pas bien de ne pas dormir.
Son corps tremblait maintenant entièrement mais elle était incapable de détacher des yeux de cette immonde bouche rougeoyante. Quand il arriva près d'elle, il s'arrêta et sourit de toutes ses dents. Il leva ensuite lentement son arme au-dessus de sa tête avant de crier :
-Fais dodo !

~*~

Ce drame fut décrit comme un des meurtres les plus sanglants de l'histoire. Un couple et leur fille avaient été complètement réduis en bouillie en pleine nuit. Les deux adultes dormaient alors que l'adolescente avait, à priori, tenté de fuir son agresseur. Cette histoire fit apparaître peur et paranoïa dans le quartier, du moins jusqu'à ce que les gens passent à autre chose et ne raconte tout ça que comme une effroyable et superbe anecdote. Malgré l'acharnement des enquêteurs, la police ne retrouva jamais celui qui avait commis cette atrocité.
Et dire qu'elle se plaignait de s'ennuyer...

Dans ma têteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant